Forêts

De Biodivers
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Les forêts, ici une forêt de Mélèzes et d’Aroles, couvrent presque un tiers de la surface du pays. Elles présentent une très grande diversité d’espèces et d’habitats. Les forêts revêtent une importance particulière pour les chauves-souris, les longicornes, les champignons et les lichens.
Texte Markus Bichsel
Review Kurt Bollmann, Ueli Bühler, Josephine Cueni, Lesly Helbling, Rolf Stricker
Publication Décembre 2022

Sommaire

Synthèse

Accès rapide – où trouve-t-on les thèmes importants ?

Ecologie :
Les habitats de la forêt
Dans le chapitre « Espèces et taxons forestiers » :

  • Informations sur les plantes et les animaux de la forêt
  • Les essences d’arbres et leurs fréquences
  • Types de forêts et essences d’arbres
  • Volumes et nombres de tiges

Ligneux rares et essences de haute valeur écologique, Forêt primaire, forestière, Vieux bois, Bois mort, Arbres-biotopes/arbres-habitats
Stratégies de protection de la nature :

  • Sylviculture proche de la nature
  • Intégration & ségrégation
  • Réserves forestières naturelles et spéciales

changement climatique

Conservation et promotion :
Mesures de conservation et déficits dans les différents types d’habitats, Mesures générales de revalorisation, Réserves forestières, Forêt claire, Pâturages boisés, Taillis, Taillis sous futaie, Selves, Ilots de sénescence, Arbres-habitats, Bois mort, Petites structures, p. ex. plan d’eau, rochers, bordures de routes forestières, Nichoirs, Forêts alluviales, Forêts humides

Informations de base :
Bases légales, La forêt en chiffres : IFN, statistique forestière, Historique de la forêt, Étages altitudinaux, Milieux et espèces prioritaires forestiers, Termes de sylviculture, structures forestières et structures des peuplements, proche de la nature, Gestion durable des forêts de protection, Labels, Instruments de planification forestière : plan directeur forestier, plan de gestion, Informations cantonales : services cantonaux des forêts, cartographies forestières, Coûts et contributions, conventions-programmes, Menaces, Ce qu’on ignore encore

Les forêts en bref – quelques connaissances choisies
Généralités

La forêt suisse couvre une surface de 1,32 millions d’hectares, ce qui correspond environ au tiers du territoire national.

Ecologie de la forêt
  • La forêt suisse est par nature très diversifiée. Il existe 121 associations forestières différentes (unités phytosociologiques) et 34 types d'habitats forestiers.
  • Plantes et animaux :
    • La forêt revêt une grande importance pour de nombreuses espèces. Certains groupes d’espèces dépendent fortement de la forêt. Chez les chauves-souris, toutes les espèces ont besoin de forêts et la majorité des longicornes, des champignons et des lichens vit en forêt.
    • Environ 25'000 espèces de champignons, plantes et animaux de Suisse ont un lien important avec la forêt (env. 40 % des espèces connues à ce jour).
    • Les associations naturelles de forêts de feuillus mixtes sont particulièrement riches en champignons. Les lichens sont largement répandus dans les habitats forestiers et colonisent tous les substrats. Environ 40 % de toutes les espèces de mousses de Suisse croissent en forêt.
    • Les forêts claires sont particulièrement riches en plantes, surtout si elles forment une mosaïque avec des habitats secs, des prairies ou des marais, ou si elles sont pâturées extensivement.
    • Les forêts suisses hébergent une quarantaine d’essences feuillues indigènes et sept espèces de conifères indigènes. Les essences principales sont l’Epicéa, le Sapin blanc, les pins, le Mélèze, l’Arolle, le Hêtre, l’Erable des montagnes, le Frêne commun, les Chênes sessile et pédonculé et le Châtaignier cultivé.
    • Les animaux ont des besoins très divers. De façon générale, les structures sont importantes. Les forêts anciennes, riches en structures ont généralement une diversité particulièrement grande en espèces animales rares. D’autres dépendent de structures forestières plus ouvertes. Les mosaïques de forêts et de milieux ouverts sont très précieuses.
    • Les xylobiontes (« vivant dans le bois ») passent au moins une partie de leur cycle de vie dans le bois. Ils ont besoin d’une riche offre en bois sénescent et mort.
    • Les « papillons forestiers » vivent dans les parties clairsemées et souvent ensoleillées des forêts. Outre la structuration de la forêt, la présence des plantes hôtes pour leurs chenilles (surtout essences pionnières et certains arbustes) est évidemment essentielle.
    • Les forêts constituent un habitat (terrestre) important pour de nombreux amphibiens. Les reptiles se rencontrent surtout dans les parties ensoleillées et riches en structures des forêts.
    • Environ un tiers des oiseaux nicheurs de Suisse se reproduit majoritairement en forêt. Pour les pics, la Gélinotte des bois, le Grand Tétras et l’Engoulevent d’Europe, la forêt revêt une importance particulière.
    • Pour les chauves-souris, la forêt est très importante comme terrain de chasse et lieu de reproduction.
    • Les grands herbivores et les grands carnivores ont une influence notable sur la forêt, sa composition en espèces et sa structure. Depuis peu, le Lynx boréal, l’Ours brun et le Loup gris régulent à nouveau les effectifs trop élevés des Cerfs élaphes et des Chevreuils européens.
    • Conclusion sur la diversité en espèces : pour de nombreuses espèces menacées, il manque d'une part des forêts claires et, d'autre part, des forêts anciennes riches en bois mort.
  • Les arbres constituent un habitat pour plus de 1000 espèces de champignons et plusieurs centaines d’espèces de la microfaune. Les chênes occupent une place particulière dans ce contexte.
  • Dans sa phase de sénescence, une forêt primitive développe de nombreuses structures, est riche en vieux bois et en bois mort, tout comme en lumière.
  • 80 % des forêts sont exploitées en tant que futaies avec des durées de rotation généralement comprises entre 80 et 150 ans. Les taillis et les taillis sous futaie étaient autrefois des formes d'exploitation très répandues. Dans les taillis, la récolte de bois se fait généralement sur l’ensemble de la surface et conduit ainsi à une mosaïque de structures populationnelles, avec des parties clairsemées et d’autres denses, variant de façon dynamique. Les espèces animales et végétales qui nécessitent de la lumière et de la chaleur trouvent ainsi des conditions idéales surtout les premières années après la coupe. Du point de vue écologique, un inconvénient réside dans l’absence de vieux bois et de bois mort, et dans une relative pauvreté en structures. Les taillis sous futaie présentent une biodiversité exceptionnellement élevée en raison de la grande diversité des structures et de la composition particulière des essences.
  • Caractéristiques de certains paysages, les forêts pâturés et les pâturages boisés forment une mosaïque de structures ouvertes et arborées, avec l’Epicéa et le Mélèze comme essences dominantes. Ils abritent une riche biodiversité. Au Tessin, les châtaigneraies avec leurs vieux arbres-biotopes et leur richesse en espèces sont les témoins d’une exploitation traditionnelle.
  • Environ un quart des organismes vivant dans les forêts dépend du bois mort sous ses différentes formes (p. ex. arbres morts sur pied, troncs couchées, branches mortes sur des arbres vivants, souches, disques racinaires). Le bois mort est particulièrement important pour les xylobiontes (« vivant dans le bois »), les mousses et les lichens. Ces espèces en requièrent au minimum 20 à 50 m3/ha.
  • Les vieux arbres ont de nombreuses petites structures et microstructures à haute valeur écologique. Elles sont utilisées par d’innombrables organismes forestiers dont certains sont hautement spécialisés.
  • Les forêts claires avec leur climat particulier offrent un habitat à de nombreuses espèces animales et végétales spécialisées.
  • Les changements climatiques provoqueront de grandes modifications dans la forêt. Lors de la sélection des « arbres d'avenir », il convient de donner la préférence aux espèces indigènes ou provenant des pays limitrophes.
Conservation et promotion
  • La promotion doit avant tout s'attaquer aux deux principaux domaines déficitaires, à savoir le manque de surfaces forestières présentant des phases de sénescence riches en bois mort et en structures, et les forêts claires avec des surfaces forestières ouvertes et des transitions riches en structures avec le milieu prairial.
  • Les réserves forestières naturelles et spéciales doivent avoir une superficie d'au moins 5 ha, les réserves forestières naturelles si possible plus de 20 ha. Idéalement, elles devraient être nettement plus grandes. Certains cantons ont déjà plusieurs années d’expérience avec les forêts claires et le « Plan d’action forêts claires » constitue une bonne base. Les forêts claires doivent être créées principalement dans les zones ouvertes par nature ou du fait de l'exploitation. On dispose d'expérience sur les pâturages boisés, en particulier dans le Jura et en Valais. L'entretien forestier se concentre avant tout sur l'aménagement de la mosaïque des zones ouvertes et arborées d'une forêt pâturée, par des interventions ciblées dans la strate arborée. Ailleurs, le pâturage s'impose surtout comme mesure d'entretien visant à créer et à maintenir ouvertes les forêts claires. De très nombreuses espèces profitent de la mise en place de taillis sous futaie. D'un point de vue écologique, il est important de faire coexister toutes les phases évolutives, de la surface nue fraîchement coupée au peuplement de rejets de souches prêts à être coupés. La promotion des selves comprend en général deux phases : une restauration de la structure des selves suivie de mesures d'entretien à long terme.
  • Dans les forêts exploitées, la promotion et la conservation d’îlots de sénescence, de vieux arbres-habitats et d’essences rares, de structures particulières comme les cavités, l’écorce crevassée ou le bois mort sur pied et couché permettent de favoriser de nombreuses espèces rares. Les îlots de sénescence devraient couvrir au moins un hectare, et trois à cinq arbres-habitats au minimum devraient être conservés par hectare.
  • Il est important de conserver et de promouvoir les petites structures (p.ex. cours et plans d’eau, blocs de rochers, murs de pierres). De nombreuses espèces profitent d’un entretien adéquat des bords des chemins forestiers.
  • Des nichoirs devraient être installés pour les espèces rares, en particulier pour les chauves-souris.
  • Les forêts alluviales et marécageuses doivent être restaurées par des revitalisations et des régénérations, et être exploitées conformément aux objectifs. Dans la mesure du possible, des plans d'eau doivent être créés.
  • Les espèces rares des forêts doivent être favorisées de manière ciblée. Parmi les 1582 espèces prioritaires au niveau national, de nombreuses nécessitent des mesures de conservation spécifiques.
  • ‘’’Dans l'ensemble, il existe un important besoin d'agir, tant pour les habitats que pour les espèces. Les différentes mesures de promotion de la biodiversité doivent avoir un effet de mise en réseau (mot-clé : infrastructure écologique).’’’
Informations de base
  • Il existe différentes stratégies de protection de la nature, qui se superposent parfois : la sylviculture proche de la nature, l'intégration de mesures dans la sylviculture, par exemple la délimitation d'îlots de sénescence ou la création de petits plans d'eau, et la ségrégation telle que la délimitation de réserves forestières.
  • Selon la loi, la forêt doit remplir des fonctions économique, protectrice et sociale. La forêt est juridiquement bien protégée. Les défrichements sont interdits. La définition des limites de la forêt se fait de manière statique ou dynamique. Les cantons disposent d'une certaine marge de manœuvre dans la définition de la forêt.
  • Dans de nombreux cantons, il existe des cartographies des stations forestières. L'Inventaire forestier national (IFN) permet de tirer des conclusions sur l'état de la forêt. Des paramètres écologiques importants, tels que la proportion de bois mort ou le caractère naturel de la forêt, y sont également relevés.
  • Les étages altitudinaux sont définis par les limites de répartition des essences caractéristiques. Nous trouvons successivement les forêts de feuillus thermophiles, les hêtraies, les hêtraies mixtes, les forêts de conifères pures et finalement la limite supérieure des forêts, respectivement des arbres.
  • Il existe de nombreuses données sur le degré de menace des habitats : Près de 40 % des types d'habitats forestiers sont considérés comme menacés, et environ 55 % des associations forestières. Les forêts alluviales et les forêts marécageuses, les pinèdes et les forêts mixtes de feuillus thermophiles ont la plus haute priorité. Pour certaines associations forestières, la Suisse a une responsabilité internationale.
  • Les exigences de base en matière de « sylviculture proche de la nature » sont certes définies, mais elles n'ont pas de caractère contraignant.
  • Les « forêts protectrices » protègent l’homme, les animaux, les biens et les infrastructures des avalanches, des chutes de pierres, des glissement de terrains et de l’érosion. Des « instructions pratiques » proposent aux forestiers des aides à la décision pour leur travail quotidien en forêt.
  • Les labels « FSC » et « PEFC » dominent le marché. En Suisse, le label « Bois Suisse » s'est également établi. Dans les différents pays, les mêmes labels sont soumis à des exigences différentes en matière de production de bois, qui sont souvent nettement moins strictes qu'en Suisse.
  • Le plan directeur forestier (PDF) à un niveau dépassant l’entreprise et le plan de gestion au niveau de l’entreprise sont deux instruments importants pour la planification. Le PDF est contraignant pour les autorités, le plan de gestion, plus concret, l’est pour les propriétaires. L’obligation d’établir un plan de gestion est réglée au niveau cantonal.
  • Les instruments d’encouragement les plus importants pour la mise en œuvre sont les conventions-programmes conclues entre la Confédération et les cantons. En 2018, la Confédération a versé environ 18.5 millions de francs pour la biodiversité en forêt, près de 21.3 millions pour la gestion de la forêt et 70 millions pour les forêts protectrices.

Introduction

La notion de « milieu forestier » utilisée dans le présent article se fonde sur la définition de la forêt figurant dans la Loi fédérale sur les forêts. Elle comprend également les forêts pâturées, les pâturages boisés et les selves. Selon des critères écologiques, notre notion de forêt englobe donc, outre les sites principalement arborés, les forêts buissonnantes et les premières phases de succession de la forêt avec une végétation de coupe et préforestière. Le tableau ci-dessous liste les associations végétales correspondantes selon Delarze et al. (2015).
La lisière de forêt sera traitée dans un article séparé.
Nous souhaitons, par le biais de cet article, montrer à toutes celles et ceux qui travaillent dans et avec la forêt, ainsi qu’à toutes les personnes intéressées quels sont les aspects écologiques essentiels de la forêt et comment les promouvoir. Le chapitre Informations de base comprend de nombreuses informations complémentaires. L’article se termine par une liste de la littérature utilisée.
Ces dernières décennies, les acteurs concernés se sont beaucoup investis pour la biodiversité en forêt, mais il reste encore du travail à accomplir. Les lacunes sont principalement mentionnées dans la « Stratégie Biodiversité Suisse » et dans « Biodiversité en forêt » (Imesch et al. 2015). En résumé, les priorités sont la promotion des structures (p. ex. lisières étagées, forêts claires, zones forestières humides, pâturages boisés et selves), du vieux bois et du bois mort (notamment la délimitation de réserves forestières naturelles) ainsi que des espèces rares.
L'article ne contient aucune proposition quant aux endroits où des mesures concrètes doivent être mises en œuvre. Cette tâche incombe aux services compétents en la matière. Nous attirons toutefois volontiers l'attention sur les bons projets.

Écologie utile pour la pratique

Types d’habitats forestiers et associations végétales forestières

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On trouve en Suisse 121 associations végétales forestières.

La Suisse est un pays intrinsèquement forestier. Seuls les plans et cours d’eau, les zones alluviales bordant les cours d’eau, les hauts-marais, les affleurements rocheux superficiels et les couloirs d’avalanche, ainsi que tout l’étage alpin sont des zones naturellement dépourvues de forêt. Sinon, la forêt dominerait tout le territoire. Un sous-sol géologique diversifié, des conditions climatiques extrêmement variées et un relief accidenté font de la forêt la forme de végétation la plus hétérogène de nos paysages. Elle abrite une grande biodiversité, qui à son tour est tributaire d’une grande diversité de structures et de conditions environnementales.

Pour des informations détaillées sur ces liens écologiques fascinants, nous vous renvoyons à la littérature spécialisée (p.ex. ELLENBERG, 1996 : Vegetation Mitteleuropas mit den Alpen), ainsi qu’aux ouvrages présentés dans le sous-chapitre suivant qui traitent des types de forêts et des associations forestières de la Suisse. Ce domaine est également abordé au chapitre « Étages altitudinaux, stations forestières et phytosociologie ».

Selon les conditions particulières de la station (lumière, chaleur, caractéristiques pédologiques, relief), des biocénoses se développent présentant chacune une composition spécifique de flore, de faune et de microorganismes. La phytosociologie étudie ces liens du point de vue des végétaux. Cette discipline a aussi créé des typologies, dans lesquelles les biocénoses semblables présentant des conditions stationnelles comparables sont définies comme des communautés végétales, et comme des biotopes si on y intègre tous les organismes. La phytosociologie a développé un système hiérarchique largement utilisé en Europe comme base de la phytosociologie appliquée. L’unité de base de ce système de classification est l’association végétale. Elle se définit comme une communauté végétale d’une composition particulière d’espèces végétales et d’un aspect homogène (physionomie), typique d’une station particulière. Une association dominée par les arbres est désignée par le terme d’association forestière, et son appellation scientifique se termine toujours par le suffixe -etum, par exemple Galio-Fagetum (hêtraie à aspérule). Les associations forestières et leurs caractéristiques stationnelles servent généralement de types de référence pour la planification et la mise en œuvre de l’entretien et de l’exploitation de la forêt, ainsi que pour les activités en forêt liées à la protection de la nature.

Les associations qui ont des points communs sur les plans floristique et stationnel sont réunies dans le système phytosociologique en une « alliance ». Ces unités se distinguent par des points communs écologiques facilement repérables mais caractéristiques (p.ex. physionomie, espèces dominantes) ; elles se prêtent bien avant tout à une vue plutôt synthétique. Leurs noms scientifiques se terminent en -ion, p.ex. Erico-Pinion (pinède subcontinentale).

Aperçu de la littérature sur les types de forêts et les associations forestières de Suisse :

  • Dans la partie consacrée au milieu forestier, 34 types d’habitats sont décrits systématiquement. Ils correspondent dans une large mesure aux alliances du système phytosociologique. Chaque type d’habitat est caractérisé dans une fiche descriptive qui traite la physionomie et l’écologie, les relations avec l’être humain, les problèmes d’identification, la classification, les espèces caractéristiques, les valeurs biologiques, les exigences écologiques et les menaces, ainsi que par des cartes montrant les distributions actuelle et potentielle. Les pages internet consacrées à ces types de milieux de Suisse (TypoCH) fournissent des indications sur les espèces dominantes, les espèces caractéristiques et les espèces moins étroitement liées au milieu.
  • Wälder der Schweiz (Steiger, 2010): Cet ouvrage peut être considéré comme une référence sur le sujet de la végétation forestière en Suisse. Les stations et associations forestières de notre pays y sont décrites et illustrées de manière exhaustive et systématique. Les unités de base sont ici les associations forestières, généralement décrites comme des sous-unités des types de milieux selon Delarze. Elles sont ainsi traitées de manière plus précise et détaillée sur les plans stationnel, structurel et floristique.
  • Waldgesellschaften und Waldstandorte der Schweiz (Ellenberg und Klötzli, 1972): Il s’agit de la première description complète et systématique des associations forestières de toute la Suisse. La numérotation des 71 unités a été reprise par des systèmes de description ultérieurs, bien qu’accompagnée de nombreux ajouts et dotée de subdivisions plus fines. Keller et al 1998 en ont publié une version actualisée sur le plan statistique.
  • Gebirgsnadelwälder (Ott, 1997): Cet ouvrage décrit de façon détaillée les types de stations des forêts de conifères d’altitude, en tant que base pour leur traitement sylvicole (particularités comme le rajeunissement ou les soins stabilisateurs). Il s’agit donc là d’une référence précieuse et orientée sur la pratique pour les forêts de montagne.

Il existe dans quelques cantons des descriptions détaillées des stations forestières et des cartographies des stations, qui se basent sur les associations forestières (voir chapitre « Cartographies et descriptifs phytosociologiques forestiers cantonaux »).

Une liste exhaustive de 121 associations forestières constitue la référence pour l’OFEV en matière de promotion de la biodiversité en forêt. La Liste rouge des milieux de Suisse (Delarze et al., 2016) et la Liste des milieux prioritaires au niveau national, notamment, se réfèrent à ces associations forestières. De même, les « Fiches sylvicoles » visant à prendre en compte les intérêts de la protection de la nature dans l’exploitation forestière se réfèrent aussi aux associations forestières.

Le présent article se réfère, selon le sujet abordé, aussi bien aux types de milieux (TypoCH) selon Delarze et al.(2015), qu’aux associations forestières définies plus précisément.

Le tableau ci-dessous (version modifiée de la « Liste des espèces et des milieux prioritaires au niveau national » montre pour quels milieux de l’écosystème « Forêt » nous estimons que des mesures sont nécessaires (oui/non). Cette estimation résulte des données sur la priorité au niveau national, du statut de menace (Liste rouge), de la responsabilité de la Suisse, de la durée de régénération, ainsi que de l’existence éventuelle d’une nécessité régionale de prendre des mesures selon les tab. 14 ou 15 (voir critères précis dans la légende du tableau). Le chapitre « Conservation et promotion » décrit comment les différents types de milieux peuvent être favorisés.

Description type de milieu Mesures nécessaires Prio LR Resp Reg
5 p.p. Formations buissonnantes (partie)
5.3.5 Stade arbustif préforestier Sambuco-Salicion non 0 LC 0 2
5.3.6 Saulaie buissonnante alluviale Salicion elaeagni oui (1) 2 EN 1 2
5.3.7 Saulaie buissonnante subalpine Salicion cinereae oui (2 FM) 0 NT 0 3
5.3.9 Aulnaie verte Alnenion viridis non 0 LC 1 3
5.4.3 Lande subalpine calcicole Ericion (seul. buissons de pins couchés) non 0 LC 1 4
6 Forêts
6.1 Forêts inondables
6.1.1 Aulnaie noire Alnion glutinosae oui (1, 2 FH) 3 EN 0 5
6.1.2 Saulaie blanche Salicion albae oui (1, 2 FH) 3 EN 0 3
6.1.3 Aulnaie alluviale Alnion incanae oui (1, 2 FH) 2 VU 2 4
6.1.3.1 Saulaie alluviale alpienne Salicetum pentandrae oui (1, 2 FH) 1 CR 3 4
6.1.4 Frênaie humide Fraxinion oui (2 FH) 0 LC 0 5
6.2 Hêtraies
6.2.1 Hêtraie xérothermophile Cephalanthero-Fagenion oui (2 FC) 0 LC 1 5
6.2.2 Hêtraie acidophile Luzulo-Fagenion non 0 LC 0 6
6.2.3 Hêtraie mésophile de basse altitude Galio-Fagenion non 0 LC 0 5
6.2.3.1 Hêtraie mésophile atlantique Illici-Fagenion non 4 VU 0 5
6.2.4 Hêtraie mésophile de l'étage montagnard inférieur Lonicero-Fagenion non 0 LC 2 5
6.2.5 Hêtraie à sapins de l'étage montagnard Abieti-Fagenion non 0 LC 0 5
6.3 Autres forêts de feuillus
6.3.1 Erablaie de ravin Lunario-Acerion non 0 LC 2 5
6.3.2 Tiliaie thermophile sur éboulis ou lapiez Tilion platyphylli non 4 NT 2 5
6.3.3 Chênaie à charmes Carpinion oui (2 FC) 0 LC 0 5
6.3.4 Chênaie buissonnante Quercion pubescenti-petraeae oui (2 FC) 0 LC 2 6
6.3.5 Ostryaie buissonnante du sud des Alpes Orno-Ostryon oui (1, 2 FC) 1 EN 2 5
6.3.6 Chênaie acidophile Quercion robori-petraeae non 0 LC 1 6
6.3.7 Châtaigneraie non 0 LC 1 6
6.3.8 Forêt à sous-bois laurifolié non 0 LC 0 5
6.3.9 Forêt secondaire de robiniers Robinion non 0 LC 0 4
6.4 Pinèdes thermophiles
6.4.1 Pinède subatlantique des pentes marneuses Molinio-Pinion oui (1, 2 FC) 2 VU 2 5
6.4.2 Pinède subcontinentale basophile Erico-Pinion sylvestris oui (2 FC) 0 LC 2 5
6.4.2.1 Pinède à cytise Cytiso-Pinion oui (1, 2 FC) 1 CR 3 5
6.4.3 Pinède continentale xérophile Ononido-Pinion oui (1, 2 FC) 4 LC 4 5
6.4.4 Pinède mésophile sur silice Dicrano-Pinion oui (1, 2 FC) 2 VU 2 5
6.5 Forêts de tourbières
6.5.1 Bétulaie sur tourbe Betulion pubescentis oui (1, 2 FM) 3 EN 0 5
6.5.2 Pinède sur tourbe Ledo-Pinion oui (1, 2 FM) 2 VU 2 5
6.5.3 Pessière sur tourbe Sphagno-Piceetum oui (2 FM) 3 VU 1 5
6.6 Forêts de conifères d’altitude
6.6.1 Pessière-sapinière Abieti-Piceion non 0 LC 2 5
6.6.2 Pessière Vaccinio-Piceion non 0 LC 2 5
6.6.3 Forêt de mélèzes et d'aroles Larici-Pinetum cembrae non 4 LC 3 6
6.6.4 Mélézein oui (1) 1 LC 3 5
6.6.5.1 Pinède de montagne acidophile Vaccinio-Pinion uncinatae oui (1) 2 VU 2 5
6.6.5.2 Pinède de montagne basophile Erico-Pinion uncinatae oui (2 FC) 4 LC 3 5

Légende :

Remarque* : les associations forestières relativement courantes en Suisse mais qui impliquent une responsabilité très élevée à l’échelle européenne (Resp 4) se voient également attribuer l’indication « oui » dans la colonne « Mesures nécessaires ».

Espèces et taxons forestiers

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Toutes les chauves-souris sont inféodées aux forêts. La majorité des longicornes, des champignons et des lichens vit en forêt. Ici la Pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus nathusii), le Grand Capricorne (Cerambyx cerdo), le Pluté orangé (Pluteus aurantiorugosus), le Lichen pulmonaire (Lobaria pulmonaria).

Les groupes d'espèces importants sont décrits ci-dessous. La longueur des textes et le degré de détail varient et dépendent entre autres des informations disponibles. Pour les oiseaux, les pics et les rares Tétraoninés sont traités de manière approfondie, tandis que pour les plantes, les informations sont essentiellement axées sur les essences d'arbres.

Les espèces du milieu forestier en chiffres
En Suisse, la forêt s’étend sur 1,32 million d’hectares, c’est-à-dire presque un tiers du territoire. Avec une pareille surface et une diversité stationnelle, structurelle et de petits habitats presque impossible à évaluer, elle représente un milieu crucial pour d’innombrables organismes, et ainsi un refuge de la plus haute importance pour la biodiversité en Suisse.

Définir clairement ce qu’est une « espèce forestière » n’est pas toujours possible. Si l’on considère les organismes qui ont besoin de la forêt lors d’au moins une des phases de leur vie, on peut partir du principe que près de 40 % de toutes les espèces de champignons, de plantes et d’animaux connus en Suisse à ce jour ont un lien sensible avec la forêt. Cela représente plus de 25 000 espèces (vor Rapport forestier 2015). La part d’espèces forestières dans les différents groupes d’organismes est très variable. On trouve des proportions très élevées, de plus de 75%, chez les chauves-souris, les longicornes, les macromycètes, les lichens et les mollusques.

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Proportion des espèces de Suisse qui sont tributaires de la forêt à au moins un stade de leur développement ou y séjournent régulièrement. (n = nombre d’espèces considérées, lichens = lichens épiphytes et terricoles). Source : Biodiversité en forêt : objectifs et mesures (OFEV, 2015)

Si la palette de stations, d’habitats et de niches écologiques est vaste et diversifiée, celle des différents besoins qui lient les organismes forestiers à l’habitat forestier l’est tout autant. À part certains généralistes sans exigences particulières, il s’agit pour la plupart d’organismes qui dépendent pour leur survie de conditions très spécifiques. Ces besoins peuvent être liés à la structure globale du peuplement ou à des micro-habitats particuliers.

Vous trouverez des indications sur les espèces prioritaires au niveau national et les Listes rouges dans le chapitre « Informations de base ». Info Species fournit des données pour différents groupes taxonomiques, ce qui offre une base précieuse pour la planification de mesures en forêt.

Champignons

La forêt abrite presque trois quarts de toutes les espèces de macromycètes. Les associations forestières naturelles de feuillus mixtes sont particulièrement riches en champignons. Outre des champignons mycorhiziens symbiotiques, qui sont souvent associés à des espèces spécifiques d’arbres hôtes, les peuplements forestiers riches en bois mort à divers stades de décomposition présentent une diversité élevée d’espèces de champignons décomposeurs de bois et de litière. Les champignons en milieu forestier, leur protection et leur promotion sont traités en détail dans un article séparé (exhaustif & qualifié, beaucoup d’information sur le vieux bois et le bois mort).

Pour des informations complémentaires, voir SwissFungi.

Lichens

Les lichens sont très répandus dans l’habitat forestier et y colonisent aussi, sous toutes leurs formes de croissance, tous les substrats – de l’écorce des ligneux aux surfaces rocheuses et aux pierres, en passant par le bois mort et la terre.

Les lichens terricoles sont relativement peu présents sur nos sols forestiers – à l’exception de forêts de pins sylvestres et de montagne et de forêts de mélèzes et d’aroles de stations plus extrêmes, où les lichens terricoles (surtout les lichens fruticuleux du genre Cladonia) peuvent former des peuplements dominants. Les lichens arboricoles revêtent une importance particulière : poussant principalement sur l’écorce de vieux arbres souvent imposants, dans des forêts âgées, peu exploitées ni perturbées, ces espèces, du fait de leurs exigences, sont des indicateurs sensibles et précis de l’humidité et de la qualité de l’air, ainsi que de la qualité chimique et structurelle de l’écorce de leur support.

Parmi les exemples les plus connus de lichens arboricoles spectaculaires, il faut citer le Lichen pulmonaire (Lobaria pulmonaria), qui pousse essentiellement dans les forêts de montagne non perturbées sur les troncs de vieux hêtres ou de vieux érables sycomores. À mentionner aussi l’impressionnante Usnée très longue (Usnea longissima), que l’on ne trouve qu’à très peu d’endroits, sur de vieux épicéas de forêts de montagne humides, et qui pousse en guirlandes mesurant jusqu’à un mètre de long.

Parmi les mesures de protection et de promotion ciblées, citons la création de réserves, et la désignation et conservation d’arbres biotopes et d’îlots de sénescence voir chapitre « Délimitation et sauvegarde de réserves forestières » & « Délimitation et sauvegarde d’îlots de sénescence, d’arbres-habitats et de bois mort ».

Les lichens dans l’habitat forestier, leur écologie, leur protection et leur promotion sont traités en détail dans un article séparé.

Le site internet « SwissLichens » offre des informations très complètes sur le sujet, et notamment des cartes de répartition et des indications sur les menaces et la promotion des espèces concernant les lichens de Suisse.

Littérature & liens :

Mousses

La forêt est un habitat de grande importance pour les mousses, puisqu’on y trouve environ 40% de toutes les espèces de Suisse. Les espèces les plus variées colonisent tous les substrats et microhabitats d’une forêt. Elles croissent sur le sol, en mode épiphyte sur les troncs et les branches des arbres, sur le bois mort, ainsi que dans les forêts comportant des secteurs rocheux et des éboulis. Nombre de mousses ont des exigences écologiques très strictes concernant leur habitat. Outre le substrat, spécifique (écorce, sol, bois mort ou roche), c’est particulièrement le cas pour les aspects microclimatiques ou édaphiques comme l’humidité, le pH, la disponibilité des nutriments, la granulométrie du sol ou le type de roche. Le bois des conifères et des feuillus, tant vivant que sous forme de bois mort, est souvent colonisé par des mousses variées. C’est pourquoi la diversité des espèces de mousses et le degré de couverture de la strate muscinale sont peuvent être très variables selon les associations forestières, étant donné la diversité des conditions stationnelles. Les forêts de feuillus, se développant dans des conditions moyennes, ne présentent souvent que peu de végétation muscinale, surtout au sol, en particulier lorsque la litière ne se décompose que lentement. Les forêts à taux d’humidité élevé abritent une quantité particulièrement importante d’épiphytes, y compris d’espèces très rares. D’autres mousses en revanche, qui supportent des conditions très sèches, nécessitent beaucoup de lumière et de chaleur, ou alors des sols nus. De même que pour les lichens et de nombreux taxons animaux spécialisés, les forêts âgées peu perturbées ou non exploitées, riches en structures et pourvues d’une grande quantité de bois mort couché et sur pied, sont des habitats particulièrement précieux pour les mousses.

La promotion et la protection des mousses et de la végétation muscinale demandent donc des stratégies diversifiées. D’une part, il faut continuer à promouvoir la disponibilité en bois mort, la conservation de grands et vieux arbres comme arbres-habitats en densité suffisante, et la création renforcée d’îlots de sénescence et de réserves forestières naturelles (voir chapitre « Délimitation et sauvegarde de réserves forestières » & « Délimitation et sauvegarde d’îlots de sénescence, d’arbres-habitats et de bois mort »).

D’autre part, les forêts claires présentant des surfaces de sol nu doivent être favorisées ou re-créées (voir chapitre Délimitation, sauvegarde et entretien de structures de peuplement particulières).

Les mousses (écologie, milieu forestier, protection et promotion) sont traitées en détail dans un article séparé :

Le site internet « Swissbryophytes » présente des informations très complètes sur le thème des mousses, et notamment des descriptions, des illustrations, des cartes de répartition et des indications concernant leur protection, pour toutes les espèces de mousses de Suisse.

Pour des données sur les espèces de mousse typiques des différents types de forêts et associations forestières, consulter Delarze et.al (2015), les descriptifs cantonaux des stations forestières (voir chapitre « Cartographies et descriptifs phytosociologiques forestiers cantonaux ») et les ouvrages de phytosociologie forestière.

Littérature & liens : ∂- Buwal_VU9007_Rote Liste Moose CH_2004.pdf ∂- Buwal_SRU265_Artenschutzkonzept Moose CH_1995.pdf ∂- AZBG_28 (1994)_RICEK_Waldbodenmoose .pdf


Plantes supérieures/plantes vasculaires

Près de 500 espèces poussent principalement ou au moins régulièrement dans la forêt. S’y ajoutent dans les forêts claires et plus ouvertes, surtout, des espèces typiques des broussailles claires, des ourlets et des paysages ouverts. Les espèces forestières occupent dans les associations forestières un spectre extrêmement large de stations – d’humide à sèche, d’acide à basique, d’ombragée à ensoleillée, etc. Les forêts claires ouvertes sont particulièrement riches en espèces, a fortiori si elles sont entremêlées de stations sèches, de prairies ou de marais, ou qu’elles sont soumises à une pâture extensive.

75 % de toutes les espèces forestières sont considérées comme non menacées (statut LR : LC), et près de 13 % comme menacées, ce qui représente 62 espèces (statut LR : VU, EN ou CR). Une partie de ces espèces menacées ne sont naturellement présentes en Suisse qu’en populations restreintes, tandis qu’un autre groupe important comprend des espèces héliophiles, qui sont touchées par le recul ou l’assombrissement des forêts claires. Quatre espèces forestières (Arabette à silique plane (Arabis nemorensis), Bouleau peu élevé (Betula humilis), Botryche de Virginie (Botrychium virginianum) et Vigne sauvage (Vitis sylvestris)) sont menacées d’extinction (CR), tandis que la Chimaphile ombellée (Chimaphila umbellata) a très vraisemblablement disparu de Suisse. Ces espèces ne subsistent plus dans notre pays que sous la forme de quelques populations minimes, aux exigences écologiques très pointues. Des modifications ou perturbations même infimes de l’habitat, qu’elles soient causées par l’exploitation forestière ou les processus de succession naturels, peuvent déjà les mener à l’extinction définitive. Source : Liste rouge Plantes vasculaires

Mesures de protection et de promotion :
Le chapitre « Conservation et promotion » ne traitant pas plus en détail des mesures spécifiques de protection et de promotion des espèces végétales, nous vous en présentons ici un bref résumé. En revanche, l’importance et la promotion des forêts claires et des zones de transition vers les milieux ouverts, notamment au profit de nombreuses espèces végétales menacées, sont traitées à la fois dans le présent chapitre, et dans le chapitre « Conservation et promotion ». Les recommandations suivantes sont – à quelques modifications près – tirées de la Liste rouge des plantes vasculaires 2016 (p. 69) :

  • Il convient de définir, outre les espèces cibles spécifiques au milieu, des espèces caractéristiques pour différents objectifs finaux, comme instrument de promotion des plantes vasculaires en forêt.
  • Les peuplements très dispersés des espèces forestières les plus rares et menacées, et leurs exigences spécifiques en matière d’habitat, doivent être portés à la connaissance des acteurs de l’exploitation forestière et de son entretien.
  • L’instrument relativement nouveau que représentent les espèces forestières cibles (Imesch et al. 2015) doit être activement soutenu à tous les niveaux de planification et de réalisation, jusqu’à ce qu’il fasse partie intégrante des pratiques d’entretien et d’exploitation.
  • Les surfaces où croissent des espèces cibles, qui ne s’étendent souvent que sur quelques mètres carrés, doivent être exploitées et entretenues dans le respect des exigences desdites espèces cibles.
  • Les forêts claires doivent être favorisées. De nombreuses espèces forestières héliophiles ont besoin d’éclaircies, de surfaces de coupe ou de pâturage régulier. C’est particulièrement le cas pour les espèces forestières des stations chaudes et ensoleillées ou des forêts marécageuses, ou les environs de marais.
  • Pour les surfaces forestières comprenant des espèces menacées, il faut vérifier qu’il existe des couloirs vers des surfaces environnantes de valeur pour la biodiversité, et si nécessaire en créer.

Littérature et liens :

Essences d’arbres

Les arbres constituent un groupe caractéristique et primordial parmi les plantes vasculaires du milieu forestier. C’est la raison pour laquelle nous traitons ce sujet un peu plus en profondeur.

Les forêts suisses comptent près de 40 essences indigènes de feuillus et 7 essences indigènes de conifères. Sur la base de leur abondance et de leur importance pour l’économie forestière, ces essences sont réparties en deux groupes dans l’inventaire forestier national : les « essences principales », et les « autres essences ». Les essences principales comportent, chez les conifères, l’Épicéa (Sapin rouge), le Sapin (Sapin blanc), les pins (Pin sylvestre et Pin de montagne), le Mélèze et l’Arole, et chez les feuillus, le Hêtre, l’Érable sycomore, le Frêne commun, les chênes (Chêne sessile ou rouvre et Chêne pédonculé) et le Châtaignier cultivé. Les autres conifères et feuillus tombent dans la catégorie des « autres essences ». C’est aussi dans cette catégorie que figurent la majorité des essences de valeur écologique particulièrement élevée. Les essences d’arbres rares et de grande valeur écologique sont abordées en détail dans le chapitre « Ligneux rares et essences de haute valeur écologique ».

Vous trouverez l’illustration de la répartition naturelle des essences d’arbres et des associations végétales forestières, ainsi que leurs exigences stationnelles, sous forme de profils d’étages de végétation et d’écogrammes dans le chapitre « Étages altitudinaux, stations forestières et phytosociologie », et en détail dans Steiger (2010) ou Delarze et al. (2015). Les données ci-après sur l’état et la dynamique des arbres des forêts suisses proviennent des relevés de l’inventaire forestier national IFN, qui a été réalisé quatre fois sur l’entier du territoire au cours des 40 dernières années (pour des informations sur l’IFN, voir le chapitre « La forêt en chiffres »).

L’Épicéa et le Hêtre, surtout, peuvent former naturellement des peuplements purs. Mais du fait d’une influence humaine qui a cours depuis longtemps, les peuplements mixtes composés de nombreuses essences sont plus répandus que cela ne serait le cas dans une forêt naturelle, et cette tendance à la diversité des essences est toujours d’actualité aujourd’hui. Selon les résultats de l’IFN4, 17 % des peuplements sont purs (une seule essence), 48 % sont constitués de 2 ou 3 essences et 34 % comptent plus de 3 essences Brändli et al. (2020), p. 191).

Le chapitre « Historique abrégé de la forêt et de la sylviculture » présente une brève chronologie de l’histoire de la forêt, ainsi qu’un aperçu de l’influence humaine sur le milieu forestier.

Volume et nombre de tiges des essences principales en Suisse (relevé IFN4 2009-2017):

Volume Nombre de tiges
Essence principale 1 000 m3 m3/ ha Part en % Tendance en % Nbre/ ha Tendance en %
Épicéa 181 244 150,8 43,1 0,6 153 –3,1
Sapin 63 662 53,0 15,1 5,1 44 2,5
Pin 11 781 9,8 2,8 –7,7 14 –7,9
Mélèze 25 285 21,0 6,0 9,2 23 3,4
Arole 2 856 2,4 0,7 8,9 5 9,3
Autres conifères 1 702 1,4 0,4 17,7 3 5,8
Total conifères 286 530 238,3 68,1 2,1 241 –1,5
Hêtre 76 300 63,5 18,1 3,6 74 –2,6
Érable 12 730 10,6 3,0 12,8 23 9,5
Frêne 15 927 13,2 3,8 6,1 18 –1,7
Chêne 8 505 7,1 2,0 –2,4 8 –7,6
Châtaigner 5 559 4,6 1,3 7,2 9 –6,0
Autres feuillus 15 360 12,8 3,6 6,9 41 –0,1
Total feuillus 134 382 111,8 31,9 4,8 173 –0,9
Total 420 912 350,1 100 2,9 413 –1,3

Source : Brändli et al., 2020. IFN4. – Extraits des tableaux 58, 59, 62, 65, 66
Trend: Tendance : changement dans le volume ou le nombre de tiges en % en comparaison avec l’IFN3 (relevé 2004-2006)
Ensemble analysé : forêt accessible sans la forêt buissonnante

Les résultats de l’IFN4 montrent quelques tendances dignes d’attention dans l’évolution des peuplements de différentes essences, y compris au niveau de l’écologie forestière : les trois essences les plus courantes sont l’Épicéa, le Sapin blanc et le Hêtre. Le bois de feuillus a connu une croissance plus forte en général, mais on constate de grandes différences régionales (voir à ce sujet Brändli et al., 2020 : ch. 2.3). Concernant l’Épicéa, le nombre de tiges est en recul depuis 30 ans, alors que le volume est resté à peu près constant en moyenne nationale. Sur le Plateau, le volume d’Épicéas a baissé de 33% depuis l’IFN2 (1993-1995 – non représenté dans le tableau). L’essence, la plupart du temps étrangère à la station sur le Plateau, y a été largement favorisée pendant longtemps pour des raisons économiques, mais les dégâts considérables subis lors de tempêtes (p.ex. Lothar en 1999), sa vulnérabilité au stress hydrique lié au changement climatique ainsi que les infestations de coléoptères ont entraîné un recul très net. Autre baisse notable : celle des pins. Essences pionnières et de lumière, elles ont profité pendant plusieurs siècles de la surexploitation des forêts et des peuplements ouverts qui en résultaient. Dans les conditions actuelles de peuplements denses et vigoureux, ces essences ne peuvent plus se rajeunir suffisamment et sont moins favorisées par la sylviculture. Quant aux chênes, essences de valeur écologique particulièrement élevée, ils présentent aussi une tendance plutôt négative, pour des raisons similaires. On constate avant tout une baisse du nombre de tiges. Depuis l’IFN1 (1982-1986), le volume a toutefois augmenté de 17% (non représenté dans le tableau). Cela signifie donc que les chênes tendent à devenir moins nombreux mais plus épais. S’agissant du volume total, on observe une légère tendance à l’augmentation du bois de feuillu, adapté à la station, parallèlement à un certain recul du nombre de tiges pour quelques essences feuillues, ce qui indique une diminution du rajeunissement. Il n’est pas possible d’émettre des prévisions détaillées pour l’avenir. Les conséquences du changement climatique, ainsi que les maladies et organismes nuisibles, connus et à venir, auront certainement un impact sévère sur le cortège d’essences.

Le Hêtre prédomine largement dans les stations moyennes du Plateau. Toutefois, si un ou plusieurs facteurs stationnels prennent des valeurs plus extrêmes, l’essence perd en compétitivité, et cède du terrain à d’autres essences. Dans des conditions édaphiques sèches ou humides-inondées, en particulier, ce sont d’autres essences qui constituent des peuplements mixtes ou purs. On en voit une illustration ci-dessous sous forme d’écogramme, dans ce cas-là à l’exemple de l’étage sub-montagnard qui comprend une bonne partie du Plateau :

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Limites écologiques et anthropiques de la répartition du Hêtre en Suisse (tiré de : ELLENBERG 1996 (Ill. 74), 1996)


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Outre des facteurs stationnels, des influences culturelles s’exercent aussi sur la répartition du Hêtre et son remplacement par d’autres essences, comme la sylviculture traditionnelle. Tiré de : Steiger (2010) : Wälder der Schweiz (légèrement modifié)


Aux étages subalpin et subalpin supérieur, c’est l’Épicéa qui domine dans les stations moyennes. Il se fait lui aussi remplacer par d’autres essences du fait de certains facteurs stationnels. Les forêts de mélèzes souvent caractéristiques des vallées intra-alpines sont conditionnées par des éléments culturels. Le pâturage des forêts pratiqué pendant des siècles a ici entraîné l’évincement de l’Épicéa, adapté à ces stations, par le Mélèze.


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Limites écologiques de la répartition de l’Épicéa en Suisse. Tiré de : Steiger (2010) : Wälder der Schweiz (légèrement modifié)

Faune forestière

Les espèces animales n’utilisent en général pas la totalité du milieu forestier, mais des parties spécifiques plus ou moins vastes. Selon le groupe taxonomique, différents critères peuvent être décisifs pour leur survie : structure du peuplement (clairsemée, dense, étagement, âge des arbres, offre de bois mort, etc.), petits habitats, structure de la végétation arbustive et au sol, climat du peuplement (ensoleillé, ombragé, sec, humide, chaud, frais, etc.), caractéristiques du sol (forme d’humus, pH, humidité), offre alimentaire (végétation au sol, fruits et graines, etc.) et d’autres encore.

Les vieux peuplements riches en structures présentent en général une diversité particulièrement élevée d’espèces animales rares et souvent menacées (voir chapitre « Structure de haute valeur écologique » und « Délimitation et sauvegarde de réserves forestières ». D’autres espèces sont quant à elles tributaires de structures forestières ouvertes, qui peuvent être engendrées par les conditions naturelles dans une association forestière mais qui sont aussi souvent dues à des interventions sylvicoles sévères ou à des utilisations mixtes par les humains, comme le pâturage. Ce type de forêts et d’habitats sont souvent décrits comme « forêts claires » (voir chapitre « Structure de haute valeur écologique : bois mort, arbres-habitats, forêts claires » et chapitre « Délimitation, sauvegarde et entretien de structures de peuplement particulières ».

Les conditions particulières à la station et/ou l’association forestière permettent de savoir à quelles espèces animales on peut s’attendre. De plus, l’existence ou non de structures particulières (p.ex. bois mort sur pied exposé au soleil) influence la présence de certains animaux. Ainsi, certaines espèces trouvent parfois les mêmes habitats dont ils ont besoin dans différentes associations forestières, ou utilisent des habitats partiels différents de plusieurs associations forestières. Les structures d’une forêt sont aussi souvent marquées par des interventions sylvicoles (p.ex. voir manque d’arbres-habitats) ou par un événement perturbateur, ou les essences d’une forêt exploitée ne correspondent pas au site naturel (voir Épicéa à la place du Hêtre). Pour l’existence de nombreuses espèces animales, des mosaïques de forêts et paysages ouverts sont aussi cruciales.

Dans de nombreux cas, il est judicieux, pour une protection axée sur la pratique, d’aborder le sujet par la phytosociologie (associations forestières), et ensuite d’intégrer plus ou moins de caractéristiques structurelles selon le groupe d’animaux.

Nous abordons ci-après un peu plus en détail quelques-uns des groupes d’animaux les plus importants et caractéristiques. Vous trouverez également des indications et des liens vers des informations complémentaires concernant ces groupes.

Littérature abondante et axée sur la pratique, et liens sur le thème de la faune forestière, et de la protection des biotopes et de la nature en forêt :

Littérature & liens :

Insectes xylobiontes, en particulier coléoptères (Coleoptera)
Les organismes xylobiontes (« vivant dans le bois ») forment un groupe écologique particulièrement typique de la faune du milieu forestier. Il s’agit là d’organismes qui se nourrissent entièrement ou partiellement de bois, et qui passent au moins une partie de leur vie dans le bois. Outre les champignons décomposeurs de bois, on y trouve avant tout des insectes, notamment les coléoptères, dont le stade larvaire, principalement, se déroule au sein du bois. On a par exemple trouvé 25 familles de coléoptères dans une ancienne chênaie non exploitée.

Les plus connus, et particulièrement courants, sont les représentants des familles des capricornes ou longicornes (Cerambycidae), des Lucanidae, des Buprestidae et de la sous-famille des Cetoniinae. En font partie les plus grandes espèces indigènes de coléoptères comme le Lucane cerf-volant (Lucanus cervus) ou le Grand capricorne (Cerambyx cerdo), ainsi que des espèces particulièrement esthétiques comme la Rosalie des Alpes (Rosalia alpina) ou le Cétoine doré (Cetonia aurata). Selon les espèces, les larves de coléoptères se nourrissent de bois vivant ou mort, de bois mort frais ou pourri, ou de bois mort presque entièrement décomposé en humus. Le type de bois mort utilisé – humide ou sec, sur pied ou à terre – dépend aussi souvent de l’espèce. De nombreuses espèces sont monophages ou oligophages, c’est-à-dire qu’elles se nourrissent que d’une essence de bois ou de quelques essences seulement ; le Chêne est particulièrement prisé.

Les adultes, en revanche, se nourrissent tout à fait différemment de leurs larves, puisqu’ils consomment avant tout du pollen, des feuilles ou de la sève. Ici aussi, aussi bien le type de nourriture que les espèces de plantes utilisées dépendent des espèces d’insectes. D’une manière générale, les adultes privilégient plutôt les structures ouvertes qui présentent une meilleure offre des plantes dont ils se nourrissent.

Littérature & liens :

Papillons diurnes
Les papillons de jour sont généralement héliophiles. Il n’existe que très peu d’espèces entièrement ou largement inféodées à la forêt fermée. La plupart des papillons dits « forestiers » vivent dans les parties claires et souvent ensoleillées du milieu forestier : zones de transition entre forêt et milieux ouverts, forêts naturellement claires, clairières, chablis, sentiers forestiers, lisières intérieures de forêts, ainsi que la partie supérieure des couronnes des arbres. Certaines chenilles vivent dans d’autres parties de biotope que les adultes.

La présence de nombreuses espèces dépend beaucoup de la structure du peuplement et de l’offre en petits habitats, d’une part, et d’autre part de l’existence de plantes nourricières importantes, notamment de certaines essences de ligneux. Pour beaucoup d’espèces, les ligneux pionniers (dits à bois tendre) héliophiles sont d’une importance particulière, comme le Saule marsault (Salix caprea), le Tremble (Populus tremula), le Peuplier noir (Populus nigra) ou les bouleaux (Betula sp.), ou des espèces d’arbustes comme l’Épine noire (Prunus spinosa), le Merisier à grappes (Prunus padus) ou le Nerprun purgatif (Rhamnus cathartica). Ils ne sont pas seulement une source d’alimentation pour certaines chenilles, mais sont aussi pourvoyeurs de nectar pour les adultes. Les feuilles des essences indigènes de chênes (Quercus robur, petraea, pubescens et cerris) constituent également une source de nourriture spécifique pour les larves de certains papillons diurnes.

Les peuplements clairs et clairsemés sont aussi essentiels pour la formation d’une végétation au sol qui soit riche en espèces et puisse offrir les plantes nourricières nécessaires à de nombreuses autres espèces de papillons diurnes. Les milieux particulièrement adaptés sont ainsi les associations forestières naturellement ouvertes et peu fertiles comme les pinèdes et les chênaies sèches, ou les forêts alluviales clairsemées.

Les petits habitats importants pour les adultes sont les ornières et les rigoles des routes forestières non revêtues, temporairement remplies d’eau, ou de toutes sortes de flaques qui permettent par exemple aux Sylvains ou aux Mars de se désaltérer. Les bords des routes forestières devraient comporter des ourlets herbeux suffisamment larges.

Pour plus de détail sur les espèces de papillons diurnes forestiers et leurs exigences d’habitat spécifiques, voir l’article sur les papillons diurnes.

Pour d’autres informations détaillées sur ce thème :

Outre les papillons diurnes (rhopalocères), la forêt est également un habitat précieux pour quantité de papillons « nocturnes » (hétérocères), en particulier dans les familles des hespéridés, des Zygaenidae, des sphingidés, des Bombycidae, des noctuidés et des géométridés. On dispose de moins de connaissances sur le mode de vie et les exigences écologiques de ces familles, certaines comportant une grande diversité d’espèces, que sur les papillons diurnes.

Littérature & liens :

  • Arbeitskreis forstliche Landschaftspflege, 1986: Biotop-Pflege im Wald.
  • Schweizerischer Bund für Naturschutz (Hrsg.), 1987: Tagfalter und ihre Lebensräume.
  • Pro Natura - Schweizerischer Bund für Naturschutz (Hrsg.), 1997: Schmetterlinge und ihre Lebensräume Band 2.
  • Pro Natura - Schweizerischer Bund für Naturschutz (Hrsg.), 2000: Schmetterlinge und ihre Lebensräume Band 3.
  • Liste rouge Papillons diurnes et Zygènes
  • Rey, 2012: Förderung von Waldtagfaltern im Kanton Aargau. Pilotprojekt Gemeinde Möhlin.

Amphibiens forestiers
La forêt est l’un des milieux les plus précieux pour les amphibiens, et surtout pour leurs séjours sur la terre ferme ; de nombreuses forêts offrent les conditions d’humidité et d’ombre qui leur sont nécessaires. En conditions naturelles, ce sont surtout les forêts alluviales et les forêts marécageuses, ainsi que les forêts feuillues mixtes humides, qui remplissent ces conditions et dans lesquelles on trouve aussi les petits plans d’eau qui sont essentiels à la période de reproduction et au stade larvaire.

Mis à part un microclimat humide, les amphibiens ont aussi besoin de petits biotopes en suffisance, comme du bois mort au sol, des tas de branches ou des cailloux, qui leur offrent un refuge contre les prédateurs et leur permettent aussi de survivre à de relativement longues périodes de sécheresse. Le plus gros déficit écologique du paysage, aujourd’hui, est clairement le manque de petits plans d’eau leur permettant de se reproduire au sein et aux environs des forêts.

Les exigences des différentes espèces d’amphibiens concernant les eaux de frai sont très diverses. Si la Grenouille rousse n’est pas difficile, la Salamandre tachetée a besoin de petits ruisseaux et le Sonneur à ventre jaune de mares qui s’assèchent. Il est également important que les eaux de frai soient dépourvues de poissons. Par conséquent, les mesures de conservation les plus pertinentes consistent à créer de nouveaux milieux de frai dans les types de forêts adéquats, en tenant compte des exigences spécifiques des espèces.

Littérature & liens :

Information sur les amphibiens sur la plateforme Promotion de la nature.

Reptiles forestiers
Les reptiles sont des animaux poïkilothermes (à sang froid) qui ont donc besoin d’habitats ensoleillés et chauds, ce que l’on trouve dans certaines forêts. À part les lisières de forêts exposées au sud, il s’agit surtout de forêts sèches claires et peu fertiles contenant des chênes ou des pins, mais aussi de lisières de marais ou de forêts alluviales de bois tendres. Les forêts qui contiennent des zones rocheuses exposées au soleil, des éboulis ou des couloirs d’avalanche, et les surfaces de gravier ou rocailleuses ouvertes produites par les cours d’eau, constituent des habitats favorables. Ici aussi, une mosaïque de structures variées est importante, offrant des surfaces tant ouvertes que couvertes d’herbes et d’arbustes. Par ailleurs, les coupes dues à l’exploitation forestière produisent provisoirement des habitats ouverts et ensoleillés également propices dans d’autres types de stations. Le plus important ici est qu’après la coupe, du bois mort soit laissé sur place, particulièrement sous forme de tas de branches. Les milieux déjà existants favorables aux reptiles en zone rocheuse ou caillouteuse peuvent être valorisés par la mise en œuvre de mesures ciblées aux alentours.

Littérature & liens :

Information sur les reptiles sur la plateforme Promotion de la nature.

Oiseaux forestiers
60 espèces d’oiseaux, c’est-à-dire presque un tiers des oiseaux nicheurs de Suisse, nichent principalement en forêt. Outre de nombreux généralistes, on trouve aussi parmi eux des spécialistes exigeants, qui sont dépendants de conditions d’habitat spécifiques. L’édition actuelle de l’atlas des oiseaux nicheurs de Suisse montre, pour les oiseaux de l’habitat forêt, une tendance générale à la hausse des effectifs depuis 1993-1996, même s’il y a encore clairement des améliorations possibles dans quelques domaines : il faut surtout continuer à promouvoir d’une part les peuplements de vieux arbres et le bois mort, et d’autre part les forêts claires. Le bruit du trafic et l’utilisation intensive de la forêt pour les loisirs et le sport perturbent également de nombreuses espèces d’oiseaux.

Littérature & liens (généralités sur le thème « oiseaux et forêt ») :

Information sur les oiseaux forestiers sur la plateforme Promotion de la nature

Outre des améliorations générales apportées à leur milieu de vie, de nombreuses espèces d’oiseaux de forêt sont soutenues par des programmes spécifiques.

Nous fournissons ci-dessous des détails sur quelques espèces caractéristiques et souvent prioritaires d’oiseaux forestiers.

Pics
Peu de familles d’oiseaux se sont aussi bien adaptées à la vie en forêt et sur les arbres que les Picidés (Picidae), qu’il s’agisse de leurs caractéristiques morphologiques ou de leur acclimatation à toutes sortes d’habitats forestiers différents. C’est la raison pour laquelle nous les présentons ici un peu plus en détail. Sur les neuf espèces indigènes de pics, sept sont des habitants courants des forêts, avec des exigences très variées au niveau de leur habitat (Tableau tiré de Kalusche, 1999 (modifié et complété)) :

Espèce de pic Caractéristiques de l’espèce
Pic épeiche
(Dendrocopus major)
Généraliste. Habite les forêts de feuillus claires, mais aussi les forêts de conifères, les vergers, les parcs, etc. ; creuse des cavités dans les troncs ; trouve ses proies sous l’écorce en la déchiquetant à coups de bec ; espèce de pics la plus courante.
Pic mar

(Dendrocopos medius)

Spécialiste exigeant préférant les essences à écorce rugueuse, en particulier les chênes (hautes futaies et taillis sous futaie de chênes) ; construit des cavités de nidification également dans des branches inclinées ; trouve sa nourriture dans l’écorce lâche ou crevassée, sans la déchiqueter comme son cousin ci-dessus.
Pic épeichette

(Dendrocopos minor)

Même habitat que les deux espèces précédentes, mais avec une prédilection pour les essences à bois tendre comme les peupliers, les saules, et aussi les bouleaux pour la nidification ; évite les hautes futaies et les forêts d’Épicéas ; peut aussi creuser des cavités dans des branches assez minces ; se nourrit principalement de chenilles, de pucerons, ou de larves dans le bois pourri. Privilégie les stations de plutôt basse altitude.
Pic à dos blanc

(Picoides leucotos)

Vit dans les vieux peuplements (forêts de feuillus et mixtes) particulièrement riches en bois mort et peu impactés par la sylviculture. En Suisse, nouvellement établi depuis quelques années au nord des Grisons, au sud du canton de St-Gall et dans l’Oberland zurichois, mais reste très rare.
Pic tridactyle

(Picoides tridactylus)

Occupe principalement les forêts de l’étage subalpin (900-2100 m). A besoin d’une part importante de bois mort.
Pic noir

(Dryocopus martius)

Le plus gros pic d’Europe centrale ; a besoin de zones de forêts relativement vastes et interconnectées ; installe de préférence ses cavités de nidification dans de vieux Hêtres ou conifères ; le plus important foreur de cavités de la forêt ; recherche sa nourriture de préférence sur des arbres et des troncs mourants à faible hauteur.
Pic vert

(Picus viridis)

Pic à fourmis. Recherche sa nourriture de préférence au sol, p.ex. des fourmis ou des fruits ; se tient plutôt en lisière de forêt et dans les paysages semi-ouverts (vergers).
Pic cendré

(Picus canus)

Mode de vie similaire à celui du Pic vert, également « pic à fourmis », mais plus éclectique dans sa recherche de nourriture ; habite plutôt l’intérieur de forêts de feuillus riches en structures et pas trop denses, à des altitudes plus basses ; plus rarement, forêts de conifères claires jusqu’à env. 2000 m.


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Hêtraie riche en bois mort, habitat du Pic à dos blanc dans le Prättigau inférieur (GR)

Du fait surtout de la quantité croissante de bois mort dans les forêts suisses, les populations des espèces de pics ont augmenté d’une manière générale durant les dernières décennies.


Liens et littérature sur les pics en forêt :

Tétraoninés
La sous-famille des Tétraoninés inclut deux oiseaux qui sont très caractéristiques de la forêt, le Grand Tétras et la Gélinotte des bois, et dans une moindre mesure le Tétras Lyre. Tous les trois ont des exigences spécifiques, mais très différentes, quant à leur habitat.

Le Grand Tétras est surtout présent dans les forêts plutôt clairsemées, riches en conifères et en structures, dès environ 1000 m d’altitude jusqu’à plus de 2000 m. Au début du siècle, sa répartition couvrait encore de grandes portions du Jura, la quasi-totalité des Préalpes et du versant nord des Alpes, ainsi que de larges zones des Grisons. Sa distribution et ses effectifs ont énormément régressé au cours de ces dernières décennies en Suisse. Si les causes sont multiples, les changements intervenus dans son habitat (densification et assombrissement des peuplements forestiers) pèsent particulièrement lourd, de même que, dans une certaine mesure, les dérangements dus à l’accessibilité des forêts et l’utilisation qui en résulte pour les loisirs.

La Gélinotte des bois colonise avant tout les forêts mixtes et de conifères riches en couvert et en structures entre 1000 et 1900 m d’altitude. On la trouve dans la partie ouest du Jura et dans toute la zone alpine, des Préalpes du nord jusqu’au versant sud des Alpes. Au contraire des régions avoisinantes, la population suisse de Gélinotte des bois a tendance à augmenter depuis une vingtaine d’années.

Quant au Tétras Lyre, il est chez lui principalement à la limite supérieure de la forêt dans les Alpes, dans les zones de transition entre la forêt et les landes et les pâturages d’altitude. Ses effectifs fluctuent fortement selon les années, mais d’une manière générale restent relativement stables. Les menaces auxquelles il peut être confronté sont surtout les dérangements dus au tourisme, les modifications de l’utilisation du milieu alpin, et la chasse.

La diversité des petits habitats spécifiques nécessaires à chacune des trois espèces peut être comparée à l’aide des trois illustrations suivantes (source : Arbeitskreis forstliche Landschaftspflege, 1986: Biotop-Pflege im Wald; Abb. 60-62).

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Schéma d’un biotope à Grand Tétras, représenté ici dans une forêt mixte de montagne proche de l’état naturel ; 1) jeunes Épicéas, nourriture hivernale du coq, 2) place de parade en hauteur, 3) myrtilles, 4) place de danse au sol, 5) petits cailloux disponibles sous des souches, 6) reposoir abrité, 7) site de nidification protégé, 8) rameaux d’Épicéas, nourriture hivernale de la poule, 9) bain de poussière, 10) reposoir à découvert, 11) fourmilière, 12) feuilles de Hêtres, nourriture estivale et automnale (Scherzinger 1976).
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Schéma d’un biotope à Gélinotte des bois. La partie gauche du dessin montre la diversité des petits secteurs d’habitat qui composent le biotope dans une « forêt naturelle ». A droite figurent les structures secondaires de la forêt exploitée. 1) bourgeons de bouleaux, nourriture hivernale, 2) clairière avec sureaux et saules pour l’élevage des poussins, 3) rondins et souches, postes de chant pendant la parade, 4) Sorbier des oiseleurs dans les châblis, 5) site de nidification abrité, 6) fourrés de Hêtres, quartiers d’hiver, 7) talus de route pourvu d’arbustes à baies, 8) bains de poussière dans le sable sec, 9) lieu de repos et de repli dans la plantation d’Épicéas (Scherzinger 1976).
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Schéma d’un biotope à Tétras lyre, représenté ici dans un marais à Pins à crochets ; 1) bourgeons de bouleaux, nourriture hivernale, 2) arbre pour la parade, 3) surface dégagée pour la parade en groupe, 4) site de nidification abrité, 5) zone sèche en bordure pour l’élevage des poussins, 6) arbres reposoirs, 7) feuilles de saules, nourriture estivale (Scherzinger, 1976)

Il existe une littérature abondante sur le mode de vie, les exigences écologiques ainsi que les mesures de protection et la promotion ciblée de ces espèces de Tétraoninés :

Bécasse des bois
La Bécasse des bois est un oiseau forestier caractéristique, qui a quasi totalement disparu des forêts de plaine ces dernières années. Si elle a fortement reculé à l’est du Jura, la situation semble plus stable sur le versant nord des Alpes, mais la distribution et l’évolution des effectifs ne sont pas claires dans le reste de la zone alpine. Pour cette espèce aussi, les changements naturels survenus dans la structure des forêts (densification par l’augmentation du volume de bois) ainsi que la hausse des dérangements sont vraisemblablement les causes principales de cette tendance. Des mesures de conservation ciblée semblent donc indiquées pour cette espèce.

Littérature & liens :

Engoulevent d’Europe

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: L’Engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus) habite les forêts claires et les paysages semi-ouverts.

L’Engoulevent d’Europe est un habitant typique des forêts claires et des paysages semi-ouverts de basse et moyenne altitudes. Sa prédilection pour la chasse aux papillons de nuit exige une mosaïque de forêts claires sèches et de prairies peu végétalisées. Ce milieu ayant fortement reculé, l’Engoulevent d’Europe a totalement disparu du nord de la Suisse et ne niche plus que sur quelques sites des vallées des Alpes centrales et au sud du Tessin. Il est aujourd’hui fortement menacé en Suisse (statut LR : EN). La promotion des forêts claires en général et des mesures de conservation ciblées pour l’espèce sont donc urgentes.

Littérature & liens :

Chauves-souris forestières

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La forêt est un biotope capital pour toutes les chauves-souris, ou du moins un habitat partiel important.

Au fil de l’année, les chauves-souris font usage de différents biotopes selon leur espèce. En principe, on peut différencier pour chaque espèce des quartiers d’hiver, des gîtes de mise bas et un terrain de chasse, liés entre eux par des corridors de vol.

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Utilisation de la forêt par les espèces indigènes de chauves-souris. Toutes les espèces utilisent la forêt, mais pas de la même manière ni avec la même intensité. Les chauves-souris l’utilisent majoritairement comme gîte d’été, gîte d’hibernation, territoire de chasse et couloirs de vol. Plus la barre est longue, plus l’utilisation est importante. Données tirées de la base de données des Centres de coordination pour la protection des chauves-souris, des informations des spécialistes et de la littérature.

En forêt, les anciennes cavités de Pics noirs ou les arbres creux font souvent office de gîtes. Les petites espèces trouvent aussi leur bonheur dans les troncs crevassés ou fissurés, ou dont l’écorce est décollée, avec l’ouverture vers le bas. Dans les forêts rocheuses, les failles et cavités des rochers et falaises sont aussi d’importants gîtes potentiels pour les chauves-souris. Lorsque ce genre de structures et de petits habitats sont utilisés comme gîtes, il faut les protéger efficacement des dérangements voire des destructions, et les contrôler régulièrement. Dans les forêts offrant peu d’arbres creux et de bois mort sur pied, il est aussi possible d’installer des nichoirs spéciaux pour chauves-souris, dans la mesure bien sûr où les peuplements concernés entrent en ligne de compte en tant qu’habitats adéquats (voir aussi ch. « Nichoirs en forêt ». Les tas de branches et de bois morts sont parfois utilisés par les chauves-souris comme cachettes ou refuges.

Les chauves-souris indigènes se nourrissent presque exclusivement d’insectes et d’autres arthropodes. Pour cette raison, les forêts et structures forestières riches en insectes sont aussi des milieux de chasse idéaux pour les chauves-souris. Il faut citer en particulier :

  • les forêts riches en vieux bois et en bois mort (très importantes aussi pour les gîtes)
  • les forêts claires
  • les lisières de forêts riches en structures
  • les chênaies et hêtraies fermées (avec peu de sous-bois, surtout pour le Murin de Bechstein et le Grand Murin)
  • les forêts alluviales

Les gîtes et les terrains de chasse étant souvent éloignés les uns des autres, ils doivent être connectés par des corridors de vol adaptés. Les critères essentiels sont peu ou pas d’éclairage, et des structures paysagères verticales pour permettre l’écholocation et donc la protection contre les prédateurs. Les forêts sombres sont ainsi idéales.

Les risques posés par les mesures sylvicoles sont avant tout :

  • le manque d’arbres creux et de bois mort (pour les gîtes)
  • le reboisement par des essences de conifères sur le Plateau
  • l’asséchement des forêts humides et des petits plans d’eau forestiers

Littérature et liens :


Mammifères (sans les chauves-souris)
Parmi les mammifères, l’ours, le lynx et le loup font partie des espèces forestières cibles prioritaires au niveau national. À côté du fait que leur simple présence constitue de manière générale un apport précieux pour la biodiversité, ces grands prédateurs jouent un rôle important dans la chaîne alimentaire du milieu forestier, en particulier dans le contexte de la problématique forêt-gibier provoquée par les effectifs élevés d’ongulés sauvages. Vous trouverez de nombreuses informations à ce sujet sur le site internet du KORA.

L’équilibre naturel de la forêt est très influencé par les ongulés sauvages. On trouve dans ce groupe les espèces forestières indigènes que sont le chevreuil, le cerf, le chamois et le bouquetin. Au tournant du XXe siècle, le cerf et le bouquetin avaient été entièrement exterminés, et le chevreuil avait presque disparu aussi. Seul le chamois avait réussi à maintenir une présence constante dans les Alpes. Leur retour (cerf) ou réintroduction (bouquetin), et une législation sévère en matière de chasse, ont permis une forte croissance des quatre espèces, qui présentent aujourd’hui des effectifs allant largement au-delà de ce qui serait naturel dans des conditions semblables à celles des forêts primaires.

Les dégâts causés par ces animaux, à savoir l’abroutissement, l’écorçage et la frayure, perturbent gravement le rajeunissement naturel de certaines essences, ou entraînent même dans certaines régions l’interruption quasi-totale de la régénération nécessaire à long terme. Outre le Sapin blanc, essence importante pour la sylviculture, des essences précieuses pour la biodiversité sont aussi largement concernées, comme les chênes, l’If et le Sorbier des oiseleurs.

Parmi la littérature abondante existant sur ce thème, nous recommandons les travaux suivants pour de plus amples informations :

L’article sur les mammifères contient un tableau fournissant des détails comme les habitats, le besoin de protection, etc. pour tous les mammifères de Suisse. Le très discret Muscardin y est présenté plus en détail.

Conclusions sur les espèces et les taxons forestiers

En résumé, on peut tirer le bilan suivant de la situation actuelle pour les organismes forestiers : de nombreuses espèces forestières présentent des effectifs stables voire croissants. Deux milieux forestiers enregistrent toutefois des déficits écologiques significatifs, avec de nombreuses espèces menacées : les forêts claires, et les forêts âgées riches en bois mort.

Selon les Listes rouges, ces espèces menacées sont d’une part des organismes thermophiles et héliophiles, qui ont besoin de structures forestières claires, ouvertes, et d’une zone de transition diversifiée entre forêt et paysages ouverts. Elles sont devenues nettement plus rares au cours des dernières décennies, à cause de l’abandon des utilisations traditionnelles et de la densification et de l’assombrissement des forêts. Des mesures pour la conservation et l’amélioration des structures forestières ouvertes sont abordées dans le chapitre « Délimitation, sauvegarde et entretien de structures de peuplement particulières ».

Il s’agit d’autre part d’organismes qui dépendent des structures typiques des forêts âgées, avec des arbres immenses et en partie décomposés, et diverses formes de bois mort. On compte également beaucoup d’espèces de champignons mycorhiziens et décomposeurs de bois, de lichens et des coléoptère xylobiontes, mais aussi d’amphibiens et d’oiseaux divers. Le vieux bois et le bois mort ont certes un peu augmenté au cours des dernières décennies, mais pour permettre aux espèces souvent très spécialisées qui en dépendent de survivre durablement, le volume de bois mort et les surfaces de vieux peuplements et de phases de décrépitude doivent être encore nettement augmentées par des mesures adéquates (voir chapitre « Délimitation et sauvegarde d’îlots de sénescence, d’arbres-habitats et de bois mort ».

Ligneux rares et essences de haute valeur écologique

L’IFN désigne les essences comptabilisant moins de 1% du nombre total de tiges comme « essences rares ». On compte parmi elles la plupart des essences indigènes. Nombre d’entre elles sont aussi d’une grande valeur écologique, et sont des éléments caractéristiques d’associations forestières rares.

Il est impossible de définir clairement la valeur écologique des différentes essences. Leur compatibilité avec la colonisation par des champignons, insectes et autres arthropodes est un critère de poids, et elle dépend à son tour d’éléments structuraux comme la forme et la taille des troncs et des houppiers, la formation de l’écorce et d’autres micro-habitats, l’âge maximum des arbres ou la vitesse de décomposition du bois mort.

En Suisse (selon SwissFungi), ce sont ainsi le Hêtre, l’Épicéa et les aunes qui présentent le plus grand nombre d’espèces de champignons différentes, tandis que les saules (Salices), les chênes et les bouleaux hébergent très largement le plus d’espèces d’insectes et d’acariens (selon une étude britannique). Sur ce plan, les chênes occupent aussi souvent la première place.

Tableau : Nombre d’espèces de champignons et d’insectes associées à différentes essences. Données sur les champignons tirées de SwissFungi (2018); celles sur les insectes proviennent de Grande-Bretagne (Kennedy & Southwood, 1984). Source: WSL

Essence Nombre d'espèce de champignons Nombre d'espèce d'insectes et d'acariens
Hêtre 1190 98
Epicéa 1168 70
Aulne 895 141
Chêne 766 423
Pin 713 172
Sapin 700 n. a.
Frêne 673 68
Saule 659 450
Bouleau 431 334
Noisetier 431 106
Peuplier 421 489
Erable 393 94
Tilleul 332 57
Mélèze 311 38
Charme 305 51
Châtaignier 287 11
Sorbier 237 58
Orme 123 124
Noyer 86 7
Robinier 83 2
If 48 6


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Niedermann-Maier et al. (2010) utilisent une autre approche pour estimer la valeur écologique, qui évalue pour 461 arbres plus de 50 caractéristiques structurales en regard de leur importance pour 5 groupes d’organismes. Ici, si l’on compare 10 essences d’arbres parmi les plus courantes, les chênes et les pins prennent les devants.

L’IFN4 (Brändli, 2020, p.194) considère comme « de haute valeur écologique » les essences et les genres suivants, sans autre justification : saules, bouleaux, peupliers indigènes, Pin sylvestre, chênes, châtaigniers, Merisier et sorbiers. Parmi ces espèces, seuls les bouleaux, les peupliers et le Merisier ont gagné en nombre de tiges depuis les relevés de l’IFN3.


Il est important pour la protection de la nature en forêt de protéger et promouvoir aussi bien les essences rares que les essences de grande valeur écologique.

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De très nombreuses espèces de champignons poussent sur les Hêtres (Fagus sylvatica) et les Epicéas (Picea abies), tandis que les chênes sont les arbres les plus importants pour les insectes et les acariens. Concernant les structures, les chênes (Quercus sp.) et les pins (Pinus sp.) se disputent le haut du tableau.


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On dispose de nombreuses connaissances sur des espèces d’arbres rares tels que l’If (Taxus baccata) et l’Alisier torminal (Sorbus torminalis)


Promotion des essences d’arbres rares (projet SEBA, EPF Zurich)

De 1996 à 2012, la chaire d’écologie forestière de l’EPFZ a mené un projet d’envergure de promotion des essences d’arbres rares, SEBA, dont les objectifs étaient les suivants :

  1. Acquisition des connaissances manquantes concernant la répartition, les menaces, l’écologie (station) et la promotion sylvicole d’essences rares
  2. Sur cette base, mise en place de stratégies nationales et régionales de promotion, ainsi que de mesures sylvicoles pratiques, pour les essences rares
  3. Présentation concrète des résultats à des fins de sensibilisation et d’éducation des spécialistes de la protection de la nature et de la forêt, à tous les niveaux


Grâce au projet SEBA, des fiches signalétiques, des check-lists et toute une série de feuilles d’information très détaillées peuvent être téléchargées, en français et en allemand, pour les essences rares suivantes :

  • If
  • Alisier torminal
  • Orme pédonculé
  • Merisier
  • Noyer royal
  • Cormier
  • Érable plane
  • Poirier sauvage
  • Tilleul à petites feuilles & Tilleul à larges feuilles

Des projets spéciaux ont été consacrés à la conservation du Châtaignier cultivé et du Peuplier noir. On y trouve aussi des informations plus concises (sur la diffusion et les régions d’application des mesures) pour :

  • Orne
  • Saule fragile
  • Ormeau
  • Pommier sauvage
  • Peuplier blanc
  • Chêne chevelu

Informations complémentaires sur le projet SEBA (en allemand ou anglais) :

Les chênes et leur conservation

Les quatre essences de chênes indigènes (Quercus petraea, Q. robur, Q. pubescens et Q. cerris) sont de très grande valeur écologique et culturelle à une multitude d’égards, et hautement dignes de conservation :

  • Ils sont l’un des genres indigènes pouvant abriter le plus d’espèces animales.
  • Même en peuplement dense, les chênes laissent passer nettement plus de lumière à travers leur houppier que le Hêtre, par exemple. Cela signifie que leurs peuplements sont plus clairs, donc favorables à de nombreuses espèces héliophiles et thermophiles, et surtout cela favorise une strate arbustive bien structurée et souvent riche en espèces.
  • Les chênaies naturelles croissent souvent dans des stations plutôt extrêmes, à sol peu profond voire rocheux. Il n’est pas rare qu’il s’agisse de stations relictuelles, dont les biocénoses ont pu se maintenir depuis l’époque des chênaies mixtes postglaciaires.
  • D’après les connaissances actuelles, les chênes sont des essences d’avenir qui supportent les changements climatiques, en particulier le Chêne pubescent et le Chêne chevelu.
  • Les chênes font partie de notre patrimoine culturel. Ils étaient considérés comme des arbres sacrés par les peuples celtes et germaniques, qui ne permettaient pas qu’on les abatte. Ils ont aussi souvent servi pour délimiter le terrain ou rendre la justice, et les porcs ont longtemps été nourris de glands de chêne.

Les chênaies naturelles à croissance vigoureuse sur des sols profonds sont relativement rares en Suisse, comparé aux pays voisins d’Europe de l’Ouest ou centrale. Pour des raisons liées au climat, les plus basses altitudes également sont dominées par des hêtraies naturellement vigoureuses. Les peuplements dont la strate arborée comprend de vieux chênes puissants doivent leur existence à leur exploitation ancestrale en taillis sous futaie, qui a écarté le Hêtre normalement dominant et plus concurrentiel. Afin de conserver et promouvoir ces forêts de très haute valeur écologique, il faut continuer à les exploiter de manière très spécifique et ciblée (voir ch. « Délimitation et sauvegarde de réserves forestières » et « Délimitation, sauvegarde et entretien de structures de peuplement particulières »).

Les résultats de l’IFN4 (Brändli et al. 2020) montrent que le nombre de tiges des deux essences de chênes les plus courantes (Chêne sessile et Chêne pédonculé) a diminué respectivement de 21 % et 39 % depuis l’IFN1 (il y a juste 40 ans), alors que le volume de bois a au contraire augmenté de 17 %. Cela signifie qu’il y a aujourd’hui dans les forêts suisses moins de chênes mais qu’ils sont plus gros, autrement dit que le rajeunissement de cette essence est insuffisant. Les peuplements dans lesquels les chênes dominent sont aujourd’hui relativement rares, avec une part de 2% (env. 24 000 ha) de la superficie totale des forêts, alors que la surface qu’ils occupent n’a pas changé depuis le dernier inventaire il y a près de 10 ans (Brändli et al., 2020, p. 195).

La conservation des chênes est un objectif reconnu depuis quelques années au niveau de la recherche et de l’économie forestière, et la littérature spécialisée s’est par conséquent enrichie.

Il faut mentionner particulièrement l’association « proQuercus », qui depuis 2001 s’est fixé pour objectif « de préserver et d'encourager la culture du chêne en tenant compte des aspects écologiques, économiques et culturels ». On trouve sur la page d’accueil de nombreuses informations et publications à télécharger.

Littérature complémentaire sur la conservation des chênes :

D’autres essences sont soutenues par des associations qui mettent à disposition toute une palette d’informations à leur sujet :


On trouve aussi d’autres portraits d’arbres.

Provenance des essences et projet « Generhaltungsgebiete Schweiz » (gene conservation units GCU), EPF Zurich

Les populations autochtones d’une essence ayant poussé depuis des générations sur un site particulier sans intervention humaine se sont adaptées de manière optimale, par des processus de sélection naturelle, aux conditions stationnelles. Ces caractéristiques fixées dans le patrimoine génétique peuvent être aussi bien morphologiques que physiologiques. Elles peuvent s’exprimer par exemple par des formes ou comportements de croissance différenciés, par des adaptations spécifiques à différentes conditions climatiques ou pédologiques, mais aussi par une résistance variable face aux nuisibles ou aux maladies. On parle ici de race climatique ou locale, ou de l’écotype d’une essence. Les essences naturellement très répandues comme le Pin sylvestre ou l’Épicéa, qui sont présents dans différentes zones climatiques, existent sous la forme de nombreux écotypes différents. En sylviculture, l’importance de l’origine exacte ou provenance des essences est connue depuis longtemps. Elle joue notamment un rôle important dans l’afforestation – particulièrement en montagne –, lors du choix de semences adaptées ou de plantons, mais aussi pour la production optimale de bois d’œuvre de valeur à partir d’essences spécifiques.

Selon la définition complète de la biodiversité, la diversité génétique au sein des différentes espèces en est un des axes. Cela vaut donc aussi pour la diversité génétique des essences d’arbres, qui doit être garantie spécifiquement par la sélection de zones de conservation des ressources génétiques et être maintenue sur le long terme. À cet effet, l’EFP Zurich a lancé en 2013 le projet « Generhaltungsgebiete Schweiz » consacré aux GCU (gene conservation units, unités de conservation des ressources génétiques). Le but premier du projet est la conservation dynamique et le monitoring de la diversité génétique d’essences d’arbres importantes en Suisse, par la délimitation d’unités de conservation génétique, intégrée dans la stratégie paneuropéenne dans ce domaine. Des unités de conservation représentatives de peuplements adéquats d’essences cibles doivent notamment être délimitées, et un cadastre de conservation génétique établi.

De la documentation et des informations complémentaires sur ce projet sont disponibles (en allemand et en anglais) sur le site Projekt Generhaltungsgebiete Schweiz, ETH Zürich.

Forêt primaire

Pour mieux comprendre les processus écologiques et la dynamique naturelle des forêts, il faut se pencher, aussi bien sous l’angle de la protection de la nature que celui de la sylviculture, sur les structures et processus à l’œuvre dans les forêts non touchées par la présence humaine. Ce type de « forêts primaires » n’existe quasi plus dans le paysage cultivé traditionnel d’Europe centrale et du Sud. Il n’y a presque plus qu’en Europe de l’Est et du Sud-Est qu’on en trouve encore de relativement grandes étendues. C’est la raison pour laquelle les connaissances actuelles sur les forêts primaires européennes reposent avant tout sur la recherche intensive – sylvicole et scientifique – menée dans ces forêts depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les découvertes et les modèles forestiers qui en ont été tirés sont à l’origine d’une part considérable des actions actuelles de protection des forêts et de la sylviculture proche de la nature, en Suisse et dans les pays voisins.

Littérature :

Définitions :
On appelle « forêts primaires » les forêts dans lesquelles aucune exploitation humaine passée n’est connue ni reconnaissable, ou alors de manière si peu significative et si ancienne qu’elle n’a pas d’influence sur le cortège actuel des essences, la structure de la forêt, le volume de bois mort et la dynamique forestière (Brang et al. 2011, S. 14ss). Les forêts dans lesquelles des utilisations antérieures se sont produites mais ne sont plus repérables sont nommées « forêts secondaires ». Les forêts composées d’essences indigènes à la station, issues du rajeunissement naturel et qui ont pu se développer librement, mais dont on perçoit encore la trace d’anciennes interventions, sont appelées « forêts naturelles ». Il n’est toutefois pas toujours possible d’attribuer clairement une forêt à l’une de ces trois catégories.

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Sur 300 à 600 ans (selon la composition des essences et les conditions stationnelles), un peuplement primaire traverse plusieurs stades de développement, dont chacun présente un processus de croissance et une structure caractéristique. Le cycle part d’un stade initial ouvert et va jusqu’à l’effondrement avancé de l’ancien peuplement, qui crée les conditions nécessaires à la croissance de la génération suivante. Une forêt primaire de grande étendue est constituée d’une mosaïque de peuplements qui se trouvent à différents stades de développement, et qui forment ensemble un équilibre dynamique. Source : Scherzinger, 1996 (ill. 39)

Il faut toutefois souligner que ce cycle modélisé de forêt primaire ne se déroule pas nécessairement dans son entier. Les événements comme les tempêtes, les incendies ou les invasions de nuisibles peuvent interrompre ou faire régresser cette dynamique de toutes sortes de manières.

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Source : Scherzinger, 1996 (ill. 30c); Anfangswald = forêt pionnière ; Übergangswald = forêt de transition ; Schlusswald = forêt climacique ; Optimalphase = phase optimale ; Altersphase = forêt ancienne ; Plenterphase = forêt jardinée ; Zerfallphase = phase de décrépitude ; Verjüngungsphase = phase de régénération

Dans cette dynamique de la forêt primaire, les structures qui ont le plus de valeur écologique sont présentes au cours du stade dit de décrépitude. Les plus vieux arbres encore sur pied atteignent alors des dimensions impressionnantes au niveau du diamètre des troncs et de l’ampleur du houppier. Les branches mortes, le terreau, les cavités et, suivant l’essence, l’écorce grossière, offrent une large palette de grandes et petites structures. De nombreux arbres sont déjà morts et constituent un volume de bois mort couché et sur pied à divers stades de dégradation. De ce fait, des espaces plus grands se sont aussi formés dans le peuplement, qui laissent entrer à l’intérieur de la forêt beaucoup de lumière et de chaleur mais aussi de précipitations, et qui influencent notamment la formation du sol (en particulier, la minéralisation et donc la libération de nutriments). Lors de cette phase, la biodiversité est à son comble car de nombreux organismes y trouvent les conditions spécifiques d’habitat dont ils ont besoin, qui sont absentes ou peu présentes dans les autres stades de la dynamique de la forêt primaire.

Les caractéristiques typiques des forêts primaires peuvent être résumées comme suit (Brang et al. 2011, encadré 1.2, p. 21) :

  • Les arbres géants et/ou les vieux arbres sont courants
  • Quelques arbres atteignent leur âge biologique maximal
  • On trouve du bois mort couché ou sur pied à divers stades de décomposition
  • La structure du peuplement est hétérogène, et différents stades de développement alternent en une mosaïque
  • Les phases de développement se chevauchent
  • L’âge des arbres et le diamètre des troncs sont variables sur une même petite surface
  • La biomasse est importante
  • La palette des essences est naturelle
  • On ne trouve pas trace d’utilisations anthropiques telles que souches d’arbres abattus, pistes de débardage, plantations, traces de pâturages, etc.

On ne trouve plus en Suisse que très peu de forêts primaires au sens strict ou quasi intouchées :

  • Derborence (commune de Conthey VS) : pessière-sapinière de l’étage haut-montagnard
  • Bödmeren (commune de Muotathal SZ) : pessière subalpine et pinède de montagne en zone karstique
  • Scatlè (commune de Brigels GR) : pessière subalpine sur éboulis

D’autres surfaces boisées plus petites et intactes, avant tout dans des stations extrêmes des Alpes et du Jura, remplissent probablement aussi les critères stricts d’une forêt primaire.

La délimitation de réserves forestières naturelles constitue la mesure adéquate pour conserver et protéger les forêts similaires aux forêts primaires, ou pour donner aux peuplements proches de l’état naturel une dynamique semblable à celle des forêts primaires sur le long terme (voir chapitre Délimitation et sauvegarde de réserves forestières.

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Il n’existe que peu de forêts primaires en Suisse, et elles sont de petite taille (ici celle de Derborence)

Types d’exploitation forestière

À partir du néolithique, si ce n’est pas avant, l’être humain a exercé une influence toujours plus forte sur les forêts primaires originelles d’Europe centrale. Les surfaces boisées ont été surtout élaguées, défrichées et consacrées à la pâture à des fins d’agriculture et d’habitation, et ce qui restait de forêt généralement saccagé. C’est au cours du 19e siècle qu’une gestion organisée des forêts, dans le but de garantir une production durable de bois, s’est établie en Europe.

L’économie forestière d’aujourd’hui distingue les modes d’exploitation suivants :

  • futaie (79%)
  • taillis sous futaie (0.3%)
  • taillis (3.6%)

Les différences se situent au niveau du type de rajeunissement et d’interventions sylvicoles, et ont pour conséquences des structures spatiales, d’essences et d’âges très diversifiées, qui sont déterminantes pour la valeur écologique et la biodiversité. L’importance de ces régimes en Suisse est actuellement très variable (voir descriptions ci-dessous).

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La futaie est de loin le mode de gestion le plus courant, avec 79%. Le taillis sur de grandes surfaces ne concerne que le Tessin et les vallées sud des Grisons, tandis que le taillis sous futaie n’est présent que sur 0.3% de toute la surface forestière de la Suisse.

La sylviculture utilise le concept de 'durée de révolution. Il désigne, en années, la période s’écoulant entre la création et l’exploitation d’un peuplement forestier.

Futaie

La futaie est aujourd’hui la forme d’exploitation forestière habituelle en Europe centrale, et de loin la plus courante, . Les pousses sont des « francs-pieds » issus de graines. La durée de révolution est généralement de 100 à 150 ans. On distingue d’une part la futaie traitée par coupe (c’est-à-dire le rajeunissement et le traitement par surfaces des peuplements forestiers, p.ex. coupe rase ou régénération en coupe progressive par groupes et bouquets), et d’autre part la futaie exploitée pied par pied (forêt jardinée et forêt permanente). Selon l’IFN4, près de 79 % de la totalité de la surface forestière est utilisée en futaie, dont 7 % en forêt jardinée ou forêt permanente. (voir aussi Termes de sylviculture, structures forestières et structures des peuplements.

À part la durée de révolution, la valeur écologique de la futaie dépend surtout de la forme de rajeunissement et de la composition des essences. En règle générale toutefois, les structures de haute valeur écologique y sont relativement peu présentes.

Aujourd’hui en Suisse, les deux modes de sylviculture suivants jouent un rôle très secondaire sur le plan économique, et occupent une part minime de la surface forestière. Ils ont néanmoins représenté, pendant des siècles, les formes d’utilisation traditionnelles habituelles. C’est la raison pour laquelle on les désigne parfois comme des formes historiques de sylviculture.

Taillis

La gestion en taillis est la plus ancienne forme de production de bois. Les peuplements se constituant par rejets de souches, leur reproduction est donc végétative. Ils servent surtout à produire du bois de chauffage, bien que d’autre utilisations aient aussi été significatives dans certaines régions (p.ex. production de tan dans les taillis de chênes). Les durées de révolution sont très courtes, puisqu’après 15 à 25 ans environ les rejets sont déjà recepés. Le régime de taillis ne joue pratiquement plus aucun rôle aujourd’hui en Suisse – il ne couvre selon l’IFN4 que 3,6 % de la surface forestière. Ce n’est que sur le versant sud des Alpes qu’il est encore un élément important des forêts locales puisqu’il représente 16,3% de la surface forestière, mais il n’y est quasi plus exploité non plus. Dans les pays dont l’économie forestière est mal organisée ou inexistante, les taillis demeurent cependant un élément notable du paysage, et jouent souvent un rôle significatif dans l’approvisionnement local en bois de chauffage.

Si le taillis est économiquement peu rentable, il présente en revanche une valeur écologique importante. Sur la durée, les essences d’arbres et d’arbustes formant facilement des rejets s’imposent face aux espèces climaciques. Il s’agit avant tout de Charmes communs et de chênes, et au sud de la Suisse de Châtaigniers cultivés ou de Charmes houblon. En général, les noisetiers et d’autres essences d’arbustes à croissance rapide sont aussi très favorisés. Si les conditions stationnelles le permettent, les frênes, les tilleuls ou l’Aulne blanchâtre profitent également du régime de taillis. À l’inverse, le Hêtre est généralement évincé, même des stations dont il est caractéristique. La récolte de bois s’effectue le plus souvent par surfaces, ce qui a pour conséquence une mosaïque de structures de peuplements changeantes et dynamiques, représentant toute une palette de zones – d’ouvertes à très fermées. Les espèces animales et végétales héliophiles et thermophiles y trouvent ainsi des conditions idéales, surtout pendant les premières années après une coupe.

Du point de vue écologique, les inconvénients du taillis sont l’absence totale de vieux bois et de bois mort, et la relative pauvreté en structures. Pour les mesures de promotion du taillis, voir chapitre « Délimitation, sauvegarde et entretien de structures de peuplement particulières »

Littérature :

Taillis sous futaie

Cette forme hybride de futaie et de taillis était autrefois très répandue dans le domaine des forêts de feuillus des zones relativement chaudes, et a même joué un rôle important sur le Plateau suisse. Les grands arbres de la strate supérieure sont des francs-pieds issus de graines, et servent à la production d’assortiments de bois de valeur (bois d’œuvre ou d’ébénisterie). Par ailleurs, le même peuplement permet également une sorte de sylviculture en taillis pour la production de bois de chauffage. Ces ligneux sont désignés comme le « sous-étage », et forment les strates inférieure ou intermédiaire d’un taillis sous futaie. Leur exploitation correspond à celle du taillis, et les interventions sont décrites comme des coupes de rénovation.

Si en France, par exemple, des forêts relativement grandes sont encore exploitées en taillis sous futaie dans les régions de chênaies naturelles, elles sont devenues pratiquement inexistantes dans les forêts suisses. Selon l’IFN4, elles ont reculé pour atteindre 0,3 % de la superficie. Les taillis sous futaie autrefois dominants sur le Plateau sont presque toutes devenus des futaies. Les surfaces restantes sont encore entretenues, et à nouveau quelque peu favorisées, principalement pour des raisons de protection de la nature.

Contrairement à leur valeur économique aujourd’hui insignifiante, l’importance écologique des taillis sous futaie est considérable, avec une biodiversité exceptionnellement riche. Si la grande diversité en structures y est pour quelque chose, c’est leur composition particulière d’essences qui en est la cause principale. L’exploitation en taillis sous futaie, souvent pendant des siècles, a en général fortement modifié la végétation ligneuse naturelle d’origine. Les chênaies à charme du Plateau sont ainsi le plus souvent issues de hêtraies naturelles. En Suisse, les peuplements de chênes de haute taille proviennent principalement de l’exploitation en taillis sous futaie. Pour le Pic mar, qui colonise de préférence les forêts comportant de grands et vieux chênes, le taillis sous futaie est un habitat particulièrement favorable.

Cette richesse en structures caractéristique est due, d’un côté, à la part élevée de vieux arbres géants peu serrés dans la strate supérieure. Ils offrent de grands et larges houppiers qui – selon l’essence – abritent de nombreux microhabitats très précieux, avec une écorce rugueuse, des branches mortes ou des cavités. Grâce à un sous-étage régulièrement recepé, la palette de structures de haute valeur écologique s’étoffe considérablement. Des surfaces ouvertes dotées d’une riche strate herbacée alternent à brefs intervalles avec une strate arbustive dense et de nombreuses lisières internes. Cette richesse en structures et une dynamique constante, avec un grand nombre de niches écologiques, expliquent le haut niveau de biodiversité des taillis sous futaie.

Pour la conservation et la promotion des taillis sous futaie à des fins de protection de la nature, il convient d’aménager des réserves forestières spéciales (voir chapitre « Délimitation, sauvegarde et entretien de structures de peuplement particulières.

Littérature & liens :

  • Arbeitskreis forstliche Landschaftspflege, 1986: Biotop-Pflege im Wald, Kap. 3.2.5.3
  • Blab, 1993: Grundlagen des Biotopschutzes für Tiere, S. 310ff.

Font partie des formes spéciales d’exploitation forestière :

  • les pâturages boisés
  • les selves
  • les plantations

Forêts pâturées et pâturages boisés

Les forêts pâturées et les pâturages boisés sont une forme traditionnelle de double utilisation : pâture du bétail d’une part et production de bois d’autre part. Les forêts pâturées et les pâturages boisés sont expressément soumis à la loi fédérale sur les forêts (LFo art. 2, al. 2, let. a).

C’est surtout sur les hauteurs du Jura et dans la zone alpine que ces surfaces ont eu et ont toujours une grande importance paysagère. Pendant des siècles, les forêts ont représenté une source importante de nourriture supplémentaire pour les chèvres, les porcs ou les bovins, qui se nourrissaient aussi bien de la végétation au sol que du feuillage et du bois ainsi que des fruits des arbres (glands, faines). Comparées aux forêts naturelles et aux forêts exploitées, les forêts pâturées présentent des structures plus ouvertes et souvent d’autres essences dominantes. L’Épicéa a ainsi été fortement favorisé dans le Jura, et le Mélèze dans la zone alpine. Le plus souvent, les pâturages boisés forment des mosaïques de pâturages ouverts utilisés extensivement et de peuplements forestiers lâches. Il en résulte une grande biodiversité, et aussi de très beaux paysages qui sont autant d’espaces de détente accueillants.

Avec la loi sur la police des forêts de 1902, les pâturages boisés ont en principe été interdits parce que considérés comme « exploitation préjudiciable », mais cette disposition n’a jamais pu être totalement appliquée jusqu’à ce jour, du fait de l’importance de cette double utilisation pour l’agriculture. Pendant longtemps, les services forestiers se sont efforcés de séparer de manière plus claire les deux formes d’exploitation, en procédant à des délimitations forêts-pâturages. De plus, dans de nombreuses régions difficiles d’accès, l’exploitation des pâturages s’est faite de plus en plus extensive au cours des dernières décennies, voir a été totalement abandonnée. Dans d’autres zones, le pâturage des forêts est devenu plus intensif. Dans les deux cas et pour des raisons différentes, ces changements d’utilisation entraînent un appauvrissement de la biodiversité, et les beaux paysages offerts par cette mosaïque caractéristique de forêts et de pâturages disparaissent toujours davantage. Pour conserver ou restaurer la valeur écologique et paysagère de ce genre de surfaces, les pâturages boisés font à nouveau l’objet d’entretien et d’exploitation ciblés. Cela fait également partie des objectifs et mesures de l’OFEV pour la conservation de la biodiversité en forêt.

Littérature et liens :

Selves

Les selves sont des prairies ou des pâturages boisés de type parc, dans lesquels poussent le Châtaignier cultivé (Castanea sativa) ou le Noyer royal (Juglans regia). Comme pour les pâturages boisés, il s’agit explicitement de forêts sur le plan juridique (LFo art. 2, al. 2, let. a), malgré un boisement souvent limité. Ce sont des formes de culture anciennes, combinant exploitation agricole et exploitation forestière. Les arbres fournissent du bois et des fruits, tout en permettant la récolte de foin ou la pâture. Ils sont répandus principalement sur le versant sud des Alpes, en selves de châtaigniers, jusque vers 1000 m. Les châtaignes étaient autrefois une source importante de nourriture, raison pour laquelle les châtaigneraies sont généralement en mains privées. Les arbres étaient entretenus et taillés, et fournissaient d’innombrables variétés de châtaignes destinées à toutes sortes d’utilisation.

Au cours des dernières décennies, les selves et les châtaigniers ont presque entièrement perdu leur importance primordiale. Les selves ne sont plus exploitées, et les peuplements poussent avec un sous-étage dense.

Depuis quelques temps, pour des raisons aussi bien historiques qu’esthétiques et de protection de la nature, quelques selves potentiellement intéressantes sont remises en état et entretenues de manière ciblée. L’instrument adéquat, sur ce plan, est d’abord la délimitation de réserves forestières spéciales (voir chapitre « Délimitation, sauvegarde et entretien de structures de peuplement particulières ».

Littérature et liens : - Associazione dei castanicoltori della Svizzera italiana (en italien) - Verein pro Kastanie Zentralschweiz (en allemand) - Bibliographie sur le châtaignier au Tessin (en italien)

Plantations

Dans les plantations, on cultive une seule essence à croissance rapide, selon des méthodes agricoles, pour la production de bois ou de cellulose, et on la récolte après une courte durée de révolution. En Suisse, il s’agit avant tout de plantations de peupliers hybrides, couvrant moins de 0,1 % de la surface forestière totale. Leur valeur écologique est très faible, et on ne peut pas vraiment les considérer comme un écosystème forestier.

Comparaison entre forêt naturelle/forêt primaire et forêt exploitée

Même les forêts exploitées de manière durable et proche de l’état naturel présentent souvent des déficits écologiques manifestes en comparaison avec les forêts primaires. Les forêts exploitées par surfaces sont généralement soumises à des durées de révolution de 80 à 150 ans, et même dans les forêts jardinées et les forêts permanentes, les plus vieux arbres sont abattus avant qu’ils ne présentent de signes de décrépitude. Si on regarde la dynamique des forêts primaires, on ne trouve ce type d’arbres ou de peuplements mûrs que dans la phase optimale, c’est-à-dire dans la première moitié de la vie d’un peuplement primaire. Les stades de sénescence et de décrépitude, en particulier, ne sont ainsi jamais atteints dans une forêt exploitée. Ce sont pourtant ces stades qui abritent la plus grande richesse en structures, la part la plus élevée de bois mort, et donc également la diversité faunistique et floristique la plus élevée (en particulier les mousses, les lichens et les champignons) à laquelle peut parvenir un peuplement au cours de sa longue vie. Les espèces xylobiontes, notamment, c’est-à-dire qui sont entièrement dépendantes de vieux bois et de bois mort, sont ainsi menacées dans leur existence, et figurent par centaines sur les Listes rouges.

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Les phases de sénescence et de décrépitude comportant beaucoup de bois mort et favorables à de nombreuses espèces, ne peuvent pas apparaître dans une forêt qu’on exploite avec une révolution de 80 à 150 ans. Source : Réserves forestières naturelles et îlots de sénescence comme mesure de conservation de vieilles forêts

Par ailleurs, les forêts qui sont gérées sous des régimes traditionnels, comme les taillis sous futaie ou les forêts pâturées, offrent en générale une biodiversité plus riche que les forêts exploitées, car elles abritent des espèces héliophiles et thermophiles. De nombreuses espèces de ces milieux forestiers figurent aussi sur les Listes rouges.

Structure de haute valeur écologique : bois mort, arbres-habitats

Bois mort

Le terme de « bois mort » recouvre des formes très diverses de bois mort : arbres sur pied (chandelles) ou troncs couchés, branches mortes sur des arbres vivants, souches ou encore disques racinaires. Le bois mort est décomposé principalement par des champignons lignivores et par l’activité d’insectes. Les stades avancés de décomposition, comme le bois pourri ou le terreau, sont considérés comme du bois mort. La rapidité avec laquelle le bois mort se décompose et finit par se transformer en humus, et sous quelle forme, dépend des conditions stationnelles (humidité de l’air et du sol, températures, végétation au sol, etc.), et surtout de la vitesse de décomposition des différentes essences.

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Environ 6000 organismes forestiers sont inféodés au bois mort, parmi eux beaucoup de champignons et de coléoptères.

Une forêt s’enrichit de bois mort principalement pendant le stade dit de décrépitude, lorsque la majorité des arbres âgés de plusieurs centaines d’années et de dimensions considérables meurent progressivement. Les arbres n’atteignent toutefois ces âges pratiquement que dans les forêts primaires.

Dans les forêts primaires européennes, le volume de bois mort se monte à près de 140 m3/ha en moyenne, avec toutefois de grandes variations selon les peuplements. En comparaison, ce volume moyen est de 24 m3/ha en Suisse (résultat de l’IFN4). Sur le Plateau, où prédominent des forêts exploitées pauvres en bois mort, la moyenne selon l’IFN4 est de 15 m3/ha, et dans les Alpes, dont les forêts sont de moins en moins exploitées (voire plus du tout), de 30 m3/ha.

Un quart environ de tous les organismes forestiers, c’est-à-dire près de 6000 espèces, sont inféodés au bois mort. Outre la quantité de bois mort, sa position (sur pied/couché), sa dimension (épais/mince), son microclimat (chaud/frais et sec/humide) et son degré de décomposition revêtent une importance vitale pour beaucoup d’organismes vivants souvent extrêmement spécialisés. De nombreux champignons et insectes, en particulier, notamment des coléoptères, dépendent exclusivement de bois mort de qualités très variées, et prennent souvent une part primordiale aux processus de décomposition. Les espèces qui se nourrissent partiellement ou entièrement de bois, et qui passent au moins une des phases de leur vie dans le bois, sont dites xylobiontes (« habitants du bois ») (voir chapitre « Espèces et taxons forestiers ». D’autres groupes d’organismes courants sur le bois mort sont les mousses et les lichens. Les vertébrés utilisent également les petites structures offertes par le bois mort, comme les cavités, ou y cherchent leur proie. C’est particulièrement le cas des espèces de pics, dont les cavités de nidification sont ensuite « recyclées » par certaines espèces de rapaces nocturnes et de chauves-souris, d’oiseaux et de Gliridés. Enfin, on compte également des espèces d’amphibiens et de reptiles parmi les utilisateurs du bois mort.

Des recherches ont montré que la plupart des espèces xylobiontes des forêts européennes ont besoin pour leur survie à long terme de 20 à 50 m3/ha de bois mort – et même de plus de 100 m3/ha pour certaines espèces rares et particulièrement spécialisées. Les étages de végétation et leurs différents types de forêts ont aussi une influence sur ce plan : si la majorité des espèces xylobiontes des forêts de feuillus hêtres-chênes de basse altitude ont besoin de 30-50 m3/ha de bois mort, celles des forêts mixtes de l’étage montagnard ont besoin de 30-40 m3/ha et les espèces des forêts de conifères des étages supérieurs de 20-30 m3/ha. Outre la quantité, la taille du bois mort peut aussi être décisive pour la survie des espèces. Par exemple, certaines espèces de coléoptères de grande taille ne sont présentes que dans les forêts âgées comportant suffisamment de gros troncs de bois mort. (Sources : Müller et al., 2010 : A review of habitat thresholds for dead wood: a baseline for management recommendations in European forests. European Journal of Forest Research 129/981–992; Lachat et al., 2013 : ch. 2.2. Besoins quantitatifs et qualitatifs en bois mort pour la conservation de la biodiversité saproxylique, dans : Les approches intégratives en tant qu’opportunités de conservation de la biodiversité forestière (Kraus et al. 2013).

Si on considère le volume de bois mort dans les forêts suisses à l’aune des besoins indiqués ci-dessus, on constate que les quantités moyennes disponibles ne sont pas suffisantes pour couvrir les besoins des organismes qui en dépendent, en particulier dans les forêts de feuillus du Plateau. Les conditions sont plus favorables dans les forêts âgées et peu exploitées des Alpes et des Préalpes, où on trouve très localement des volumes de bois mort de 100-200 m3/ha.

Il n’est pas étonnant, par conséquent, que de nombreuses espèces dépendantes du bois mort figurent dans les Listes rouges ainsi que dans la Liste des espèces prioritaires au niveau national.

Il existe une littérature abondante sur l’habitat bois mort et ses habitants caractéristiques. La Notice pour le praticien N° 52, (Lachat et al., 2019), « Bois mort en forêt. Formation, importance et conservation » offre un aperçu pratique et très instructif sur le sujet.

Littérature & liens :

Arbres-habitats (arbres-biotopes)

Jusqu’à présent, un arbre de haute valeur écologique était généralement désigné dans la littérature par le terme d’« arbre-biotope », qui est toutefois de plus en plus souvent remplacé par celui d’« arbre-habitat ». Nous utilisons indifféremment les deux termes dans le présent article.

Les vieux arbres à vaste houppier et tronc épais présentent en règle générale de nombreuses petites structures et microstructures de haute valeur écologique, qui sont utilisées comme microhabitats par d’innombrables organismes forestiers souvent hautement spécialisés. Parmi ces structures figurent toutes sortes de formes de bois mort – des branches mortes aux cavités à terreau –, les cavités creusées par les pics, les poches de l’écorce, les blessures du tronc par chutes de pierre ou par la foudre, les zones colonisées par les épiphytes ou le lierre, etc. Les arbres morts ou mourants de dimension suffisante offrent aussi ce type de microhabitats de grande valeur, et sont donc également considérés comme des arbres-habitats.

Dans les forêts primaires, ils apparaissent surtout pendant les phases de sénescence et de décrépitude, avec la riche biodiversité qui les accompagne. Ils sont en revanche largement absents des forêts exploitées, surtout sur le Plateau malgré une sylviculture proche de la nature, et avec eux une bonne partie des espèces forestières xylobiontes qui leur sont inféodées.

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Un arbre biotope offre un habitat aux pics, aux chauves-souris, aux champignons, aux lichens, aux plantes et à de nombreux insectes et arachnides.

La méthodologie appliquée pour caractériser et recenser les arbres-habitats de manière unifiée a été standardisée par un projet international mené par des spécialistes d’Europe centrale et occidentale. L’axe principal de ce projet est un catalogue hiérarchique des microhabitats des arbres (dendromicrohabitats). Le niveau le plus élevé est constitué de 7 formes basées sur les caractéristiques morphologiques :

  • cavités au sens large
  • blessures du tronc et bois apparent
  • bois mort dans le houppier
  • excroissances
  • sporophores de champignons et myxomycètes
  • structures épiphytes, épixyliques ou parasites
  • exsudats

Ces 7 formes sont divisées en 15 groupes, eux-mêmes divisés en 47 types à un troisième niveau. Les arbres-habitats et la méthodologie de leur recensement sont décrits en détail dans la Notice pour le praticien 64 (voir la littérature). D’autres informations et illustrations figurent dans un guide de poche très pratique (voir la littérature), ainsi que dans un catalogue détaillé servant de référence pour les recensements de terrain (Kraus 2016, voir la littérature).

Le recensement et la promotion des arbres-habitats en forêt sont traités dans le chapitre « Mesures générales de revalorisation ».


Littérature & liens :

Forêts claires

Offrant beaucoup de lumière et de chaleur, les forêts claires ouvertes et leur microclimat particulier sont l’habitat de nombreuses espèces animales et végétales spécialisées. Il s’agit pour une part d’associations forestières naturelles dans des stations extrêmes, mais aussi d’anciennes utilisations traditionnelles de la forêt (p.ex. en taillis ou taillis sous futaie, pâturages boisés, exploitation du foin) voire de surexploitation. Nombre de ces forêts, suite à un changement de régime ou même à l’abandon de l’exploitation, sont devenues plus sombres, plus fraîches et moins riches en structures, du fait de la modification naturelle du cortège des essences (p.ex. remplacement du Pin par le Hêtre, plus concurrentiel), avec pour conséquence la disparition des espèces végétales (y compris ligneuses) héliophiles caractéristiques et souvent rares, ou des espèces animales thermophiles.

Depuis 2020 existe le plan d’action « Forêts claires ». Il a été élaboré par InfoSpecies sur mandat de l’OFEV et en collaboration avec le groupe de travail Biodiversité en forêt de la Société forestière suisse. Il couple la promotion des espèces et celle des habitats. Pour une surface forestière donnée, un outil en ligne permet de dresser une liste des espèces cibles spécifiques à cette station – à la fois présentes potentiellement et effectivement attestées. En outre, les associations forestières appropriées pour la création de forêts claires sont décrites individuellement, y compris les principes de gestion adaptés aux besoins des espèces cibles. Pour la planification et la mise en œuvre de projets « Forêts claires », les espèces cibles actuellement et potentiellement présentes ainsi que leurs exigences en matière d’habitat peuvent ainsi être prises en compte. La liste des espèces cibles des forêts claires en comprend 234.

Pour les informations concernant la promotion des forêts claires, voir chap. « Délimitation, sauvegarde et entretien de structures de peuplement particulières ».

Littérature & liens :

Stratégie de protection de la nature dans les forêts suisses

Il y a quelques décennies encore, la théorie dite « du sillage » était prédominante, y compris concernant l’écologie et la protection de la nature en forêt. Le principe était le suivant : on considérait que dans le sillage de la primauté de l’exploitation durable de la forêt, toutes les autres fonctions forestières pouvaient aussi être remplies de manière optimale. Les mesures ciblées en faveur de la protection de la nature étaient ainsi mises en œuvre par les forestiers individuellement, plutôt que de constituer des axes importants de la politique forestière. Les préoccupations concernant la protection de la nature, venant notamment des ONG, étaient même souvent sources de conflits avec les services forestiers, par exemple concernant la desserte des forêts.

La prise de conscience croissante des liens écologiques et de l’importance de la forêt comme milieu naturel doté d’une biodiversité exceptionnelle, a clairement changé les choses. La protection de la nature en forêt est devenue depuis un thème central de la politique et de la planification forestières nationales et cantonales.

Dans l’article énonçant son but, la loi sur les forêts exige la protection de la forêt en tant que milieu naturel (art. 1, al. 1, let. b, LFo). L’article consacré aux principes de gestion (art. 20, al. 4) prévoit la possibilité que les cantons délimitent des réserves forestières pour assurer la conservation de la faune et de la flore.

L’OFEV publie depuis 2010 des documents stratégiques contraignants, des aides à l’exécution et des conventions-programmes concernant la sylviculture proche de la nature, et la conservation de la biodiversité en forêt et des espèces et habitats prioritaires au niveau national. Il faut mentionner en particulier :

  • Projet Exigences de base d’une sylviculture proche de la nature (OFEV, 2010)
  • Aide à l’exécution Biodiversité en forêt : objectifs et mesures (OFEV, 2015)
  • Plan d’action Stratégie Biodiversité Suisse (OFEV, 2017)
  • Conventions-programmes dans le domaine de l’environnement, ch. 7.2 : Programme partiel « Biodiversité en forêt » (OFEV, 2018)

Informations complémentaires :

La protection de la nature en forêt à des fins de conservation et de promotion de la diversité biologique est mise en pratique par différentes stratégies. Outre l’application des principes de la sylviculture proche de la nature, on distingue trois axes de mesures directes de promotion et de protection :

  • la ségrégation (délimitation de réserves forestières dans lesquelles les processus naturels (réserves forestières naturelles) ou la promotion spécifique d’espèces cibles et prioritaires (réserves forestières spéciales) ont la priorité ;
  • l’intégration dans la gestion des forêt (p.ex. laisser sur pied les arbres-biotopes, désigner des îlots de sénescence, laisser sur place les disques racinaires, les concavités inondées, etc.) ;
  • les mesures de conservation spécifiques pour les espèces et habitats prioritaires au niveau national, aussi bien dans les réserves forestières qu’en dehors (p.ex. milieux humides, lisières de forêts).

Vous trouverez davantage d’information sur ce thème dans :
Bollmann, K., Kraus, D., Paillet, Y., Jonsson B.G., Gustafsson, L., Mergner, U., Krumm, F. (2020): A unifying framework for the conservation of biodiversity in multi-functional European forests. In: F. Krumm, A. Schuck, A., Rigling, A. (eds.) How to balance forestry and biodiversity conservation – A view across Europe. European Forest Institute (EFI); Swiss Federal Institute for Forest, Snow and Landscape Research (WSL), Birmensdorf. p. 26-45. (en anglais)

Nous présentons ci-dessous les mesures de promotion intégratives et spécifiques ; le chapitre « Conservation et promotion » traite ces différentes mesures dans le détail.

Sylviculture proche de la nature

L’article de la loi sur les forêts énonçant son but prescrit que la forêt doit être protégée en tant que milieu naturel (art. 1, al. 1, let. b, LFo). De plus, l’art. 20, al. 2 exige des cantons qu’ils tiennent compte, dans leurs prescriptions d'aménagement et de gestion, des exigences de la sylviculture proche de la nature. Cette dernière est donc une norme légale pour l’exploitation des forêts en Suisse, et par là même une base générale pour la protection de la nature en forêt.

Le terme de « sylviculture proche de la nature » n’est toutefois pas défini ni décrit plus précisément dans la législation forestière suisse. S’il n’en existe pas non plus de définition généralement acceptée, les avis sont malgré tout relativement convergents, du moins en théorie. Le principe de base de la sylviculture proche de la nature est de se conformer aux conditions naturelles imposées par les sols, le climat et les associations forestières, et d’atteindre ses objectifs sylvicoles et économiques par une maîtrise consciente des processus vivants naturels.

Pour d’autres informations sur la sylviculture proche de la nature, voir le Standards : « Sylviculture proche de la nature, NaiS, certification »

Mesures d’intégration

Il s’agit en règle générale de mesures de promotion ou de protection visant des surfaces forestières plutôt petites ou des objets individuels, qui possèdent des structures ou une dynamique locale de valeur écologique particulièrement élevée. Les mesures peuvent être limitées dans le temps, ou alors s’étendre sur plusieurs décennies. Elles sont un instrument efficace pour promouvoir des structures d’habitats nécessaires et de très grande valeur écologique, y compris dans les forêts exploitées. La délimitation de ce type de surfaces et d’objets peut généralement être effectuée rapidement, sans bureaucratie et de manière pragmatique, par les services forestiers locaux ou régionaux (souvent en collaboration avec les organismes publics ou privés de protection de la nature). Les services cantonaux des forêts mettent souvent à disposition des recommandations ou des marches à suivre pour ce genre d’objets. La plupart du temps, un statut de protection juridiquement établi n'est pas nécessaire, ni d’ailleurs prescrit.

Parmi les mesures d’intégration typiques, on trouve les îlots de sénescence, les arbres-habitats, le bois mort sous différentes formes, les arbres à pics, les petits plans d’eau et les biotopes à amphibiens en forêt, ainsi que les pâturages boisés ou les lisières riches en espèces. Ces surfaces et objets ont aussi une grande importance écologique dans le paysage, en tant que relais ou corridors dans la mise en réseau avec les alentours.

Pour des détails sur ces mesures et leur mise en œuvre, voir le chapitre « Structure de haute valeur écologique : bois mort, arbres-habitats, forêts claires » et le chapitre « Délimitation et sauvegarde d’îlots de sénescence, d’arbres-habitats et de bois mort ».

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Les petits milieux aquatiques, que ce soient des ruisseaux ou des mares, enrichissent les lieux sur le plan écologique. Selon la brochure « Biodiversité en forêt : objectifs et mesures » (OFEV 2015) l’aménagement de mares et la suppression des drains font partie de l’éventail des actions adéquates.

Réserves forestières (ségrégation)

Les réserves forestières offrent les meilleures conditions pour la promotion et la conservation à large échelle et à long terme de la diversité biologique et de la dynamique forestière naturelle. On désigne également ce système comme une protection des processus, pour un développement naturel non perturbé des écosystèmes forestiers de surface suffisamment grandes. On peut décrire les réserves forestières comme des surfaces forestières prioritaires protégées durablement en faveur de la diversité écologique et biologique (voir Eisenhut et al., 2019 : Waldreservate in der Schweiz, Bericht über den Stand Ende 2018). Les bases légales et la réalisation pratique des réserves forestières sont traitées dans le chapitre « Délimitation et sauvegarde de réserves forestières ».

En Suisse, les réserves forestières recouvrent deux concepts de protection de la nature différents mais complémentaires : Dans les « réserves forestières naturelles », on renonce consciemment à toute intervention, afin de permettre à la forêt de se développer naturellement selon un cycle entièrement naturel comme celui des processus des forêts primaires (avec phase de sénescence et de décrépitude, bois mort, etc.). Dans les « réserves forestières spéciales », le principe est de conserver et promouvoir, par des interventions ciblées, des structures forestières spécifiques ou habitats particuliers de grande qualité écologique. Il s’agit souvent de formes traditionnelles d’exploitation en taillis sous futaie ou pâturages boisés, mais également d’associations forestières rares sur des stations extrêmes, qui se distinguent par une biodiversité particulière avec des espèces rares. Il est aussi possible de désigner des réserves forestières spéciales pour promouvoir des espèces de manière ciblée (p.ex. Pic mar ou Bacchante).

Quant aux « réserves forestières complexes », elles sont une combinaison de réserves forestières naturelles et de réserves forestières spéciales, et parfois d’autres surfaces de protection de la nature (marais, prairies maigres).

Des Lignes directrices pour une politique suisse en matière de réserves forestières ont été formulées en 2001 (Source : Conférence du 21 mars 2001 des directeurs cantonaux des forêts et de l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage) :

  1. Les réserves forestières promeuvent la diversité biologique.
  2. D’ici 2030, au minimum 10 % de l’aire forestière de Suisse sont des réserves forestières, dont environ la moitié de réserves forestières naturelles et au minimum 30 grandes réserves de plus de 500 ha.

Tous les types de forêts sont « convenablement représentés », et on porte une attention particulière aux associations forestières, animaux et plantes rares et menacés.

En 2018, la surface totale des réserves forestières était de presque 107 000 ha, dont 84 000 ha de forêts, ce qui correspond à 6.3 % de la surface forestière de Suisse (selon l’« Annuaire La forêt et le bois 2021 », la surface des réserves s’élevait en 2019 à environ 87'000 ha de forêt). 55 % des surfaces en réserves forestières sont des réserves forestières naturelles et 45 % des réserves naturelles spéciales. Environ 1/4 de la surface totale est constituée de réserves forestières complexes, contenant une partie des réserves naturelles et spéciales définies ci-dessus. Il existe 26 grandes réserves de plus de 500 ha. Depuis le début du recensement systématique des réserves forestières de Suisse en 2012, leur surface a augmenté chaque année de 4000 ha, c’est-à-dire de 0.3% de la surface forestière du pays. Afin d’atteindre l’objectif de 10 % de surfaces de réserves forestières d’ici 2030, l’augmentation annuelle de la surface doit être poussée jusqu’à 4500 ha. Source (y compris de nombreux chiffres et informations complémentaires) : Eisenhut et al., 2019.

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Parts de surfaces de réserves forestières naturelles, de réserves forestières spéciales, de forêts non exploitées et de forêts exploitées selon les régions dans les forêts suisses. (Source : Magazine du WSL Diagonale, 1/2017 : Thème générale Réserves forestières)
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Cette carte présente une vue d’ensemble de la répartition et de la situation des réserves forestières ; elle est disponible sur map.geo.admin. Cliquer sur les différentes surfaces permet de faire apparaître les informations sur l’objet concerné. Vert = réserves forestières, rouge = réserves forestières Pro Natura.

Littérature & liens :

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En novembre 2020, le plan d’action « Forêts claires » est paru.

Perturbations

On entend par perturbations des événements limités dans le temps et dans l’espace, qui modifient brusquement la structure d’un écosystème (p.ex. par la perte de biomasse ou la destruction de la couche d’humus). Selon l’intensité de la perturbation, la dynamique de l’écosystème peut aussi être impactée de manière plus ou moins forte. On distingue entre les perturbations abiotiques, biotiques et anthropiques. Pour l’instant, nous n’abordons ici que les tempêtes et les incendies de forêts. Il est prévu d’étoffer ce chapitre dans un deuxième temps.

Littérature & liens

Perturbations : tempêtes, incendies
Tempêtes et ouragans sont la forme la plus courante de perturbation abiotique dans nos forêts. L’impact sur les peuplements forestiers peut être conséquent sur de vastes zones, comme lors des tempêtes Vivian (1990) et Lothar (1999) qui ont occasionné de gros dégâts principalement dans les Alpes et sur le Plateau. D’autres, géographiquement plus limitées, peuvent avoir malgré tout des conséquences considérables. Sur le plan économique, cela peut entraîner des pertes importantes dues à l’exploitation forcée, et sur les terrains escarpés la fonction protectrice de la forêt contre les dangers naturels peut être altérée à long terme.

Sur le plan écologique toutefois, ces événements doivent aussi être vus d’un bon œil : les arbres tombés ou cassés font augmenter la quantité de bois mort. L’ouverture de peuplements fermés invite la lumière, la chaleur et souvent aussi une augmentation des précipitations sur le sol forestier. Les perturbations causées à la végétation du sol, les modifications de la surface par le renversement des souches, les troncs couchés ou brisés sur pied, modifient les conditions de concurrence et forment souvent des microhabitats favorables au semis et à la germination d’une nouvelle génération d’arbres. La succession qui suit et ses phases caractéristiques accroissent pendant longtemps la biodiversité des espèces animales et végétales. Sur le Plateau et dans les Préalpes, ce sont souvent les forêts d’épicéas qui ont subi de graves dégâts à cause de tempêtes au cours des dernières décennies. Cela a permis une transformation des peuplements, qui sont devenus plus aptes aux conditions futures grâce à des essences adaptées à la station. Le déroulement temporel précis et le type de recolonisation dépendent – outre de l’intensité de la perturbation – aussi de la superficie concernée, des conditions régnant dans les forêts alentours, et surtout des conditions de la station et de la végétation. Une végétation au sol au développement luxuriant, p.ex. avec la Ronce commune (Rubus fruticosus) des forêts du Plateau ou d’une mégaphorbiée des forêts de montagne, peut aussi restreindre radicalement la croissance des jeunes arbres en instaurant une forte concurrence pour la lumière (pour plus d’informations sur le sujet, voir l’ouvrage « Störungsökologie » (Wohlgemuth et al. 2019, ch. 4.2 (en all.)).

Les différentes manières dont les forêts de montagne ont évolué après le passage de Vivian ont fait l’objet d’études scientifiques approfondies, et ont été décrites et analysées dans de nombreuses publications. Vous en trouvez un résumé dans «Tempêtes et chablis : les recherches après Vivian (1990) et Lothar (1999) ».

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Les tempêtes Vivian (1990) et Lothar (1999) ont fait tomber des arbres sur des surfaces étendues. Le WSL a mené des études scientifiques approfondies sur ces évènements.

Incendies
Sur le plan écologique, les incendies de forêts ont joué jusqu’à présent un rôle secondaire sous le climat tempéré et humide d’Europe centrale et occidentale. Il s’agit la plupart du temps d’épisodes ponctuels et locaux. Ils sont un peu plus fréquents dans les vallées intra-alpines au climat continental sec, et sur le versant sud des Alpes, où malgré un climat insubrien avec un volume élevé de précipitations, il se produit régulièrement des incendies, surtout lors d’hivers secs. On ne peut nier que le climat de ces régions est propice aux incendies de forêts. La faktenblatt « Wenn Feuer Wälder fressen » en décrit les potentiels facteurs déclenchants. Cependant, la majeure partie des incendies de forêts en Suisse sont d’origine humaine, qu’il s’agisse de négligence ou d’actes intentionnels.

En Suisse, les incendies de forêts les plus connus sont par exemple celui de Calanda près de Coire (1943, 800 ha) ou celui de Loèche VS (2003, 300 ha). S’il existe un certain volume de littérature spécialisée sur les aspects sylvicoles de l’incendie de forêt (causes, lutte, reboisement), on ne trouve que depuis peu des publications décrivant les conséquences écologiques et les effets sur la biodiversité. C’est en particulier le cas pour l’incendie de Loèche. L’ouvrage de Wohlgemuth et al. 2010 contient un bon résumé des aspects sylvicoles et écologiques (en particulier l’évolution de la biodiversité après l’incendie).

Sur les surfaces incendiées, on constate que la biodiversité augmente très rapidement au cours des premières années, et que le nombre d’espèce devient vite très supérieur à celui d’avant l’incendie. On voit apparaître des stades pionniers sur de grandes zones, ce qui arrive rarement dans les forêts exploitées – et jamais dans la forêt permanente. Au fil des étapes de la succession, le cortège des espèces se modifie constamment.

L’évolution de la flore est souvent marquée par l’apparition dominante d’espèces caractéristiques. Dans les forêts de conifères, l’Épilobe à feuilles étroites (Epilobium angustifolium) s’impose par exemple lors de l’un des premiers stades de succession.

Autre phénomène connu : les espèces spécialisées qui ont besoin des incendies pour leur croissance (espèces pyrophiles). Dans nos forêts, quelques ascomycètes et espèces de mousses, comme la Funaire hygromètre (Funaria hygrometrica), entrent dans cette catégorie. Les espèces de plantes à fleurs (Angiospermes) qui ne peuvent germer et croître qu’après le passage du feu sont toutefois très rares chez nous. La plus connue est le Géranium de Bohème (Geranium bohemicum), qui a prospéré pendant plusieurs années après le grand incendie de Calanda près de Coire, et qui a à nouveau totalement disparu depuis. D’autres espèces comme la Saponaire rose (Saponaria ocymoides) dominent typiquement certains des stades de succession d’une surface incendiée. Ces espèces ne sont toutefois pas forcément dépendantes du feu pour germer, mais elles profitent largement des nouvelles conditions stationnelles, c’est-à-dire de la lumière, du peu de concurrence et de la richesse en nutriments de ce type de surfaces. Sur la zone incendiée de Loèche, on a par exemple vu avec étonnement émerger de grandes populations du spectaculaire Épinard fraise en baguette (Blitum virgatum) (Moser et al., 2006: Ausbreitung des Erdbeerspinats Blitum virgatum nach dem Waldbrand von Leuk, Wallis (2003)).

La faune réagit aussi vivement aux incendies de forêt. Quelques années seulement après celui de Loèche, les insectes par exemple présentaient un nombre d’espèces nettement plus élevé, et des populations largement plus nombreuses, que dans les forêts environnantes non touchées par le feu. C’était le cas notamment des abeilles, des papillons, des coléoptères et des orthoptères. Parmi eux, de nombreuses espèces qui figurent sur des Listes rouges. Quant aux oiseaux, ce sont là aussi surtout des espèces rares et menacées comme le Rougequeue à front blanc, le Monticole de roche, le Bruant fou ou l’Engoulevent d’Europe qui ont profité des structures plus ouvertes et des conditions stationnelles chaudes et sèches.

La situation et l’exposition des surfaces incendiées jouent bien sûr aussi un rôle essentiel dans l’évolution floristique et faunistique de la diversité des espèces. Ainsi, dans la zone incendiée exposée au nord près de Viège, la richesse en espèces et le nombre d’individus sont restés nettement inférieurs à ceux des surfaces brûlées exposées au sud au-dessus de Loèche, plus favorables aux espèces thermophiles.

Du fait de la succession naturelle de la forêt, des essences d’arbres pionnières recommencent à coloniser la surface incendiée après quelques années déjà, les structures ouvertes reculent, et la faune et la flore héliophiles et thermophiles sont progressivement remplacées par des espèces forestières.

Littérature & liens :

Changement climatique

Le réchauffement perceptible du climat et, avant tout, quelques périodes de végétation chaudes et sèches, ont déjà laissé des traces visibles sur les arbres et dans les forêts, et la tendance est croissante. Les réactions sont très variables selon les essences et dépendent principalement des conditions stationnelles. Les stations forestières particulièrement touchées par le stress hydrique sont celles dont le sol est peu profond et rocheux, particulièrement dans les régions sèches du pays.

À ce jour, c’est le Pin sylvestre qui en a subi les plus grosses répercussions, et dans quelques régions comme la vallée du Rhône, la vallée grisonne du Rhin ou dans le val Poschiavo inférieur, il a disparu sur de larges surfaces. Il semble ainsi que la combinaison de sécheresse au sol et de températures hivernales et estivales toujours plus élevées a maintenant dépassé un seuil critique et souvent fatal, surtout en dessous de 1000 m alt. – même pour ce conifère à feuilles persistantes pourtant spécialiste de la colonisation des stations extrêmes.

On constate aussi des dégâts conséquents chez le Hêtre en stations sèches. Nos feuillus à feuilles caduques résistent certes mieux que les conifères à feuilles persistantes à des phases de sécheresse sur certaines années, grâce au fait que la chute de leurs feuilles et la repousse se font tôt. Mais plusieurs années sèches se succédant à brefs intervalles entraînent aussi des taux de mortalité élevés dans certaines stations critiques.

Sur le Plateau, c’est avant tout l’Épicéa (de plantation) qui est très touché par le changement climatique. Essence à racines superficielles, il devrait à moyen terme subir un fort recul sur le Plateau du fait des graves dégâts causés par la sécheresse. Il s’agit ici toutefois d’un problème davantage économique qu’écologique, car cet arbre de rendement n’est pas indigène au Plateau.

À l’heure actuelle, le changement climatique en forêt est un sujet majeur, aussi bien pour les services forestiers intervenant sur le terrain que pour la recherche appliquée. Outre diverses modélisations de la future évolution des associations forestières, de nombreux essais et réflexions sont menés sur le plan pratique.

Des « essences d’avenir », par rapport au changement climatique, sont déjà promues par les services forestiers, ou alors font l’objet de séries d’essais impliquant différentes essences ou provenances dans le cadre de projets de recherche à long terme. La forêt en tant qu’écosystème peut réagir aux changements et aux événement extrêmes. Les plantations impliquent toujours des risques, comme les expériences l’ont montré avec l’Épicéa à basse altitude.

On considère qu’avec le réchauffement croissant, les étages de végétation et leurs associations forestières et compositions d’essences caractéristiques vont se décaler vers le haut, et que la limite supérieure de la forêt et des arbres va monter (répartition actuelle des étages de végétation, voir chapitre « Étages altitudinaux, stations forestières et phytosociologie ».

Quant à savoir quelles essences pousseront sous le futur climat des stations de plaine du nord et de l’ouest de la Suisse, du Plateau, du versant sud des Alpes et des vallées intra-alpines, il règne une grande incertitude. De nombreuses régions verront apparaître des conditions stationnelles forestières nouvelles pour la Suisse, caractérisées par des températures moyennes élevées et des périodes de sécheresse prononcées. Des exemples existent déjà dans le bassin méditerranéen. Beaucoup d’espoirs, justifiés, reposent notamment sur les essences indigènes, de chênes ou autres, des associations de forêts feuillues chaudes et sèches. Les essences supplémentaires qui pourraient être introduites proviennent surtout des forêts subméditerranéennes des régions limitrophes du sud, comme la bordure sud-est des Alpes, les montagnes de l’Adriatique ou l’Apennin du Nord. Il règne aujourd’hui dans ces régions les conditions climatiques qui sont attendues ces prochaines décennies dans les stations de plaine de Suisse. D’un point de vue écologique, en revanche, le recours à davantage d’essences issues d’autres continents pour la sylviculture fait l’objet de controverses. C’est particulièrement le cas du Sapin de Douglas (Pseudotsuga menziesii), originaire de l’ouest de l’Amérique du Nord. Depuis longtemps exploité en tant qu’essence-hôte de nos forêts, il devrait évincer l’Épicéa comme essence à usage économique du fait de ses bonnes caractéristiques de croissance et de sa résistance à la sécheresse. La promotion du Sapin de Douglas est toutefois controversée, parce que son potentiel invasif et ses conséquences négatives sur la biodiversité ne sont pas clairement évalués. (Pour d’autres informations sur le Sapin de Douglas, voir : Tschopp et al., 2014 : Effets du douglas sur la biodiversité forestière / Holderegger et al., 2017: Auswirkungen des Douglasienanbaus auf die Biodiversität: wichtige Forschungsfragen (Essay)).

Dans le but de mettre à la disposition des professionnels de la forêt un outil d’aide à la décision pour choisir les essences d’avenir pour n’importe quelle station d’une forêt suisse, la [(https://tree-app.ch/ « Tree-App »] a été développée dans le cadre du programme de recherche Forêt et changement climatique de l’OFEV et du WSL, qui peut être utilisée en ligne. La recommandation d’essences est basée sur les conditions stationnelles actuelles, et montre les altitudes et les conditions stationnelles pour 3 situations climatiques (climat actuel, et changements climatiques modéré et prononcé 2070-2099). Cette application fait débat parce qu’elle recommande également des essences non indigènes, p.ex. le Robinier (Robinia pseudoacacia), comme essence d’avenir.

Littérature & liens :

Notice pour le praticien 41 : Les chênes pubescents chassent-ils les pins sylvestres valaisans?]

Conservation et promotion

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Il faut en priorité conserver et promouvoir les forêts claires ainsi que les vieilles forêts abritant de nombreuses espèces menacées et beaucoup de bois mort et de vieux bois..

Pour promouvoir la biodiversité dans la forêt suisse, la Confédération développe des concepts et des stratégies au niveau national, par exemple la Stratégie Biodiversité Suisse, la politique forestières 2020, et les objectifs de biodiversité en forêt. La mise en œuvre opérationnelle est du ressort des cantons. Ils élaborent pour cela des concepts et des plans cantonaux, concrétisent les mesures de concert avec les propriétaires de forêts, et mettent un financement à disposition pour la mise en œuvre dans le cadre des conventions-programmes RPT (voir « Biodiversité en forêt : objectifs et mesures », chapitre 7.

Pour que la mise en œuvre visant tous ces objectifs soit couronnée de succès et durable, il est fondamental d’informer et sensibiliser les propriétaires et exploitants forestiers, et de construire avec eux une collaboration sur le long terme !

Lacunes générales

La promotion de la biodiversité en forêt par la Confédération est orientée avant tout sur deux objectifs : premièrement, les processus naturels de longue durée, tels qu’ils se déroulent dans les forêts primaires. Deuxièmement, on se réfère au paysage cultivé traditionnel fortement exploité jusqu’au 20e siècle.

Malgré la grande place laissée à la sylviculture proche de la nature, la comparaison de l’état actuel de la forêt suisse avec ces deux objectifs amène un constat de déficits, les plus importants se trouvant dans les deux domaines suivants :

  • trop peu de surfaces forestières comprenant les phases de sénescence et de décrépitude, riches en structures et en bois mort ;
  • trop peu de forêts claires à structure ouverte et comprenant des zones de transition avec le milieu ouvert qui soient riches en structures.

Pour ces raisons, il manque souvent des habitats et microhabitats importants, ce qui entraîne l’inscription de centaines d’organismes forestiers dans les Listes rouges et comme espèces forestières prioritaires.

Dans son tableau 1, la publication de l’OFEV « Biodiversité en forêt : objectifs et mesures » fait la synthèse complète des déficits et des actions possibles. Les différentes mesures de promotion sont abordées à la suite.

Les valeurs naturelles et les exigences de l’exploitation différant grandement entre les régions de Suisse, il faut évaluer pour chaque région la nécessité des mesures et adapter conséquemment les priorités de mise en œuvre. Le tableau suivant synthétise la nécessité des mesures par région et par domaine d’intervention pour les 14 régions économiques (selon l’IFN). (Source).

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Nécessité des mesures et priorités nationales par région et par domaine d’intervention.

Le tableau suivant résume les mesures de promotion et de conservation les plus importantes du point de vue de la station, avec comme référence les milieux forestiers selon Delarze et al. 2015. Pour la détermination des mesures nécessaires, voir le chapitre « Écologie utile pour la pratique ».


Description type de milieu Mesures nécessaires Promotion et conservation
5 p.p. Formations buissonnantes (partie)
5.3.6 Saulaie buissonnante alluviale Salicion elaeagni oui (1) Promotion dans le cadre des Revitalisation revitalisations des milieux aquatiques
5.3.7 Saulaie buissonnante subalpine Salicion cinereae oui (2 FM) Traité dans l’article sur les marais (en cours d’élaboration)
6 Forêts
6.1.1 Aulnaie noire Alnion glutinosae oui (1, 2 FH) Délimitation et sauvegarde de réserves forestières

Délimitation, sauvegarde et promotion de forêts inondées, marécageuses et humides

6.1.2 Saulaie blanche Salicion albae oui (1, 2 FH) Revitalisation, conservation de la dynamique fluviale

Mesures de protection dans le cadre de l’inventaire national des zones alluviales

6.1.3 Aulnaie alluviale Alnion incanae oui (1, 2 FH) Revitalisation, conservation de la dynamique fluviale

Mesures de protection dans le cadre de l’inventaire national des zones alluviales

6.1.3.1 Saulaie alluviale alpienne Salicetum pentandrae oui (1, 2 FH) Protection complète des petites surfaces restantes (Haute-Engadine, Urseren)

Garantie d’un bilan hydrique adéquat, protection contre la pâture (?)

6.1.4 Frênaie humide Fraxinion oui (2 FH) Dans les zones alluviales : revitalisation, conservation de la dynamique fluviale

Mesures de protection dans le cadre de l’inventaire national des zones alluviales
Forêts riveraines de ruisseaux et forêts de pieds de pentes : conservation ou restauration des sols humides-inondés
Conservation / promotion des essences typiques de la station ou contrôle du Hêtre, de l’Épicéa, etc
Promotion des petits plans d’eau

6.2 Hêtraies
6.2.1 Hêtraie xérothermophile Cephalanthero-Fagenion oui (2 FC) Promotion comme forêts claires (RFS), promotion de la diversité des essences par la réduction de la concurrence exercée par le Hêtre

Promotion et protection (contre l’abroutissement) de l’If et des chênes

6.3.3 Chênaie à charmes Carpinion oui (2 FC) Promotion comme forêts claires et/ou par l’exploitation en taillis sous futaie (avant tout dans les RFS)

Conservation et promotion des chênes

6.3.4 Chênaie buissonnante Quercion pubescenti-petraeae oui (2 FC) Promotion comme forêts claires, év. exploitation ciblée en taillis

Promotion d’une structure en mosaïque avec de la roche affleurante et des ourlets ; promotion des essences rares telles qu’Erable à feuilles d'obier (Acer opalus), Alisier torminal (Sorbus torminalis) et Sorbier domestique (Sorbus domestica).

6.3.5 Ostryaie buissonnante du sud des Alpes Orno-Ostryon oui (1, 2 FC) Promotion comme forêts claires, év. exploitation ciblée en taillis

Promotion d’une structure en mosaïque, également avec des surfaces plus ouvertes plus grandes. Presque uniquement au sud du Tessin ; sur ces stations forestières potentielles, on trouve surtout des pelouses sur affleurements rocheux et des pelouses sèches autrefois pâturées et désormais envahies de végétation et de buissons, présentant une biodiversité particulière, et très menacées.

6.4 Pinèdes thermophiles
6.4.1 Pinède subatlantique des pentes marneuses Molinio-Pinion oui (1, 2 FC) Promotion comme forêts claires (RFS)

Conserver la végétation ouverte et graminée au sol et réduire l’embuissonnement
Laisser intacts les surfaces érodées et les stades pionniers des pentes marneuses ; promouvoir les pins, l’If et les sorbiers et alisiers, freiner le Hêtre

6.4.2.1 Pinède à cytise Cytiso-Pinion oui (2 FC) Protection complète des petites surfaces restantes ; interventions ciblées pour conserver et rajeunir le Pin sylvestre, l’Alisier torminal et le Chêne sessile.

Au besoin, mesures de promotion spéciales pour des espèces typiques très rares comme le Cytise noircissant (Cytisus nigricans), la Pulsatille commune (Pulsatilla vulgaris) ou le Daphné camélée (Daphne cneorum).

6.4.2 Pinède subcontinentale basophile Erico-Pinion sylvestris oui (2 FC) A cause de la sécheresse de ces stations, peuplement naturellement plutôt clair et à faible couverture herbacée. Mesures pour favoriser la structure quasi inutiles.

Exception : les petits peuplements de pins sur les terrasses alluviales sèches (Pyrolo-Pinetum, Ligustro-Pinetum), dans lesquels des mesures ciblées permettent de stopper la lente succession vers des peuplements sombres de Hêtres ou d’Épicéas.

6.4.3 Pinède continentale Ononido-Pinion oui (1, 2 FC) A cause de la sécheresse extrême de ces stations, peuplement naturellement plutôt peu vigoureux, clair et à faible couverture herbacée. Mesures favorisant la structure quasi inutiles, mais les incendies sont une menace. En Valais, év. contrôles réguliers des espèces caractéristiques et très rares telles que la Petite Coronille (Coronilla minima), la Bugrane naine (Ononis pusilla) ou l’Onosma de Suisse (Onosma helvetica).
Également monitoring des espèces animales reliques ?
6.4.4 Pinède mésophile sur silice Dicrano-Pinion oui (1, 2 FC) A cause de la sécheresse de ces stations, peuplement naturellement plutôt clair et à faible couverture herbacée. Mesures favorisant la structure quasi inutiles. Év. stopper la lente succession amenant la croissance des Hêtres ou des Épicéas.
6.5 Forêts de tourbières
6.5.1 Bétulaie sur tourbe Betulion pubescentis oui (1, 2 FM) Comme elles poussent souvent sur des stations secondaires perturbées, la plupart des bétulaies sur tourbe sont des formations de transition vers d’autres types de forêt. Pour les maintenir en l’état, des interventions ciblées régulières en faveur du Bouleau et de son rajeunissement sont nécessaires. Les sols doivent rester gorgés d’eau ou être renaturés dans ce but. (Voir également l’article sur les marais – en cours d’élaboration).
6.5.2 Pinède sur tourbe Ledo-Pinion oui (1, 2 FM) Généralement déjà protégées en tant que réserves forestières ou dans le cadre de l’inventaire national des hauts-marais. Mais le régime hydrique spécifique, en particulier, peut souvent être encore amélioré. Certaines forêts sur tourbe sont aussi perturbées par les activités de loisirs (été ou hiver). (Voir également l’article sur les marais – en cours d’élaboration)
6.5.3 Pessière sur tourbe Sphagno-Piceetum oui (1, 2 FM) Généralement déjà protégées en tant que bordures des complexes de tourbières dans le cadre de l’inventaire national des hauts-marais. L’indispensable saturation du sol en eau n’est toutefois pas toujours assurée. (Voir également l’article sur les marais – en cours d’élaboration)
6.6 Forêts de conifères d’altitude
6.6.4 Mélézein oui (1) Cette unité n’est pas clairement définie du point de vue phytosociologique et stationnel dans Delarze et al. 2015. Elle contient d’une part des associations subalpines naturelles de mélézeins, qu’on trouve au sud des Alpes dans des stations dont l’écologie diffère nettement. Ces associations ne nécessitent pas vraiment de mesures favorisant leur structure.

Il s’agit d’autre part et majoritairement de peuplements de mélèzes clairs qui se sont développés sous l’effet de la pâture à partir de pessières ou de forêts d’aroles. La promotion de ces forêts est abordée dans le chapitre traitant des pâturages boisés.

6.6.5.1 Pinède de montagne acidophile Vaccinio-Pinion uncinatae oui (1, 2 FC) A cause des conditions stationnelles souvent extrêmes, peuplement naturellement plutôt clair et souvent clairsemé. Mesures favorisant la structure quasi inutiles.
6.6.5.2 Pinède de montagne basophile Erico-Pinion uncinatae oui (2 FC) A cause des conditions stationnelles souvent extrêmes, peuplement naturellement plutôt clair et souvent clairsemé. Mesures favorisant la structure quasi inutiles.

Mesures générales de revalorisation

Les mesures générales les plus importantes pour favoriser la biodiversité en forêt sont les suivantes :

  • Conserver les habitats forestiers rarer
  • Permettre une dynamique : là où la sécurité le permet, les processus naturels doivent pouvoir avoir lieu (glissements de terrain, érosion, dynamique des ruisseaux forestiers, chablis, coulées de boue, etc.)
  • Promouvoir les espèces et associations forestières prioritaires au niveau national
  • Intégrer dans l’exploitation forestière les exigences de la biodiversité en forêt (mot-clé : sylviculture proche de la nature)
  • Conserver et favoriser certaines structures particulières (vieux arbres, arbres-habitats, bois mort ; mais également les forêts claires et ouvertes)
  • Créer des zones de transition avec les milieux ouverts (pâturages, prairies, milieux aquatiques, etc.)
  • Conserver la biodiversité génétique
  • Renoncer à l’exploitation des forêts longtemps inexploitées (Habitat de longue durée)
  • Transformer les monocultures en peuplements adaptés à la station
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Les forêts de conifères des massifs montagneux sont communes chez nous. La Suisse porte une grande responsabilité pour leur conservation et leur promotion, en particulier pour les mélézeins, les forêts de Mélèzes et d’Aroles, et les pinèdes de montagne basophiles.

Délimitation et sauvegarde de réserves forestières

Pour atteindre les objectifs écologiques fixés pour chaque réserve et les garantir sur le long terme, il faut respecter des standards temporels et spatiaux minimaux lors de l’établissement de nouvelles surfaces protégées : le contrat avec les propriétaires forestiers concernés doit être conclu pour au moins 50 ans, avec une perspective réaliste de pouvoir maintenir l’existence de la réserve au-delà de cette durée. Les réserves forestières naturelles en particulier doivent présenter une surface minimale suffisante pour permettre la pérennité de la dynamique de forêt primaire – avec les cycles de ses différents secteurs décalés les uns par rapport aux autres. 40 hectares représentent dans ce cas un minimum, et une superficie de plus de 100 hectares est souhaitable lorsque c’est possible. Les réserves forestières spéciales devraient couvrir au minimum 20 hectares. Pour la protection d’associations forestières occupant de petites surfaces ou celle de structures de peuplement particulièrement précieuses, il est cependant tout à fait possible de définir une zone de quelques hectares seulement.

L’établissement de réserves forestières doit être conclu par un contrat juridiquement contraignant. La condition préalable est évidemment d’obtenir l’accord des propriétaires fonciers.

Les cantons ont élaboré leurs propres concepts de réserves forestières à partir des directives fédérales. On peut en général consulter ces concepts sur les pages d’accueil des services forestiers cantonaux.

Les plans directeurs forestiers (PDF) des cantons informent concrètement sur les surfaces existantes et potentielles de réserves forestières au plan régional.

Délimitation des réserves forestières naturelles

Le point D1.2 de l’aide à l’exécution « Biodiversité en forêt : objectifs et mesures » décrit en détail la mesure « Créer des réserves forestières naturelles ». En plus des directives et objectifs quantitatifs déjà décrits dans le chapitre « Réserves forestières », les indicateurs de qualité suivants sont requis pour la création des réserves forestières naturelles : Sélection d’une surface de forêt de grande valeur naturelle. Liste des critères :

  • Présence d’associations forestières prioritaires au niveau national, en particulier les associations non représentées jusque-là
  • Présence d’espèces forestières prioritaires au niveau national qui dépendent de la protection des processus (hot-spots et noyaux de l’aire de répartition de ces espèces)
  • Grande diversité stationnelle avec habitats particuliers (p. ex. parois ou blocs rocheux, torrents, surfaces de glissement, étangs forestiers, forêts inondées)
  • Non-utilisation ou utilisation extensive, sur une longue période
  • Peuplement âgé
  • Grande part de vieux bois et de bois mort

Selon les objectifs opérationnels des conventions-programmes de l’OFEV, la surface d’une réserve forestière naturelle doit se monter à au moins 5 ha, mais si possible à plus de 20 ha. Il faudrait viser en particulier des réserves forestières naturelles de plus de 100 ha pour garantir une protection complète des processus.

Les réserves forestières naturelles reconnues par l’OFEV sont établies pour une durée d’au moins 50 ans de façon juridiquement contraignante pour les autorités et les propriétaires. La signature d’une convention de servitude et son inscription au registre foncier sont recommandées.

Les contributions fédérales sont versées sous forme de forfait à la surface, de 20 à 140 CHF par ha et par année de contrat, calculé en fonction de la région et des zones d’importance nationale, ainsi que sous forme d’un forfait lié à l’objet, calculé selon la surface de la réserve. Les forfaits de la Confédération sont versés aux cantons (voir également à ce sujet Manuel sur les conventions-programmes, chap. 7.2 Conventions-programmes, programme partiel « Biodiversité en forêt ». Les cantons paient au propriétaire la contribution fédérale ainsi qu’une contribution cantonale le plus souvent équivalente. Le dédommagement des propriétaires est l’affaire des cantons.

La délimitation, la fixation et la création des réserves forestières naturelles incombent aux cantons. Elles sont en général délimitées dans le cadre des plans directeurs forestiers.

Les cantons doivent, pour chaque RFN, enregistrer la surface exacte et produire des documents comprenant la cartographie des stations. Le signalement des réserves dans le terrain et la sensibilisation du public par des panneaux d’information sont laissés au bon vouloir des cantons. Le cas échéant, les directives de la Confédération Aires protégées suisses : (« Aires protégées suisses : manuel de signalisation ») doivent être respectées. Pour un exemple illustrant le processus de création d’une réserve forestière naturelle, nous renvoyons au document du service des forêts GR.

Délimitation des réserves forestières spéciales

Les réserves forestières spéciales, en instaurant des interventions et mesures ciblées, servent à la conservation et à la promotion de structures forestières particulières, de formes d’exploitation traditionnelles, et d’habitats, plantes et animaux rares ou menacés (voir chap. Stratégie de protection de la nature dans les forêts suisses). Elles garantissent l’entretien à long terme en permettant que les coûts soient pris en charge par la Confédération et les cantons.

Les projets de promotion de structures de peuplement particulières, le plus souvent ouvertes, peuvent notamment être mis en œuvre sous la forme de réserves spéciales. Ils sont décrits dans le prochain chapitre.

Selon les objectifs opérationnels des conventions-programmes de l’OFEV, la surface d’une réserve forestière spéciale doit être d’au moins 5 ha. Pour la protection et la promotion d’associations forestières rares occupant une faible superficie ou celles d’espèces rares, des surfaces protégées plus petites peuvent également convenir.

Les réserves forestières spéciales doivent être assurées de façon juridiquement contraignante pour les autorités et les propriétaires pour une durée d’au moins 25 ans, renouvelable, en général sur une base contractuelle.

Les contributions fédérales pour les réserves forestières spéciales sont souvent composées de deux volets : le premier est un forfait à la surface pour la création du statut de protection, comme pour les réserves forestières naturelles. Le deuxième est une contribution au financement d’interventions particulières, telles que décrites au chapitre « Délimitation, sauvegarde et entretien de structures de peuplement particulières ». Les contributions de la Confédération sont versées aux cantons. Le dédommagement des propriétaires est l’affaire des cantons. Les cantons reversent la contribution fédérale aux propriétaires, souvent additionnée d’une contribution cantonale.

Pour un exemple illustrant le processus de création d’une réserve forestière spéciale, nous renvoyons au document du service des forêts.

Délimitation, sauvegarde et entretien de structures de peuplement particulières

Pendant des siècles, de grandes superficies de forêt ont été exploitées – et souvent surexploitées – de façon traditionnelle en Suisse, souvent en combinaison avec l’agriculture (voir ch. « Historique abrégé de la forêt et de la sylviculture ». Ces pratiques ont profondément modifié et influencé la structure des peuplements, tout autant que le cortège d’espèces et certains facteurs stationnels, par rapport à la forêt naturelle. Au cours du 20e siècle et plus particulièrement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ces peuplements ont fortement décliné suite à l’abandon de ces formes d’exploitation ou à des activités sylvicoles de conversion.

On a cependant constaté que ces forêts, souvent claires, montrent fréquemment une grande biodiversité, qui revêt une valeur particulière du point de vue de la protection de la nature. L’une des mesures prioritaires en forêt consiste ainsi à promouvoir les « forêts ouvertes ». De nombreuses espèces animales et végétales héliophiles et thermophiles profitent de ces peuplements. Ils se trouvent d’une part de façon naturelle dans les stations extrêmes, on peut citer par exemple les chênaies ou pinèdes peu fertiles. Mais les structures forestières ouvertes apparues suite aux formes d’exploitation traditionnelles – souvent couplées à une utilisation agricole – généralement abandonnées ou fortement modifiées, couvrent de bien plus grandes surfaces. Il faut donc des mesures ciblées répondant à des objectifs de protection de la nature pour conserver et promouvoir ce genre de structures écologiquement précieuses et leur biodiversité riche et particulière. Ces objectifs sont repris dans le programme de l’OFEV pour la promotion de la biodiversité en forêt dans les mesures D3.3 (promotion des forêts claires) et D3.5 (maintien des formes d’exploitation particulières).

Forêts claires

De nombreuses mesures sont déjà en application. En plus de la reprise de formes d’exploitation traditionnelles (pâturages boisés, taillis sous futaie, taillis, selves), des programmes spéciaux sont en cours dans certains cantons pour promouvoir des forêts ouvertes dans des lieux adéquats. On parle dans ces cas souvent de « forêts claires ».

Dans le canton de Zurich, un plan d’action « Forêts claires » (en allemand) a cours depuis longtemps. Les surfaces définies dans ce cadre sont fixées dans le plan directeur forestier.

Dans le canton d’Argovie, la promotion des forêts claires intervient sous le vocable « réserves spéciales » (en allemand), en plus d’autres stations particulières.

Depuis 2020 existe le plan d’action « Forêts claires » (voir chapitre « Écologie utile pour la pratique ».

En plus de ces programmes spéciaux financés par des moyens spécifiques, on peut en général disposer de l’instrument des réserves forestières spéciales pour promouvoir les forêts claires de manière ciblée et financer les coûts qui en résultent. Il existe aussi la possibilité d’obtenir un financement pour des mesures dans le cadre de la convention-programme (7.2 Programme partiel « Biodiversité en forêt »), également hors des réserves forestières spéciales.

Les forêts claires peuvent être aménagées de façon pertinente aux endroits où il existe déjà des structures ouvertes et précieuses, en raison des conditions naturelles ou des anciennes formes d’exploitation, ou là où ces structures vont rester ouvertes pendant longtemps après des interventions ciblées. Les zones où des forêts de ce type alternent avec (ou sont liées à) des terres ouvertes sur lesquelles est pratiquée une agriculture extensive (notamment les PPS), sont particulièrement indiquées. Les interventions peuvent être répétées régulièrement sur la base du plan ou en cas de besoin évident.

Ce sont avant tout les associations peu fertiles, souvent clairsemées, de stations plutôt extrêmes que l’on peut maintenir ouvertes par un entretien régulier représentant un effort raisonnable (p. ex. chênaies sèches mixtes, hêtraies xérothermophiles ou pinèdes, ainsi que forêt marécageuse à bouleau pubescent). La nécessité et l’intensité de l’intervention pour obtenir la structure claire visée doivent être estimées au cas par cas.

Aux étages montagnards et subalpins, les stations forestières séchardes en particulier (surtout celles avec Pins sylvestres ou Pins de montagne, ainsi que les pessières sèches) sont adaptées à l’entretien et à la promotion des forêts claires ¬à l’exception des peuplements clairs de mélèzes, qui doivent leur structure ouverte à un siècle de pâture de la forêt (voir à ce propos les écogrammes du chap. « Étages altitudinaux, stations forestières et phytosociologie »).

Plus une station est fertile, plus l’intervention doit être marquée pour obtenir les structures ouvertes souhaitées et les conserver sur le long terme. Des actions trop fortes sur des sols fertiles peuvent aussi se montrer contre-productives si la croissance de la strate arbustive est favorisée à l’excès par une augmentation de la quantité de lumière après une ouverture trop importante de la strate arborée.

La création de nouvelles forêts claires et la promotion de celles déjà existantes peuvent être optimisées au moyen des espèces cibles et des espèces indicatrices des forêts claires. On peut notamment favoriser des espèces menacées particulières de ces milieux avec des mesures adéquates.

Les interventions typiques pour favoriser les forêts claires comprennent l’éclaircissement des strates arborées et arbustives – avec un accent mis sur les espèces qui dispensent beaucoup d’ombre telles que le Hêtre ou le Noisetier. Il s’agit souvent de ligneux qui indiquent une succession naturelle vers des types de forêt plus denses et plus fertiles et qui ne sont pas souhaités, du point de vue des objectifs visés. La fauche régulière de la strate herbacée, l’utilisation ciblée de la litière, ou la pâture par un bétail qui convient peuvent aussi représenter des mesures pertinentes]. Attention : les dernières mesures sont assimilées à une exploitation préjudiciable de la forêt et nécessitent de ce fait en général une autorisation exceptionnelle.

Les interventions pour éclaircir les forêts peuvent, selon les stations, favoriser l’expansion des ronces (Rubus sp.), de la Fougère aigle (Pteridium aquilinum), des mégaphorbiaies, de la Clématite blanche (Clematis vitalba), des chardons ou de néophytes envahissantes. La lumière et la chaleur en plus grande quantité, ainsi que la minéralisation renforcée, causée par l’accélération de la décomposition de la litière, sont autant de causes possibles. Il faut donc procéder à des contrôles réguliers au moins les premières années suivant les éclaircissements. Selon l’espèce et sa propagation, des contre-mesures telles que l’arrachage, la fauche ou év. la pâture peuvent s’avérer nécessaires jusqu’à ce que la végétation souhaitée au sol ou un ombrage plus important se soient installés.

Les projets comprenant des forêts claires sont généralement fixés dans les plans directeurs forestiers PDF ou dans les plans de gestion et ont de ce fait force obligatoire. Les interventions et les mesures d’entretien peuvent être conduites par le service des forêts, les propriétaires ou des tiers tels que des agriculteurs ou des volontaires d’associations ou d’organisations.

En plus du service forestier cantonal, qui est responsable en première ligne, le service cantonal pour la protection de la nature et du paysage est souvent aussi impliqué dans ces projets, qui doivent éventuellement aussi être approuvés par les instances agricoles, de l’aménagement du territoire et de la chasse. C’est particulièrement le cas lorsque des surfaces de PPS s’imbriquent dans des forêts claires.

Selon une récente étude de cas de l’OFEV, les coûts pour une première intervention oscillent entre CHF 6'300 et CHF 71'000, la moyenne se situant autour de CHF 28'000 (revenu du bois pris en compte). Les coûts pour les soins ultérieurs se montent en moyenne à CHF 2'500 par ha et par an (CHF 600 à CHF 4'000). (Source : Handbuch Schutzgebiete (Pro Natura, 2015, non publié).

Pour chaque intervention, la Confédération verse des contributions à la surface de CHF 4'000 par ha d’habitat revalorisé. Selon le projet, le canton participe avec des contributions du service des forêts, de la protection de la nature ou de l’agriculture. Le propriétaire forestier concerné ne devrait assumer aucun coût.

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Il faut recourir plus souvent à la pâture ciblée pour entretenir les forêts claires.

Pâturages boisés

Il convient de distinguer deux domaines lorsqu’il est question de pâturages boisés et de protection de la nature ou de pâturages boisés et de promotion de la biodiversité :

  • D’une part, la promotion des pâturages boisés traditionnels avec pour objectif de conserver ou restaurer la valeur économique, écologique et paysagère de ces forêts et régions, et de maintenir ce type d’exploitation par la suite.
  • D’autre part, la pâture en forêt comme mesure d’entretien pour favoriser des forêts claires qui ne sont généralement pas exploitées comme forêts pâturées typiques.

Les services forestiers procèdent à ce qu’on appelle des séparations forêt-pâturage. Elles servent apporter une amélioration tant du point de vue des exigences forestières (assurer le rajeunissement par la pose temporaire de clôtures p. ex.), que de celui de la qualité de la pâture (en améliorant les accès et en installant des points d’eau, p. ex.).

Pour assurer et améliorer les valeurs paysagère et écologique des pâturages boisés, on a introduit depuis un certain temps des plans de gestion intégrés contraignants. Dans le Jura (cantons de VD, JU et BE), ils ont été mis en œuvre à plusieurs reprises, sous le terme de « plans de gestion intégrée des pâturages boisés (PGI) ».

Exemples :

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S’agissant des projets concernant les pâturages boisés, les chevauchements juridiques et administratifs sont nombreux au niveau de la planification et au niveau de la mise en œuvre. source

Les soins au peuplement se concentrent sur l’articulation entre les zones ouvertes du pâturage boisé et ses zones arborées. On façonne cette articulation en intervenant de manière ciblée dans la strate arborée, ainsi que par des mesures d’entretien dans la strate arbustive (notamment débroussaillage, élimination au bon moment des jeunes pousses d’essences indésirables, épicéas p. ex.). Les secteurs boisés ne devraient pas montrer une couverture des houppiers supérieure à 20 – 50 %. Les vieux arbres marquants doivent autant que possible être épargnés, en revanche il faut empêcher la croissance des essences qui amènent beaucoup d’ombre (Hêtre ou Épicéa p. ex.).

La part de surfaces de rajeunissement est plus faible que celle nécessaire dans d’autres types de boisements, mais elles doivent être régulièrement réparties et protégées par des clôtures. L’entretien des secteurs de pâturage vise prioritairement une qualité de pâture optimale.

Des interventions trop fortes laissant derrière elles une surface au sol pauvre en végétation et souvent riche en nutriments peuvent favoriser les herbacées indésirables dans les pâturages comme les chardons, les ronces ou la Belladonne.

Un certain pourcentage (20 % p. ex.) de buissons ou de ligneux pionniers favorise la biodiversité, en particulier s’il s’agit d’épineux ou de rosiers, ainsi que de ligneux pionniers à grande valeur écologique comme le Tremble (Populus tremula), les bouleaux (Betula sp.), ou les saules (Salix sp.). Prudence en revanche avec le Noisetier (Corylus avellana) qui peut devenir dominant en quelques années et évincer les autres ligneux et la végétation herbacée, avec la forte ombre qu’il apporte. Des mesures spécifiques peuvent être nécessaires pour la promotion ciblée de certaines espèces animales ou végétales. Elles sont en général présentées dans les fiches sur la promotion des espèces.

Le financement de ce genre de projets provient tant du côté des services forestier que de ceux de l’agriculture. Du point de vue agricole, les pâturages boisés font partie du domaine de validité de l’ordonnance sur les paiements directs (OPD) de la Confédération. Lorsque les conditions correspondant au niveau de qualité 2 (qualité et structure de la végétation) sont remplies dans les surfaces de pâturage, les exploitants ont droit à des subventions. (voir : Promotion de la biodiversité du niveau qualité II Pâturages extensifs et boisés (Agridea, 2018), Espèces indicatrices pour les pâturages extensifs et pâturages boisés (Agridea, 2016)).

∂- Agridea_1192.2 (2018)_Biodiversitätsförderung Qualitätsstufe II von extensiv genutzten Weiden& Waldweiden.pdf et Agridea_1549.3 (2016)_BFF-Zeigerpflanzen von extensiv genutzten Weiden und Waldweiden.pdf).

À côté des régions traditionnelles de pâturages boisés des hauteurs du Jura et des boisements d’altitudes moyenne et élevée des Alpes, la pâture est ailleurs surtout une mesure d’entretien pour favoriser et conserver des forêts claires. Cela concerne surtout des stations forestières et des structures de peuplement qui conviennent d’une manière générale à la promotion des forêts claires. En font partie les associations forestières sèches comprenant des chênes ou des pins, ou les hêtraies mixtes, ou les peuplements soumis à une exploitation traditionnelle telle que le taillis sous futaie ou le taillis. La pratique de la pâture est tout à fait possible dans les associations forestières plus fertiles, mais dans ce cas le bétail n’est souvent plus capable de maintenir la forêt ouverte.

À noter que selon la loi sur les forêts (LFo art. 16), le pâturage en forêt a valeur d’exploitation préjudiciable et est en principe interdit. Il faut donc une autorisation exceptionnelle du service forestier cantonal même pour faire pâturer du bétail à des fins de protection de la nature.

Il faut déterminer au cas par cas les espèces et races de bétail qui se prêtent à une pâture d’entretien en forêt. Les chèvres sont adaptées dans le cas d’une pâture intensive avec pour objectif principal, de faire reculer les buissons et les jeunes arbres, mais moins dans le but de réguler la végétation au sol de façon constante. Les moutons ne s’intéressent quasi pas aux ligneux, et broutent la strate herbacée très ras. Les deux espèces comportent différentes races dont les comportements alimentaires sont très distincts. La question d’un pâturage continu ou tournant et celle de la charge en bétail doivent aussi être examinées au cas par cas.

Taillis

Conserver et promouvoir l’exploitation en taillis dans un but de protection de la nature n’est possible et pertinent en Suisse que de manière encore limitée. Cette forme d’exploitation ne représente que 3,6 % de la surface forestière totale. Au nord de la Suisse, les taillis ont presque complètement disparu, tandis qu’ils représentent 16,7 % des forêts sur le versant sud des Alpes, où cette forme d’exploitation traditionnelle s’est mieux maintenue. D’après la planification des services des forêts, seul un tiers de cette surface sera encore exploité activement dans les 20 prochaines années, dont une petite partie seulement en coupes de taillis traditionnelles

Du point de vue de la biodiversité, le maintien du taillis et de son exploitation traditionnelle ne se justifient que là où les futaies fermées dominent largement les environs et où manquent d’autres habitats à végétation arborée et buissonnante plus ouverts nécessaires aux organismes héliophiles et thermophiles. D’autres formes de forêts ouvertes, et avant tout les taillis sous futaies, offrent toutefois des habitats de substitution précieux pour de nombreux habitants typiques des taillis.

Du point de vue d’une production optimale de bois-énergie tout comme de celui de la promotion d’un habitat de qualité, il faut prêter attention aux points suivants :

  • Pour garantir la durabilité à long terme et simultanément la diversité des structures du milieu, l’ensemble de la surface doit être partagé en plusieurs zones de coupe exploitées par rotation.
  • Le meilleur moment pour la coupe est la fin de l’hiver, après les fortes gelées hivernales et avant que la sève ne se remette à circuler.
  • La coupe doit être effectuée avec un outil affuté afin de laisser une trace de coupe lisse et oblique, sans fissure. (Source

Taillis sous futaie

Mêlant futaie et taillis, le taillis sous futaie était, jusqu’au 20e siècle, une forme d’exploitation traditionnelle très répandue sur le Plateau et dans les endroits de basse altitude du Jura. Il ne couvre aujourd’hui plus que 0,3 % de la surface forestière en Suisse et n’a pratiquement aucune importance économique. Sa valeur écologique et la grande biodiversité qu’il recèle sont d’autant plus impressionnantes. Les raisons en sont décrites dans le chapitre « Taillis sous futaie ».

À l’heure actuelle, ce ne sont donc plus que la protection de la nature et des raisons historico-culturelles qui motivent la promotion des taillis sous futaie ; ils connaissent ainsi par ce biais une certaine renaissance dans quelques régions. On trouve ainsi des peuplements de taillis sous futaie impressionnants dans les cantons de Bâle-Campagne, Argovie, Zurich et Thurgovie. Les projets pour les conserver sont souvent combinés avec la promotion des chênes et de certaines espèces cibles comme le Pic mar. Le programme de l’OFEV pour la promotion de la biodiversité en forêt prévoit leur restauration et leur exploitation durable à la mesure D3.5 « Maintenir les formes d’exploitation particulières ».

Restaurer les taillis sous futaie n’est pertinent que là où des structures correspondantes comprenant de vieux arbres remarquables (surtout des chênes mais aussi diverses autres essences) témoignent d’une exploitation passée en taillis sous futaie. Pour reformer une strate supérieure lâche, il faut éliminer la plupart des autres arbres qui ont poussé depuis dans les strates inférieure et intermédiaire. Les réflexions et interventions précises d’ordre sylvicole qui sont nécessaires pour façonner et conserver de beau taillis sous futaie doivent être menées en collaboration avec les spécialistes en foresterie, qui disposent des connaissances et de l’expérience nécessaires.
La production de bois de qualité n’étant plus la priorité pour la strate supérieure, le vieux bois malade ou dépérissant et même le bois sec sur pied doivent être laissés en place lorsqu’aucune raison de sécurité, le long des routes p. ex., ne s’y oppose. Associés aux vieux arbres sains, ils forment de précieux arbres-habitats.
Les mêmes principes valent pour le traitement du sous-étage que pour celui du taillis (cf plus haut). L’important, du point de vue écologique, est que tous les âges soient représentés sur l’ensemble de la surface, de la coupe rase fraîche jusqu’au peuplement de rejets de souche mûr pour la coupe. La durée de révolution dans la sous-couche est en général de 20 à 30 ans. Le bois coupé peut le cas échéant être vendu comme bois-énergie, ce qui ne couvre pas les frais mais rapporte au moins un certain revenu. BALLY, 1999 a traité de la production rentable de bois-énergie dans les taillis sous futaie.

La réserve forestière spéciale est un instrument adéquat pour la restauration et les soins réguliers aux taillis sous futaie. L’objectif peut toutefois également être atteint et financé par d’autres mesures de promotion de la biodiversité.

Selves

Des considérations de protection de la nature, paysagères, et historico-culturelles motivent la restauration des selves. C’est pourquoi une variété d’acteurs sont généralement impliqués dans la planification, la mise en œuvre et le financement de ce type de projets (propriétaires/exploitants, services forestiers, commune, év. fondations, associations de protection de la nature). Les peuplements de ces objets ne sont la plupart du temps plus exploités depuis des décennies ; la succession naturelle a eu pour effet qu’un sous-bois dense s’est développé et que la structure caractéristique semblable à celle d’un parc a disparu.

On procède en principe en deux étapes.
1. Restauration de la structure de la selve

  • Dégager les vieux arbres, en éliminant les ligneux des strates intermédiaire et inférieure (en plus des châtaigniers et des noyers, on peut aussi laisser sur pied les chênes, les cerisiers et les érables qui sont adaptés)
  • Favoriser la structure de la selve en éclaircissant la strate supérieure. Les vieux arbres doivent être épargnés en priorité. Conserver aussi les arbres morts, éventuellement en les coupant en hauteur.
  • La double utilisation agricole et la promotion de la biodiversité dans la végétation au sol nécessitent que les arbres restants soient répartis de manière suffisamment lâche.
  • Entretenir les houppiers des châtaigniers en conservant les micro-habitats de qualité (à faire faire par un arboriculteur si possible)
  • Planter des jeunes châtaigniers ou noyers greffés (avec une clôture contre l’abroutissement)
  • Ensemencer les surfaces avec un mélange de graines ou de la fleur de foin des environs.

2. Mesures d’entretien régulières

  • Pâturer ou faucher (si possible chaque année)
  • Utiliser et valoriser les fruits
  • Éliminer les feuilles mortes (si possible chaque année)
  • Répéter la coupe des houppiers (env. tous les 10 ans, selon besoin)

Un financement par les services forestiers est en général possible tant pour la restauration unique d’une selve que pour la taille ultérieure des houppiers, tandis que les mesures annuelles d’entretien sont soutenues par différents types de paiements directs liés à la surface agricole utile (SAU).

Il existe au Tessin et dans les vallées du sud des Grisons des concepts régionaux des services forestiers pour le choix et l’établissement des objets à restaurer adéquats concernant les selves de châtaigniers.


Délimitation et sauvegarde d’îlots de sénescence, d’arbres-habitats et de bois mort

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Scier les troncs en hauteur est une méthode simple pour obtenir du bois mort. Il s’agit ici d’Épicéas qui ont dû être abattus suite à une infestation de bostryches. L’écorçage réduit la valeur des arbres pour la biodiversité. On peut y remédier simplement en incisant l’écorce par bandes verticales d’env. 1 cm de large tous les deux à cinq centimètres. On empêche ainsi le Bostryche typographe (Ips typographus) de se reproduire dans le bois.

Les forêts de production, dont la durée de révolution est de 150 ans maximum, n’abritent pas les phases de sénescence et de décrépitude de très grande valeur écologique, qui dans les forêts primaires se déroulent sur plusieurs centaines d’années, tout au long de l’évolution de leur peuplement. Il s’ensuit un manque de vieux bois et de bois mort, qui est l’un des plus grands déficits écologiques dans nos forêts.
En plus de créer des réserves forestières, on peut offrir et garantir ce type de structures forestières également dans les forêts de production, au moins dans une mesure limitée, en promouvant le vieux bois et le bois mort. Cela demande très peu de travail et n’entraîne que des contraintes minimes pour la sylviculture axée sur la production. Les objectifs de protection de la nature importants visés avec ces mesures sont par exemple la promotion et la conservation d’îlots de sénescence, de certains vieux arbres-habitats et essences rares, de structures particulières comme les cavités, de l’écorce grossière et du bois mort couché ou sur pied. De nombreuses espèces animales et végétales aux exigences écologiques très spécifiques peuvent ainsi exister dans les forêts de production.
Le domaine d’intervention D2 « Promouvoir le vieux bois et le bois mort » de l’aide à l’exécution pour la conservation de la biodiversité en forêt (OFEV 2015) en fait une description complète.

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Les îlots de vieux bois et les arbres biotopes permettent le déroulement des stades de sénescence et de décrépitude, absents de la forêt exploitée.

En plus de l’existence de vieux bois et de bois mort en tant que petits habitats ou micro-habitats pour eux-mêmes, ces éléments ont une grande importance comme biotopes relais dans le réseau écologique. Il faut donc viser une répartition la plus régulière possible.

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Les îlots de sénescence et les arbres-habitats améliorent la connectivité entre les réserves forestières naturelles. La propagation d'espèces menacées d'extinction avec des occurrences locales fragmentées est ainsi facilitée source.

Îlots de sénescence

Des petites surfaces forestières dont le boisement est proche de l’état naturel et adapté à la station, et qui comprennent des arbres relativement âgés et/ou une part déjà considérable de bois mort, peuvent être définis et sauvegardés comme îlots de sénescence (ou îlots de vieux bois). On renonce à l’exploitation dans ces îlots et on y laisse les arbres sur pied jusqu’à leur décrépitude naturelle. Pour répondre à l’objectif écologique qu’on leur attribue, les îlots de sénescence doivent couvrir au moins 10 ha. Les objectifs opérationnels nationaux de l’OFEV exigent que d’ici 2030, 2 îlots de sénescence par kilomètre carré de forêt, mesurant si possible au moins 1 ha, soient définis.

Il appartient aux cantons d’élaborer les directives correspondantes pour atteindre ces objectifs. Les critères suivants doivent être pris en compte :

  • taille minimale (et maximale) des surfaces
  • largeur minimale des surfaces
  • part élevée de vieux bois et de bois dur avec nombreux gros troncs
  • présence d’arbres-habitats
  • part élevée de bois mort
  • période relativement longue sans intervention sylvicole ni récolte de bois
  • cortège d’essences adapté à la station
  • pas de conflits importants avec d’autres fonctions de la forêt (selon PDF)

Aspects juridiques et administratifs :

  • Intégration dans la planification forestière (PDF ou surtout plan de gestion, y compris planification des coupes)
  • garantie sur le plan juridique : contrat simple sans inscription au registre foncier p. ex.
  • durée minimale du contrat pour la renonciation aux interventions sylvicoles
  • exception pour les évènements particuliers menaçant la sécurité publique (p. ex. infestation de coléoptères ou un incendie de forêt)
  • règlement des contributions : contributions de la Confédération et du canton (par ha et par an p. ex.)
  • question de la délimitation physique

Arbres-habitats

Pour augmenter la biodiversité en forêt de façon étendue et pour pouvoir la garantir, il faut promouvoir les substrats et les structures de grande valeur écologique, tels qu’en offrent les arbres-habitats et leurs micro-habitats, ceci également dans les forêts exploitées. Les réserves forestières naturelles et les forêts non perturbées comportant beaucoup de bois mort offrent en revanche déjà de telles structures en quantité suffisante, qui contribuent grandement à la biodiversité élevée de ces forêts. La promotion des arbres-habitats est pour cette raison devenue un objectif important pour la promotion de la biodiversité en forêt, en particulier dans les forêts de production ([mesure D2.4 « Maintenir les arbres-habitats » dans « Biodiversité en forêt : objectifs et mesures » p. ex.).

Les arbres-habitats, parfois appelés arbres-biotopes, sont en général de gros arbres âgés, qui présentent grâce à leurs structures des dendromicrohabitats caractéristiques et sont de ce fait particulièrement précieux du point de vue écologique (cf. chap. « Structure de haute valeur écologique : bois mort, arbres-habitats »). Leur nombre et leur densité sont en général suffisants dans les réserves forestières naturelles et les îlots de sénescence, ou alors ils apparaissent au fil du temps. Souvent ils constituent même un critère décisif pour la délimitation de ces surfaces protégées.

Ils sont un complément important pour la promotion de la biodiversité et doivent à ce titre être également présents dans les forêts exploitées, en nombre suffisant et avec une répartition aussi régulière que possible. Du point de vue écologique et lorsque c’est possible, il faudrait six à dix arbres-habitats par hectare. Pour le long terme, il faut de plus sauvegarder des arbres plus jeunes qui ont le potentiel de développer des micro-habitats. Les objectifs opérationnels de l’OFEV exigent de désigner 3 à 5 arbres-habitats par ha de forêt.

Le choix des arbres-habitats doit se fonder sur les critères suivants (selon ∂- WSL-Merkblatt Praxis.64) :

  • privilégier les arbres âgés ou à tronc épais qui présentent des micro-habitats
  • conserver aussi les espèces d’arbres pionnières ou les essences accessoires codominantes, car des dendromicrohabitats précieux s’y développent particulièrement vite.
  • intégrer en particulier des arbres-habitats situés en lisière, car ils montrent souvent des dendromicrohabitats spécifiques
  • conserver également les arbres morts sur pied

Le recensement méthodique comprend avant tout :

  • localisation précise (saisie des coordonnées)
  • essence
  • diamètre à hauteur de poitrine (DHP)
  • dendromicrohabitats présents (codés selon le catalogue Kraus et al., 2016))
  • photo

Il existe une application pour smartphones Android et iOS, « Habi-App », qui permet une saisie homogène et pratique des arbres-habitats selon ces critères.

Les cantons sont incités par les objectifs opérationnels et la convention-programme avec l’OFEV (voir ch. « Coûts, contributions » à promouvoir les arbres-habitats, et ont élaboré à cet effet des directives ou d’autres dispositions contraignantes (voir l’exemple grison Richtlinie Habitatbäume). En plus de la méthode de recensement, y sont réglées les questions concernant la sauvegarde sur le long terme (contrat avec le propriétaire foncier), le dédommagement et le marquage permanent.

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Un arbre pourvu du label « Dein Baum » (en allemand). Ce projet de parrainage permet d’assurer le maintien à long terme d’arbres biotopes.

Bois mort

On trouve dans toutes les forêts du bois mort couché et sur pied à différents stades de décomposition, mais les quantités sont très variables. Il constitue la base vitale de milliers d’espèces souvent très spécialisées d’animaux, plantes supérieures, champignons, mousses, lichens et algues rares. Une bonne offre en bois mort (sur les plans qualitatif et quantitatif) est donc incontournable pour une grande biodiversité en forêt. Les forêts exploitées en comportent généralement en moyenne dix fois moins que les forêts naturelles. Selon l’IFN, la situation s’est nettement améliorée depuis quelques décennies. Cette tendance est à renforcer.

Les mesures de promotion suivantes peuvent y contribuer la plupart du temps y compris dans les forêts exploitées :

  • désigner des arbres-habitats (voir ci-dessus)
  • laisser en place le bois mort qui est produit naturellement
  • laisser sur pied les arbres endommagés ou mourants
  • cercler les arbres non souhaités et les laisser sur pied

Lors d’éclaircissages et lors de la récolte de bois :

  • laisser sur place, sans les brûler, les rémanents de coupe (cf. chap. « Nettoyage du parterre de coupe et tas de déchets de coupe »)
  • laisser sur place, sans les scier, les parties de houppiers et de branches non utilisées
  • laisser en place les souches coupées haut
  • faire preuve de retenue dans le nettoyage des zones de chablis

Il faut cependant prêter attention à certains aspects, en partie limitants :

  • le long des routes et des voies ferrées, ainsi que dans les zones très utilisées pour les loisirs (chemins, parcours sportifs, places de grillades, etc.), des considérations de sécurité (mot-clé responsabilité légale) requièrent d’examiner régulièrement les arbres portant des grandes branches mortes et les arbres secs sur pied, et le cas échéant, de les abattre.
  • la sécurité des forestiers-bûcherons travaillant dans les peuplements comportant beaucoup de vieux bois et de bois mort doit être garantie par une instruction et une sensibilisation adéquates.
  • en cas de bois mort frais engendré par une tempête ou une coupe de bois, il faut considérer le risque d’infestation par les scolytes si la part d’épicéas est importante : Ips typographe (Ips typographus) dans les grumes à écorce épaisse et le Chalcographe (Pityogenes chalcographus) dans le bois tendre, les houppiers et les rameaux à écorce fine. Il existe des risques analogues pour les autres conifères comme les pins ou le Sapin blanc, avec leurs espèces de scolytes spécifiques. Les troncs fortement atteints par l’Ips typographe qui ne peuvent pas être immédiatement transportés hors de la forêt sont en général complètement écorcés, ce qui réduit considérablement leur valeur pour la biodiversité. Une méthode simple mais chronophage permet de réduire significativement cette perte : on entaille l’écorce en bandes parallèles verticales sur tous les troncs. (Source : ∂- Pro Natura lokal_1/2021_HUG_Käferholz für die Biodiversität)

La demande en bois-énergie connaît à nouveau une nette croissance depuis quelques années. Ce regain d’intérêt pourrait à l’avenir conduire dans certaines régions à un conflit avec la promotion du bois mort. Il vaudrait la peine de se pencher sur le thème de l’exploitation du bois-énergie et de la biodiversité pour une analyse et une évaluation globale.

Promotion des petits biotopes

La présence de nombreux petits biotopes favorise l’offre en habitats et par là la biodiversité dans les forêts. De nombreux petits habitats de grande importance écologique ont déjà été décrits dans d’autres de nos pages, en particulier concernant le bois mort et les arbres-habitats.

D’autres petits biotopes, comme les tas de branches, les murgiers, les murs en pierres sèches, les souches et les disques racinaires, sont traités dans l'article « Petits biotopes ».

Nous nous intéressons d’encore plus près à d’autres petits biotopes ci-après.

Petits plans d’eau

La planification, la construction et l’entretien des petits plans d’eau fait l’objet d’un article complet. Les types de forêts humides surtout offrent en général de nombreuses possibilités, de la création de petits plans d’eau à l’inondation de plus grandes dépressions.

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Petite mare façonnée manuellement pour favoriser le Sonneur à ventre jaune.

Blocs erratiques et rochers

Lorsque des blocs erratiques ou des rochers se trouvent en forêt en dehors de stations d’éboulis, ils offrent des petites stations et des micro-habitats particuliers, qui ne sont sinon pas présents dans ce milieu. La colonisation par des plantes ou animaux spécialisés saxicoles (en particulier lichens et mousses respectivement invertébrés) accroît la biodiversité locale. Les blocs erratiques constitués de roche siliceuse qui offrent des conditions stationnelles exclusives aux plantes acidophiles dans les environnements calcaires du Plateau ou du Jura revêtent par exemple une importance particulière. Les grands blocs erratiques du Plateau sont désormais souvent protégés et ne subissent plus de perturbation. L’ombrage et la concurrence de la végétation voisine ou l’escalade sportive représentent cependant une certaine menace pour les habitants de ces blocs.

Routes forestières

Les routes forestières, et surtout leurs bordures, sont des habitats précieux en particulier pour les espèces animales et végétales héliophiles et thermophiles. Les accotements et les ourlets adjacents forment grâce à leur sol maigre et clairsemé des micro-habitats précieux qu’on ne trouve presque plus dans la forêt elle-même ni dans la zone agricole. Les ourlets riches en espèces et les manteaux de buissons présentent ainsi souvent des orchidées rares, des lézards, et des espèces d’orthoptères, de mollusques ou de papillons diurnes et peuvent aussi servir de corridors aux reptiles et de surfaces de gagnage pour le gibier. Lorsque les conditions pédologiques sont fraîches-humides et riches en nutriments, des mégaphorbiaies ou des ourlets herbeux luxuriants peuvent aussi se développer, qui présentent une flore et une faune complètement différentes mais tout aussi riches en espèces. Les routes forestières à revêtement naturel présentent souvent des flaques d’eau de pluie temporaires, que certaines espèces de papillons diurnes utilisent pour s’abreuver ou qui sont brièvement colonisées par d’autres petits animaux.
Il importe de planifier un entretien des bordures des routes qui soit écologiquement adapté. Il est placé sous la responsabilité, selon les cas, du service forestier, du groupe de travail de la commune le cas échéant ou d’une coopérative d’entretien. Les aspects suivants sont particulièrement importants du point de vue de la conservation et de la promotion de la biodiversité :

  • intervenir de façon échelonnée dans le temps et dans l’espace, le plus tard possible et en laissant intouchées des surfaces les plus petites possibles
  • faucher plutôt que broyer, en particulier quand une coupe précoce est inévitable
  • couper à 10 cm pour ménager la faune
  • dans la mesure du possible ne pas toucher les buissons de grande valeur écologique
  • éliminer les néophytes envahissantes avant la formation des graines

Littérature :

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Le Lézard vivipare (Zooteca vivipara) et la Céphalanthère à longues feuilles (Cephalanthera longifolia), notamment, fréquentent les bords des routes et chemins forestiers. Un dépliant de Pro Natura Berne synthétise l’essentiel pour préserver et favoriser la richesse en espèces au bord des routes et chemins forestiers.

Végétation de coupe et associations pré-forestières

Après l’élimination de la strate arborée par une coupe de bois ou une tempête, une végétation herbacée caractéristique d’après coupe s’installe immédiatement, qui marque le début d’un processus de succession naturelle rapide. La strate herbacée qui domine d’abord, composée par exemple de framboisier, belladone et fraises, est remplacée en quelques années par des ligneux pionniers héliophiles tels que le Saule marsault, le sureau, le bouleau, le Tremble ou le Sorbier des oiseleurs. Ces associations transitoires sont ensuite remplacées par la forêt qui forme l’association finale.
Tandis que la flore ne présente quasi pas d’espèces particulières, la faune peut se distinguer par de nombreuses espèces d’insectes et d’araignées, dont certaines rares.
La végétation de coupe est un habitat forestier partiel typique et important et ne doit pas être coupée, même si elle ralentit un peu la repousse des ligneux exploités. Les ligneux pionniers mentionnés plus haut sont très importants pour la biodiversité et doivent être conservés aussi longtemps que possible dans la repousse de la forêt finale. Ils doivent pour cela absolument être épargnés ou même un peu favorisés lors des soins au jeune peuplement.
Les néophytes envahissantes comme le Solidage du Canada, la Ronce d’Arménie ou le Buddléia de David, qui peuvent profiter de ces conditions stationnelles claires et riches en nutriments, peuvent poser certains problèmes.

Nichoirs en forêt

Les nichoirs peuvent temporairement offrir un substitut aux cavités de nidification dans les forêts pauvres en structures. Certains oiseaux en profitent, mais aussi des chauves-souris et des Gliridés. Leur utilisation n’est toutefois pas systématiquement pertinente ni recommandée, tant du point de vue écologique que de celui de l’entretien qu’ils nécessitent. [BirdLife Zurich a réuni dans une présentation quelques conclusions importantes, que voici  :

Connaissances concernant l’importance écologique des nichoirs :

  • Les nichoirs sont un plus surtout dans les habitats pauvres en cavités ; ils sont de ce fait moins importants dans les forêts naturelles et âgées.
  • L’augmentation du nombre de pics donne lieu à la création de nouvelles cavités, qu’il faut sauvegarder.
  • Ce sont surtout – mais pas seulement – les espèces fréquentes (Mésange charbonnière, Mésange bleue, p. ex.) qui en profitent.
  • Les espèces ainsi favorisées peuvent avoir un impact négatif sur les chenilles d’espèces rares de papillons.

Recommandations pour l’utilisation judicieuse de nichoirs :

  • Toujours pertinente dans les forêts de production intensivement exploitées.
  • Mettre l’accent plutôt sur des nichoirs spéciaux pour des espèces rares, surtout pour soutenir des populations déjà existantes.
  • L’entretien et le nettoyage des nichoirs demande beaucoup de travail, il faut donc optimiser leur emploi, y compris en contrôlant si et par quelles espèces les nichoirs sont utilisés.
  • Les chauves-souris ont besoin de nichoirs spéciaux.
  • La promotion du bois mort et des arbres-habitats a plus de sens à long terme d’un point de vue écologique.

En général, les nichoirs en forêt sont entretenus par les associations de protection de la nature.

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: Les forêts alluviale intactes ne nécessitent en général pas d’interventions forestières. Dans les secteurs qui ne sont plus influencés par la rivière, les espèces typiques des zones alluviales doivent faire l’objet d’une promotion.

Délimitation, sauvegarde et promotion des forêts alluviales

Les forêts alluviales intactes sont marquées d’abord par la dynamique fluviale, ses inondations périodiques et les fortes fluctuations du niveau de la nappe. Les différentes durées d’inondation et les différents effets mécaniques de l’eau de la rivière conditionnent la zonation typique de toute la zone alluviale, de la zone pionnière ouverte fortement influencée à la forêt alluviale de bois durs en passant par la forêt alluviale de bois tendres (cf. voir chapitre « Zones alluviales »).

Les forêts de bois tendre sont inondées régulièrement et longtemps, et de ce fait fortement soumises à l’alluvionnement et à l’érosion dus au cours d’eau. Elles présentent un sol sableux et riche en nutriments, mais plutôt pauvre en humus. Sur le Plateau elles sont représentées surtout par la saulaie blanche (EK43). En plus du Saule blanc (Salix alba), le Peuplier noir (Populus nigra), essence indigène, est important et digne de protection. Dans la partie supérieure, transition avec la forêt alluviale à bois dur, on trouve souvent l’aulnaie à prêle (EK31), constituée de peuplements presque purs d’Aulne blanchâtre (Alnus incana) et d’une strate arbustive dense.

Les forêts alluviales à bois dur ne sont inondées que lors des fortes crues et sont soumises à beaucoup moins de contraintes mécaniques. La fluctuation du niveau de la nappe phréatique permet une bonne croissance des essences tolérantes aux inondations, telles que le Frêne, l’Orme montagnard ou le Chêne pédonculé.
Pour des raisons climatiques, la saulaie blanche se développe moins à l’étage montagnard au-dessus de 500 m environ. De plus, dans les vallées de montagne, toute la zone alluviale est plus étroite et donc inondée plus souvent et plus fortement sur toute sa largeur. Les forêts alluviales à bois dur n’ont donc pas de place et toute la zone alluviale est occupée par l’aulnaie riveraine (EK32).
La saulaie à saule laurier des Alpes centrales est un joyau particulier. Couvrant une faible surface, elle borde en particulier l’Inn en Haute-Engadine et la Reuss dans l’Urseren. Elle fait par conséquent partie des habitats de priorité nationale la plus élevée, avec un statut CR dans la Liste rouge (menacé de disparition).

Environ 95 % des forêts alluviales originelles ont disparu au cours des deux derniers siècles en Suisse, principalement défrichées ou asséchées au cours des grands aménagements touchant les cours d’eau. La majeure partie des forêts alluviales qui subsistent figurent depuis 1992 à l’inventaire fédéral des zones alluviales d’importance nationale et sont de ce fait protégées.

Les objets de l’ordonnance sur les zones alluviales ont été cartographiés selon leur phytosociologie. On peut consulter chacune de ces cartes de végétation ainsi que les cartes montrant les utilisations et les atteintes sur le site map.geo.admin.ch avec le terme de recherche « végétation dans zones alluviales », et les télécharger comme fichiers PDF (avec le lien proposé dans la fenêtre qui s’affiche lorsqu’on clique sur un objet). Les unités de végétation cartographiées reprennent les unités de cartographie de GALLANDAT et al., 1993 : Cartographie des zones alluviales d'importance nationale, OFEFP. Cahier de l'environnement 199.

Malgré la protection conférée par l’inventaire fédéral, les conditions stationnelles de nombreuses forêts alluviales ne sont plus intactes, ou sont du moins susceptibles d’être améliorées. Cela concerne tout particulièrement ce qui a trait à la dynamique fluviale dans les zones alluviales. De nombreuses surfaces forestières ne sont plus inondées, ou trop rarement, et le niveau moyen de la nappe a excessivement baissé. Il manque donc les facteurs hydrauliques et mécaniques essentiels à l’existence durable d’écosystèmes forestiers alluviaux. Les renaturations et les revitalisations des cours d’eau sont les mesures les plus importantes pour améliorer ces situations souvent insatisfaisantes.

Les forêts alluviales intactes, encore soumises à la dynamique fluviale, n’ont en général pas besoin d’interventions sylvicoles ni de mesures d’entretien. Les initiatives pour canaliser les visiteurs afin de ménager la nature concernent en premier lieu les secteurs ouverts proches des cours d’eau. Mais les forêts alluviales sont aussi concernées car c’est souvent par elles qu’on accède à ces zones.

Les anciennes forêts alluviales qui ne sont plus directement influencées par le cours d’eau présentent encore souvent des structures précieuses ou des essences typiques « du bon vieux temps ». Dans ce genre de cas, des interventions sylvicoles ciblées peuvent jusqu’à un certain point simuler la dynamique fluviale absente, et ainsi permettre de maintenir dans une certaine mesure le caractère de forêt alluviale :

  • Recensement/cartographie et protection des essences précieuses, qui jouent souvent aussi un rôle d’arbres-habitats :
    • vieux Saules blancs et autres espèces de saules (Salix sp.), Peupliers noir et blanc, dans les forêts alluviales à bois tendre
    • vieux Chênes pédonculés, Ormes de montagne ou Frênes dans les forêts alluviales à bois dur
    • vieux pins et vieux Épicéas isolés (év. importants pour les aires de Hérons cendrés etc.)
  • Élimination des essences non typiques des zones alluviales, comme :
    • peuplements d’Épicéas (mais cf. aussi ci-dessus), pousses de Hêtres
  • Élimination des néophytes
    • surtout peupliers hybrides/du Canada et Robiniers pour les ligneux
    • surtout Buddléia de David, les espèces de chèvrefeuilles exotiques (Lonicera sp.), le Solidage du Canada et la Ronce d’Arménie pour les arbustes et les herbacées
  • Création de surfaces de rajeunissement pour les espèces de lumières (saules et peupliers) :
    • éclaircies relativement grandes avec sol nu graveleux-sableux, év. abrasion de la couche d’humus
  • Prélèvement de gravier pour créer des dépressions soumises à une plus forte influence de la nappe ou des mares à amphibiens

En-dehors des interventions uniques au début d’un projet de conservation, il s’agit pour la plupart d’interventions d’entretien à renouveler périodiquement. La création d’une réserve forestières spéciale est donc un instrument idéal. D’autres mesures de promotion de la biodiversité permettent cependant également d’atteindre l’objectif.

Délimitation, sauvegarde et promotion des forêts inondées, des forêts marécageuses et des forêts humides

En dehors des zones alluviales, les forêts des stations humides et inondées se distinguent également par une grande biodiversité constituée surtout d’espèces spécialisées et rares. Abattages et drainages les ont massivement réduites tant en nombre qu’en qualité par rapport à un paysage naturel. Leur conservation et leur promotion font aussi partie de la promotion de la biodiversité dans la forêt suisse sous la mesure D.3.4.

C’est valable en particulier pour les forêts marécageuses qui, surtout sur le Plateau, sont présentes de manière dispersées sur les quelques surfaces qui ont encore un sol tourbeux inondé en permanence. L’aulnaie marécageuse à laiche (EK44) occupe les cuvettes à fond plat dont la nappe est haute et le plus souvent un peu basique ainsi que les bords des lacs peu inclinés, tandis que la forêt marécageuse à bouleau pubescent (EK45) occupe surtout les surfaces marécageuses très acides. Ces deux types de forêts inondées figurent dans la Liste rouge des milieux de Suisse (2019) comme « en danger » (EN). Les forêts marécageuses n’ont en principe pas besoin d’entretien, tant que leur régime hydrique est intact. Dans le cas contraire, les conditions stationnelles peuvent être optimisées en améliorant l’alimentation en eau par l’élimination des fossés de drainage et une rétention ciblée.

La pinède de montagne à sphaigne (EK71) et la pessière à sphaignes typique (EK56) se trouvent avant tout dans les stations d’une certaine altitude du Jura et du versant nord des Alpes. Elles font partie des complexes tourbeux et sont en général protégées du fait de leur inscription dans les inventaires fédéraux des hauts-marais et des sites marécageux. Les forêts marécageuses présentent en général une meilleure qualité écologique que les autres secteurs marécageux, ouverts, qui montrent souvent des tendances à la dégradation malgré la protection conférée par leur statut. Les contrôles d’efficacité actuels concernant la protection des marais indiquent que de nombreux sols marécageux de Suisse sont devenus plus secs et plus riches en substances nutritives, et que l’embuissonnement augmente. Le plus souvent, un régime hydrique perturbé peut provoquer une modification de la végétation ligneuse et de celle au sol, très spécifiques, y compris dans les forêts des tourbières. Elles sont classées dans la catégorie « vulnérable » (VU) de la Liste rouge des habitats de Suisse (2019). De plus amples informations sur la protection pratique de ces forêts sont présentées dans l’article sur les zones humides (en cours d’élaboration).

On trouve les forêts humides comprenant des Frênes, des Érables sycomores, des Ormes de montagne ou des Chênes pédonculés (EK 26/27/28/29/30, avec des sous-unités) sur les sols humides avant tout au pied des pentes, le long de ruisseaux ou dans les cuvettes inondées sur des moraines de fond. La forte humidité de toutes ces stations affaiblit le potentiel concurrentiel du Hêtre, sinon dominant, et permet ainsi l’existence des « forêts feuillues nobles ». Elles sont bien plus répandues et occupent de bien plus grandes surfaces que les forêts marécageuses sur le Plateau et dans les Préalpes limitrophes. Les sols riches en nutriments avec une forte activité biologique et une humidité du sol et de l’air importantes se traduisent en une végétation herbacée luxuriante comprenant de nombreuses fougères et une végétation muscinale bien présente, également épiphyte. Ces forêts humides sont des habitats précieux pour les amphibiens tels que la Grenouille rousse, le Crapaud commun et la Salamandre tachetée, et également pour une faune d’insectes et de mollusques spécialisée. Leur valeur économique élevée rend les frênaies à érable des pieds de pente, quant à elles, intéressantes pour la production de bois de qualité.
Les atteintes à la valeur écologique de ces stations forestières sont avant tout représentées par les drainages antérieurs, ainsi que par le compaction du sol lors de la récolte du bois. Les bonnes conditions de croissance favorisent également souvent sur ces stations des forêts de conifères avec Épicéa ou Sapin. Les mesures suivantes sont utiles pour la conservation et la promotion de ces types de forêts :

  • Démantèlement des drains
  • Saison et organisation de la récolte du bois adaptées pour minimiser les dommages au sol
  • Délimitation des secteurs précieux comme îlots de sénescence ou réserves naturelles
  • Maintien et revalorisation des petits milieux aquatiques tels que ruisseaux forestiers ou suintements fontinaux
  • Création d’étangs forestiers, de mares ou de gouilles.
  • Transformation des peuplements non naturels (plantations d’Épicéas) en forêts feuillues adaptées à la station.
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Remise en eau d’une forêt de marais asséchée.

Protection et promotion des espèces

Le chapitre « Écologie utile pour la pratique » traite des essences précieuses sur le plan écologique et des groupes taxonomiques importants en forêt avec des indications et des liens concernant leur promotion. Nous vous recommandons en particulier le résumé sur les espèces et les groupes taxonomiques forestiers.

Le chapitre « Informations de base » présente les espèces qui doivent être favorisées en priorité.
En plus de connaissances suffisantes sur les espèces présentes, la prise en compte des informations disponibles joue également un rôle important. Les acteurs du domaine forestier doivent être sensibilisés correctement et savoir où ils peuvent s’informer.
Le site d’Info Species permet de rechercher des données et de se procurer les plans d’action pour chaque espèce.

La localisation des observations de tous les groupes taxonomiques est intégrée depuis 2014 dans la base de données du projet « Virtual Data Center » VDC, pour qu’elles puissent être prises en compte dans les projets relatifs à la protection de la nature. Cette base de données doit en particulier répondre aux besoins des services cantonaux. Les données ne sont pas accessibles au public.

Pour des informations sur la protection des espèces, voir également les articles sur les groupes correspondants

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Les moyens de favoriser le Muscardin sont présentés dans l’article sur les Mammifères.

Nettoyage du parterre de coupe et tas de déchets de coupe

Après une coupe de bois, les résidus inutilisables tels que souches, branches, rameaux ou écorce restent en forêt. Ces restes sont souvent laissés au sol et se décomposent naturellement au fil des années.
Dans certains cas cependant, ils sont rassemblés et parfois brûlés ou transformés en copeaux. Ceci surtout s’il y a un risque que des champignons pathogènes ou des insectes nuisibles se répandent dans le reste du peuplement, ou si le volume des résidus risque de gêner l’exploitation ultérieure. Dans d’autres cas, ces parterres de coupe sont nettoyés uniquement pour des raisons esthétiques, dans l’idée de donner une allure « propre en ordre » à la forêt.
Nettoyer les parterres de coupe peut être problématique pour plusieurs raisons. On retire de la forêt un bois mort précieux et on limite la formation d’humus et le cycle naturel des nutriments. La combustion des déchets peut provoquer une pollution de l’air significative par la formation de fumée et de substances nocives, en particulier si on brûle du matériel frais ou humide. L’ordonnance de la Confédération sur la protection de l’air (OPair) règle strictement les feux en forêt, et les dispositions cantonales et communales vont souvent encore plus loin en interdisant totalement de brûler des déchets de bois en forêt.

La décision de nettoyer ou non le parterre de coupe doit être prise au cas par cas. Les critères sont par exemple la taille de la coupe de bois et le volume de déchets qui en résulte, et les conditions écologiques et d’exploitation sylvicoles différentes qui règnent dans les forêts du Plateau et de montagne. Les réflexions concernant la protection de la forêt contre les dommages potentiels dus aux champignons et aux insectes sont bien sûr d’une grande importance. Mais le principe suivant devrait valoir, tant pour le nettoyage du parterre de coupe que pour la combustion des déchets de bois : autant que nécessaire mais aussi peu que possible…

La notice pour le praticien « Nettoiement du parterre de coupe » (Forster et al., 1998 (en allemand) fournit une précieuse aide à la décision avec des informations et une check-list des pour et des contre le nettoyage du parterre de coupe.

Informations de base

Bases légales

Historique de la législation forestière suisse
La surexploitation et la destruction des forêts depuis le Moyen Age ont entraîné une grave « crise de la forêt », en particulier au 19e siècle. La diminution voire disparition de la fonction protectrice de la forêt qui en résulte a provoqué un nombre croissant d’avalanches et de chutes de pierres ainsi que des crues catastrophiques et des inondations à répétition. De plus, un cruel manque de bois était constaté dans de nombreuses régions. Des changements politiques, scientifiques et techniques conséquents ont mené en 1874 à l’article constitutionnel et en 1876 à la loi fédérale sur la haute surveillance de la Confédération sur la police des forêts. Cette dernière, d’abord limitée aux « régions élevées », n’a été étendue à toute la Suisse qu’en 1898. Les conséquences concrètes de cette première législation ont toutefois été très restreintes. Ce n’est qu’avec la loi fédérale de 1902 sur la police des forêts qu’une véritable avancée s’est produite. Ses buts principaux, c’est-à-dire la conservation et l’augmentation de la surface forestière et du volume de bois, ont été atteints au cours des décennies suivantes avec grand succès, principalement grâce à l’interdiction du défrichement et des coupes rases (dans ce qu’on appelle la forêt protectrice), une obligation de planification et de contrôle, et l’interdiction de l’exploitation accessoire préjudiciable. En outre, la surface forestière a été juridiquement divisée en forêt publique et forêt privée, ainsi qu’en forêt protectrice et forêt non protectrice, avec des prescriptions légales concernant la forêt publique et la forêt protectrice nettement plus sévères que pour les deux autres catégories.
Après la Seconde Guerre mondiale, les conditions sociales et économiques ont connu de nouveaux changements, toujours plus marqués et rapides, qui ont entraîné une nouvelle conjoncture, de nouveaux défis et de nouveaux problèmes pour la forêt et la sylviculture, auxquels la loi de 1902 ne permettait plus de répondre. Les premières améliorations ont été apportées par l’ordonnance d’application de la loi sur la police des forêts de 1965, qui contenait pour la première fois une véritable définition juridique de la forêt et de la notion de durabilité, ainsi qu’une réglementation plus claire de l’interdiction de défrichement et des autorisations exceptionnelles.

C’est ensuite dans les années 1980 que la pression et la volonté politiques nécessaires pour mener une révision générale de la législation forestière suisse se sont exprimées, avant tout provoquées par la « mort des forêts » et par la dégradation de plus en plus rapide de la situation financière de la majorité des entreprises forestières.

Législation forestière actuelle
Entrée en vigueur en 1993, elle comprend notamment

En comparaison avec la loi sur la police des forêts (1902), les nouveautés les plus importantes sont notamment un article explicitant le but de la loi, des définitions claires, une planification forestière entièrement revue dotée d’instruments au niveau de l’entreprise et au niveau de la branche, et la fixation de fonctions prioritaires pour toutes les surfaces forestières.

L’article 1 de la loi sur les forêts (LFo) énonce son but :

  • conservation des forêts « dans leur étendue et leur répartition géographique » ;
  • protection des forêts « en tant que milieu naturel » ;
  • garantie que les forêts puissent remplir leurs fonctions, « notamment leurs fonctions protectrice, sociale et économique » ;
  • maintien et promotion de l’économie forestière :
  • protection de la population et des biens d’une valeur notable contre les catastrophes naturelles (avalanches, glissements de terrain, érosion et chutes de pierres).

On entend par « fonction sociale » notamment l’utilisation de la forêt comme espace de loisirs et de détente, la régulation des cycles de l’air et de l’eau, le stockage du carbone, ainsi que l’importance de la forêt pour le paysage et en tant patrimoine majeur très ancien.

La protection des forêts et des surfaces forestières exige des définitions claires pour la jurisprudence aussi du point de vue de la protection de la nature. On fait une distinction entre les définitions qualitative et quantitative de la forêt :

Définition qualitative de la forêt
Art. 2, al. 1, LFo : « Par forêt on entend toutes les surfaces couvertes d’arbres ou d’arbustes forestiers à même d’exercer des fonctions forestières. Leur origine, leur mode d’exploitation et la mention au registre foncier ne sont pas pertinents ». Sont assimilés aux forêts les pâturages boisés, les selves de noyers et de châtaigniers, les espaces vides d’un bien-fonds forestier, les routes forestières et les installations forestières.
Ne sont explicitement pas considérés comme des forêts, selon l’art. 2, al. 3, LFo, les groupes d’arbres ou d’arbustes isolés, les haies, les allées, les jardins, les parcs et les espaces verts – entre autres.

Définition quantitative de la forêt
Selon l’art. 2, al. 4, LFo, les cantons peuvent préciser, au sein du cadre fixé à l’art. 1., al. 1, à partir de quelle surface et de quelle largeur un peuplement peut être considéré comme une forêt, et à partir de quel âge une surface colonisée par des ligneux peut être considérée comme une forêt :

  • Surface minimale : 200-800 m2,
  • Largeur minimale : 10-12m
  • Âge minimal du peuplement d’une surface boisée : 10-20 ans

La majorité des cantons ont repris les limites supérieures de ces fourchettes dans leur législation forestière. L’art. 1, al. 2, OFo précise en outre : « Si le peuplement exerce une fonction sociale ou protectrice particulièrement importante, il doit être considéré comme forêt, indépendamment de sa surface, de sa largeur ou de son âge. »

Il existe donc en Suisse, à la base, une notion dynamique de la forêt. Des surfaces agricoles ouvertes, particulièrement si elles ne sont plus exploitées ou exploitées trop extensivement, deviennent des forêts lorsque les ligneux qui y poussent ont dépassé l’âge minimal indiqué ci-dessus.
Dans les cas suivants en revanche, on a une notion statique de la forêt : dans les zones construites, une « constatation de la nature forestière » est fixée dans chaque commune, qui désigne quelles surfaces sont considérées comme des forêts. Les peuplements apparaissant ultérieurement ne sont donc juridiquement pas considérés comme des forêts (art. 10, al. 2 et art. 13, al. 2, OFo, art. 12 LFo).
Depuis 2013, les cantons peuvent aussi délimiter des surfaces en dehors des zones à bâtir, dans lesquelles la croissance de la surface forestière doit être empêchée. Les nouvelles surfaces boisées ne sont pas non plus considérées ici comme des forêts au sens de la loi sur les forêts. Ces zones doivent être désignées dans le plan directeur cantonal (art. 12a OFo).

Dans le but de protéger les forêts et de préserver les surfaces forestières, une interdiction de défricher est en vigueur depuis la loi sur la police des forêts de 1902. Par défrichement, on entend tout changement durable ou temporaire de l’affectation du sol forestier (art. 4 LFo). Le défrichement est interdit en principe, mais des dérogations peuvent être accordées s’il « répond à des exigences primant l’intérêt à la conservation de la forêt » et qu’il respecte certaines conditions précises (art. 5 LFo).

Une révision complète de la loi sur les forêts a été rejetée en 2007 par le parlement. Pour certains, les modifications et les assouplissements partiels des directives allaient trop loin, pour les autres elles étaient trop timides. Depuis, seules quelques modifications minimes ont été apportées à la loi, avec les adaptations idoines dans l’ordonnance.

Les articles juridiquement pertinents de la législation forestière (LFo et OFo) pour la protection de la nature et la conservation de la biodiversité sont présentés ici sous forme de tableaux. (Source : OFEF, 2015 : « Biodiversité en forêt : objectifs et mesures », p.33)

Les autres bases juridiques fédérales pertinentes pour la protection de la nature et la biodiversité en forêt figurent principalement dans la loi sur la protection de la nature et du paysage (LPN, avec ordonnances et inventaires), dans la loi sur la chasse (LChP) et dans la loi sur la protection de l’environnement (LPE et ordonnances) :

La forêt en chiffres : la statistique forestière et l’inventaire forestier national IFN

Les relevés statistiques sur l’état des forêts suisses sont une tradition de longue date. Dès le début, l’un des buts principaux des questionnaires adressés régulièrement aux exploitations forestières a été de contrôler la durabilité de la production de bois, ainsi que l’évolution des surfaces forestières et du volume de bois. Grâce à l’introduction dans les années 1980 de l’inventaire forestier national IFN, une récolte de données nettement plus complète livre aujourd’hui une multitude de détails sur l’état et la dynamique actuels des forêts, permettant aussi des prévisions plus précises quant aux évolutions futures.

Ces données sont publiées régulièrement dans le « Rapport forestier », avec des informations détaillées. La dernière édition est parue en 2015.

Depuis 1887, la statistique forestière suisse recueille chaque année des informations auprès de toutes les exploitations forestières du pays. Ces données sont analysées et publiées par l’Office fédéral de la statistique OFS. Un résumé clair et pratique est également édité chaque année sous forme d’une brochure, « L’économie forestière en Suisse – Statistique de poche ». Ces informations et d’autres concernant la forêt et la sylviculture figurent également dans une publication annuelle de l’OFEV intitulée « Annuaire La forêt et le bois ».

L’inventaire forestier national suisse (IFN) enregistre depuis 1983/85 l’état et les changements des forêts suisses. Un inventaire systématique par échantillonnage permet de récolter des données sur les arbres, les peuplements, les placettes d’échantillonnage ainsi que des informations basées sur les questionnaires soumis aux services forestiers locaux. Les résultats publiés concernent par exemple la surface forestière, le nombre de tiges, le volume, l’accroissement, l’exploitation et la diversité biologique (citation de [https://www.lfi.ch/index.php l'IFN). À ce jour, quatre inventaires (IFN1 à 4) ont été menés dans toutes les forêts suisses, et leurs résultats analysés et publiés (voir site internet de l’IFN. Les résultats de l’IFN 4 sont traités dans le détail dans LFI4 sind in Brändli et al (2020) (en allemand). Enfin, l’article « Entwicklung der Strukturindikatoren und Gehölzartenvielfalt im Schweizer Wald – Ergebnisse aus 30 Jahren Landesforstinventar LFI » (in : Bollman (Red.), 2020, en allemand seulement), explicite certains résultats de l’IFN.

Chiffres significatifs sur les forêts suisses (Source IFN4) :

Surface forestière :

  • 32 % de la surface totale de la Suisse est constituée de forêts.
  • Les différences régionales vont de 24,4 % sur le Plateau à 54,2 % sur le versant sud des Alpes.
  • L’ensemble de la surface forestière de la Suisse a augmenté de 11,0% depuis 1983/85.
  • Les différences régionales de cette augmentation vont de seulement 0,9 % sur le Plateau à 20,3 % dans l’espace alpin.
  • 69 % des forêts suisses appartiennent à des entités publiques, et 31 % à des propriétaires privés.

Valeur naturelle et valeur de biotope

  • 21 % de la surface forestière doit être déclarée « peu naturelle » voire « très peu naturelle » du fait de sa part importante de conifères non indigènes à la station.
  • 19 % de la surface forestière est composée de forêts de feuillus « d’aspect naturel » et 35 % appartiennent à la catégorie des forêts de conifères naturelles.
  • 56 % de la surface forestière présentent une valeur naturelle élevée (voir ill. 230)

Vous trouvez des informations sur les essences forestières au chapitre « Espèces et taxons forestiers », et sur le bois mort au chapitre « Structures de haute valeur écologique ».

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Proportion de surface forestière avec und valeur de biotope élevée; * / ** / *** même région économique

Historique abrégé de la forêt et de la sylviculture

À la fin de la dernière période glaciaire, il y a environ 12 000 ans, la région de la Suisse d’aujourd’hui était largement dépourvue d’arbres et de forêts. Le réchauffement post-glaciaire s’est ensuite produit dans un contexte de fortes variations et avec quelques reculs des températures, jusqu’à atteindre un maximum de chaleur il y a environ 6000 ans. Depuis quelque 2500 ans, le climat est à nouveau plus frais et plus humide. En parallèle, le paysage a été recolonisé par une succession caractéristique de types de forêts :

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Évolution de la forêt depuis la dernière glaciation (Source : Hutter et al., 1995: Wälder, Hecken und Gehölze)

La recolonisation par des arbres et une végétation forestière a été influencée par divers facteurs :

  • Exigences physiologiques des différentes essences en matière de lumière, de chaleur et de sol
  • Conditions de concurrence entre les essences
  • Conditions climatiques régionales et locales
  • Éloignement des refuges glaciaires
  • Rapidité de dispersion des graines

Les premières forêts ont été formées par les essences pionnières que sont les pins et les bouleaux, peu exigeantes, qui ont pu survivre à la période glaciaire sans être repoussées trop loin. Les essences qui ont suivi, plus exigeantes quant aux qualités stationnelles, ont supplanté sur de grandes surfaces les types de forêts qui prédominaient jusqu’alors, à l’exception des stations extrêmes où les premières essences peu exigeantes se sont maintenues. Ainsi, dans ce genre de sites peu favorables et souvent de petite étendue, des associations reliques ont pu subsister jusqu’à aujourd’hui. On compte parmi elles les pinèdes herbeuses de la période pré-boréale sur les falaises de molasse du Plateau, ou les petites chênaies claires peu fertiles de la période des chênaies mélangées de l’Atlantique, poussant sur les sols jurassiens rocheux et peu profonds. Elles forment aujourd’hui encore des associations particulières de grande valeur pour la protection de la nature.
À partir du Néolithique, la forêt naturelle s’est trouvée de plus en plus fortement modifiée et détruite par les humains et leurs cultures, notamment par le défrichement et le pâturage. La densité de population croissante a entraîné, surtout depuis le Moyen Age, le défrichement ou au minimum l’exploitation totale de surfaces forestières de plus en plus larges. Les peuplements forestiers clairs et espacés qui en ont résulté ont créé de nouveaux habitats pour de nombreuses espèces animales et végétales héliophiles et thermophiles qui, en comparaison avec la forêt naturelle ancienne, ont entraîné une plus grande biodiversité en général.
Par ailleurs, ces forêts exploitées ont perdu leur fonction de protection contre les dangers naturels, et ont cessé de fournir du bois en suffisance aux populations humaines. Ces problèmes et pénuries ont donc débouché au cours du 19e siècle sur une législation forestière plus sévère (voir chapitre Bases légales

Étages altitudinaux, stations forestières et phytosociologie

La répartition naturelle des essences et des associations forestières reflète leurs exigences stationnelles, mais aussi leur capacité concurrentielle et le résultat de leur historique de migration depuis la fin de la dernière période glaciaire.
Des conditions stationnelles changeantes, principalement d’origine climatique, apparaissent surtout dans la succession verticale de ce qu’on appelle les « étages de végétation », qui se distinguent généralement par des modifications claires des essences et des formes de croissance caractéristiques. La diminution de la température annuelle moyenne d’environ 0.5-0.6 °C par 100 mètres d’altitude entraîne une succession bien connue de forêts de feuillus thermophiles, puis de hêtraies et hêtraies mélangées, et enfin de forêts de conifères pures avant la limite supérieure de la forêt et des arbres. Autre phénomène que l’on connaît bien : la hausse des limites des étages et de la limite supérieure de la forêt dans la zone plus continentale des Alpes centrales.
La coupe N-S des Alpes présentée ci-dessous montre les étages de végétation avec la répartition des essences principales (source : NaiS, annexe 2A, ill. 4).

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Succession des étages de végétation avec leurs essences d’arbres caractéristiques.


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Répartition des étages de végétation en Suisse. Par rapport à la coupe ci-dessus, cette illustration tirée de BRÄNDLI, 2010 (IFN-Résultats du troisième inventaire 2004 –2006) désigne les étages collinéen et submontagnard, ainsi que haut-montagnard et subalpin.



Types de forêts principaux de Suisse et leur répartition La végétation forestière naturelle de la Suisse, façonnée par les climats régionaux (végétation zonale), est constituée aux différents étages altitudinaux des principaux types de forêts suivants :

  • Étage collinéen : chênaies à charmes (localement p.ex. à Genève et Bâle), chênaies sèches (en Valais central), châtaigneraies mélangées (sur silice sur le versant sud des Alpes) et ostryaies buissonnantes du sud des Alpes (sur sols calcaire et dolomitique au sud du Tessin).
  • Étage submontagnard : hêtraies mélangées avec chênes, frênes etc. (largement répandues aux basses altitudes du Jura et du Plateau).
  • Étage montagnard inférieur : souvent, hêtraies pures (répandues sur le Plateau, dans les Préalpes et au Tessin).
  • Étage montagnard supérieur : hêtraies à sapins (largement répandues aux altitudes moyennes du Jura et des Préalpes), hêtraies à érables (localement, aux altitudes supérieures)
  • Étage haut-montagnard : sapinières et pessières-sapinières (surtout sur le versant nord des Alpes, souvent sur sols mouillés), dans les vallées intra-alpines aussi pessières et pinèdes de montagne plus sèches
  • Étage subalpin : pessières (largement répandues à l’étage forestier supérieur des Alpes, constituent la limite de la forêt sur le versant nord, humide, des Alpes).
  • Étage subalpin supérieur : forêts de mélèzes et d’aroles, étage le plus élevé dans les Alpes centrales, où elles constituent la limite supérieure de la forêt, p.ex. en Valais et dans les Grisons).

Ces types de forêts principaux sont différenciés plus finement également selon leur station ; par exemple, pour les hêtraies ou les pessières, on distingue les types qui sont présents sur les sols acides, basiques, chauds et secs, ou frais et riches en nutriments.
Dans les régions au climat tempéré et dans les stations sèches au sol peu profond, on trouve des types de forêts qui sont en fait caractéristiques des zones climatiques subméditerranéennes. C’est la raison pour laquelle on les compte comme de la végétation dite extrazonale. En font partie par exemple les chênaies buissonnantes à Chênes sessiles du Bas-Valais, du pied sud du Jura et du sud du Tessin, où l’on trouve également des ostryaies buissonnantes du sud des Alpes.
Par ailleurs, il existe des types de forêts qui doivent leur existence à des caractéristiques stationnelles particulières (végétation azonale), p.ex. les forêts alluviales périodiquement inondées le long des cours d’eau, ainsi que les forêts mélangées de tilleuls et d’érables sur des éboulis (surtout dans le Jura, le versant nord des Alpes, le Tessin), ou les forêts de Pins sylvestres ou de montagne dans les éboulis secs et ensoleillés (avant tout dans les vallées intra-alpines, dans les régions au climat plus continental).

L’écogramme ci-dessous montre bien la répartition des associations forestières d’une région, selon les deux facteurs stationnels principaux que sont l’humidité du sol et son pH :

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Écogramme des associations forestières du Plateau (étage submontagnard)

Milieux et espèces prioritaires forestiers au niveau national, Listes rouges

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L’aulnaie noire est un habitat prioritaire au niveau national.

La publication « Liste des espèces et des milieux prioritaires au niveau national » (OFEV, 2019) contient un aperçu actualisé des espèces prioritaires au niveau national (EPN) ainsi que des milieux prioritaires au niveau national (MPN). On y trouve aussi la première « Liste rouge des milieux de Suisse » de Delarze et al. 2016. Les deux publications se réfèrent principalement aux types de milieux de Suisse (typologie TypoCH) selon Delarze et al. 2015. Pour les forêts, les 121 associations forestières définies plus précisément selon la station ont aussi servi de base à l’évaluation. Les deux Listes rouges numériques complètes – espèces prioritaires au niveau national et milieux prioritaires au niveau national – constituent la colonne vertébrale de ce document d’aide à l’exécution.

Liste rouge des types de forêts et des associations forestières
La Liste rouge des milieux de Suisse (Delarze et al., 2016) considère 13 sur 34 types de milieux forestiers (c’est-à-dire 39 %) comme des milieux menacés, avec des statuts CR, EN ou VU. Pour les forêts, les associations forestières définies plus précisément selon la station ont également été catégorisées en conséquence (annexe A3 lit. cit.). Là, ce sont 67 sur 121 associations forestières (55,4 %) qui ont été classées comme menacées. Il s’agit généralement de forêts de peu d’étendue, sur des stations particulières. Sur la base de l’estimation des pourcentages de surface des différentes associations forestières en Suisse telle que présentée dans Steiger 2010, p. 389ss, elles couvrent au maximum 5 % de la surface forestière totale du pays.

Milieux prioritaires au niveau national
18 sur 34 types (53 %) du groupe de milieu Forêt (TypoCH) sont prioritaires au niveau national. En comparaison avec les autres groupes de milieux, cette proportion est à peu près dans la moyenne, et du même ordre de grandeur que les surfaces agricoles (Pelouses et prairies) :

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Répartition des catégories de priorité par groupe de milieux Part de chaque catégorie de priorité avec, entre parenthèses, le nombre de types de milieux évalués par groupe (typologie TypoCH selon Delarze et al. 2015). Source : « Liste des espèces et des milieux prioritaires au niveau national » (OFEV, 2019)

Les types de milieux forestiers avec haute et très haute priorités (27 %) sont avant tout les forêts alluviales et marécageuses, les pinèdes ainsi que les forêts mixtes de feuillus thermophiles. Elles croissent sur des sites particuliers et sont généralement de surface réduite. La liste complète se trouve dans la « Liste des espèces et des milieux prioritaires au niveau national » (OFEV, 2019).

Associations forestières prioritaires au niveau national
Sur les 121 associations forestières, 82 (68 %) sont prioritaires au niveau national.

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Associations forestières prioritaires au niveau national : Sur les 121 associations forestières, 82 (68 %) sont prioritaires au niveau national. Source : « Liste des espèces et des milieux prioritaires au niveau national » (OFEV, 2019)

L’évaluation des priorités nationales au niveau de l’association forestière permet d’être beaucoup plus précis, et de tirer des conclusions plus fines sur la répartition et les facteurs stationnels marquants des associations en question.
Dans la catégorie des associations forestières avec haute ou très haute priorité au niveau national (40 %), on trouve, outre les groupes des types de milieux forestiers mentionnés plus haut, d’autres groupes de stations forestières particulières. Parmi eux, il faut mentionner en particulier différentes forêts feuillues mixtes avec des chênes, des érables ou des tilleuls sur des sites rocheux ou des éboulis, ainsi que des associations forestières des altitudes basses et moyennes du versant sud des Alpes. À l’exception des pinèdes de montagne, les forêts de conifères de montagne se trouvent dans les associations à haute priorité.
La liste complète se trouve dans la « Liste des espèces et des milieux prioritaires au niveau national » (OFEV, 2019) .

Responsabilité internationale de la Suisse pour les associations forestières
Concernant les types de forêts (entités TypoCH), la Suisse porte une grande responsabilité pour la pinède continentale xérophile (alliance 6.4.3 Ononido-Pinion), qui est endémique, la saulaie alluviale alpienne (6.1.3.1) et la pinède subcontinentale médio-européenne (pinède à cytise, 6.4.2.1). Elle a aussi une responsabilité pour des entités qui ne sont pour l’instant pas considérées comme menacées, à savoir la pinède de montagne basophile (6.6.5.2), la forêt de mélèzes et d’aroles (6.6.3) et le mélézein (6.6.4).
La Suisse porte seule la responsabilité (très élevée) pour trois associations endémiques, c’est-à-dire présentes uniquement dans notre pays. Leur disparition en Suisse serait une perte au niveau mondial. Il s’agit de la chênaie à germandrée (40 Teucrio-Quercetum), de la pinède à Odontite visqueux (65* Odontito-Pinetum) et de la pinède d’Engadine à Laiche humble (67* Carici humilis-Pinetum engadinensis), qui figurent par ailleurs sur la Liste rouge. 15 autres associations forestières prioritaires au niveau national sont pour la Suisse une priorité de deuxième rang (en particulier sur l’arc alpin), dont les alliances (TypoCH) sont aussi menacées. (Source : OFEV, 2019).


Représentation des associations forestières dans les réserves forestières
30 des 77 associations prioritaires au niveau national (APN) sont « bien représentées » dans le réseau de réserves forestières de Suisse (catégorie A), tandis qu’aucune association n’est « très bien représentée » (AA). 8 APN sont « mal représentées » (BB) et 12 ne sont pas présentes du tout (C).


Types de milieux dignes de protection selon l’OPN
19 des 34 types de milieux forestiers (TypoCH) figurent dans la liste des milieux naturels dignes de protection, annexe 1 de l’OPN. (https://www.fedlex.admin.ch/eli/cc/1991/249_249_249/fr).


Mesures de revalorisation nécessaires
Pour 20 des 34 de milieux forestiers (TypoCH), des mesures de revalorisation sont absolument nécessaires (code 2) sur l’ensemble de la Suisse. Pour 30 des 121 associations forestières, des mesures de revalorisation sont absolument nécessaires (code 2), et pour 31 associations la nécessité n’est pas certaine (code 1). Sur les 18 types de milieux forestiers prioritaires au niveau national, 78% nécessitent absolument des mesures ; sur les 82 associations forestières prioritaires au niveau national, 33 % en nécessitent absolument, et pour 35% ce n’est pas certain.


Temps de régénération
On entend par là le « temps de développement ou de récupération après une perturbation majeure » du milieu (Delarze et al. 2016, Liste rouge des milieux). Le temps de régénération de la plupart des types de milieux forestiers (TypoCH) est de 50 à 200 ans (code 5). La hêtraie acidophile (6.2.2), deux types de chênaies (6.3.4, 6.3.6), la châtaigneraie (6.3.7) et la forêt de mélèzes et d’aroles (6.6.3) mettent plus de 200 ans (code 6) pour se régénérer. Seuls trois types de forêts alluviales (6.1.2, 6.1.3 et 6.1.3.1) ont besoin d’entre 10 et 50 ans (code 3 ou 4).


Associations forestières rares
Le concept de rareté appliqué aux associations forestières n’est pas clairement défini et il n’en existe pas de véritable liste. Un indice est donné par le critère B de la Liste rouge des associations forestières (distribution spatiale restreinte/rareté). Quasi toutes les associations forestières dotées d’un statut LR (VU, EN ou CR), c’est-à-dire 67 des 121 associations forestières, présentent un critère B. Dans £- Steiger 2010, on trouve un tableau de toutes les associations forestières de Suisse, groupées selon le pourcentage de surface estimé. Sur 109 associations forestières en tout, 38 sont attribuées à la catégorie « très rare » avec des surfaces de 0,1 à 0,02 %, et 12 associations à la catégorie « extrêmement rare » avec des surfaces correspondant à 0,01 % au maximum. Nombre de ces associations forestières connaissent des conditions stationnelles particulières et extrêmes, qui sont rares et concernent généralement de petites surfaces.


Espèces prioritaires au niveau national – milieu forestier
« Biodiversité en forêt : objectifs et mesures » définit 1582 espèces forestières prioritaires au niveau national. Parmi elles, on trouve d’innombrables espèces pour lesquelles la promotion générale des milieux naturels ne suffit pas, et qui nécessitent des mesures spécifiques de conservation. Dans « Liste des espèces et des milieux prioritaires au niveau national » (OFEV, 2019), ill. 11 , les 1472 espèces prioritaires au niveau national pour le domaine du milieu forestier se répartissent sur 4 niveaux de priorité dans les proportions suivantes : Prio1 : 6%, Prio2 : 13%, Prio3 : 34%, Prio4 : 46%.

Espèces forestières cibles
La liste des espèces forestières prioritaires au niveau national figure dans « Biodiversité en forêt : objectifs et mesures » ainsi que dans la « Liste numérique des milieux naturels prioritaires au niveau national » (OFEV 2019). Il s’agit de 307 espèces forestières cibles pour lesquelles des mesures de conservation spécifiques et ciblées sont nécessaires. Le nombre d’espèces est réparti en 14 groupes d’organismes, de la manière suivante : mammifères 3, chiroptères 12, oiseaux 14, reptiles 5, amphibiens 7, coléoptères 34, lépidoptères 11, odonates 1, orthoptères 1, mollusques terrestres 3 (ne figurent que dans la liste numérique), plantes vasculaires 44, mousses 11, lichens 134 (lichens arboricoles et terricoles), champignons supérieurs 27.


« La conservation d’espèces forestières cibles exige des mesures ciblées spécifiques sur des surfaces de promotion ou dans le cadre d’une gestion forestière proche de la nature. Il est conseillé de garantir les surfaces de promotion à long terme en utilisant l’instrument des réserves forestières spéciales. Les réserves forestières spéciales sont garanties juridiquement par un contrat avec le propriétaire (protection contractuelle de la nature ; pour les RFS en règle générale sur 25 ans avec une clause de reconduction), par des ordonnances d’aires protégées et/ou par des arrêtés du Conseil d’État. On peut ainsi éviter que les mesures mises en œuvre restent sans effet ou soient annulées suite à un changement d’affectation. » (Source : Biodiversité en forêt : objectifs et mesures, p. 134)

Pour des données sur les espèces, voir aussi chapitre « Espèces et taxons forestiers ».

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Exemples d’espèces prioritaires au niveau national : Pique prune (Osmoderma eremita), Grand Sylvain (Limenitis populi), Taylorie de Rudolphi (Tayloria rudolphiana), Dictame blanc (Dicatamnus albus)

Termes de sylviculture, structures forestières et structures des peuplements

Peuplement
On désigne par « peuplement » une partie de forêt qui se distingue clairement de son environnement par son cortège d’essences, son âge etc. Un peuplement est de taille suffisante pour que des objectifs spécifiques puissent être fixés pour lui sur le long terme (> 50 ares). Le peuplement constitue généralement la plus petite unité d’inventaire et de planification. (BACHMANN 2002)

Stades de développement
Les peuplements se comportent très différemment les uns des autres au niveau de la croissance et de la concurrence au cours de leur développement. Dans une forêt exploitée, les stades de développement déterminent les mesures de soins et les interventions d’éclaircissement adéquates. Les assortiments utilisables, le travail nécessaire et les revenus de la récolte du bois sont également très variables au cours de l’évolution d’un peuplement. On appelle les étapes de cette évolution, qu’il est nécessaire de distinguer pour poser des objectifs différenciés, les « stades de développement ». Ces stades sont utilisés par les forestiers du monde entier.

En Suisse, on utilise au niveau fédéral (IFN, NaiS, WSL et institutions de formation EPF, HAFL, Codoc etc.) les stades de développement ci-dessous. On entend par « ddom » le DHP (diamètre à hauteur de poitrine, mesuré à 1,3 m de hauteur) des 100 arbres aux troncs les plus épais par hectare :

  • recrû/fourré ddom < 12 cm
  • perchis ddom = 12–30 cm
  • jeune futaie ddom = 31–40 cm
  • futaie moyenne ddom = 41–50 cm
  • vieille futaie ddom > 50 cm

Il existe certaines variations dans la définition exacte des différents stades de développement, en particulier concernant le diamètre et sa fourchette, aux stades du perchis et des futaies. Cela vaut aussi bien pour certaines délimitations cantonales qu’à l’international.

Structures verticale et horizontale des peuplements forestiers
Les termes techniques suivants sont utilisés pour décrire la structure des peuplements : Dans sa structure verticale, le peuplement est divisé en trois strates – la strate supérieure (SUP), la strate intermédiaire (INT) et la strate inférieure (INF). La hauteur de référence est la strate supérieure, c’est-à-dire la hauteur moyenne des 100 arbres et arbustes aux troncs les plus épais par hectare. Cela correspond à peu près à l’impression visuelle de hauteur générale d’un peuplement.

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Stratification de la forêt avec strates inférieure, moyenne et supérieure (Source (en allemand): Düggelin et al. 2020, Schweizerisches Landesforstinventar. Anleitung für die Feldaufnahmen der fünften Erhebung 2018–2026. WSL Ber. 90)

La structure verticale d’un peuplement est souvent typique de la station, mais peut aussi être modifiée par des interventions sylvicoles. Elle est aussi importante pour la qualité de l’habitat (lumière, richesse en structures).

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Différents types de strates et de structures forestières (Source (en allemand): Düggelin et al. 2020, Schweizerisches Landesforstinventar. Anleitung für die Feldaufnahmen der fünften Erhebung 2018–2026. WSL Ber. 90)

Avec ce qu’on appelle le degré de fermeture (ou degré de recouvrement), on décrit la structure horizontale d’un peuplement par l’agencement des houppiers (dans la projection). Le degré de fermeture donne des indications sur l’espace dont bénéficient les arbres et les conditions de concurrence dans un peuplement. Du point de vue de la sylviculture, la fermeture des houppiers permet de déterminer dans une forêt exploitée si des interventions d’éclaircissement sont urgentes. Sur le plan écologique, le degré de fermeture influence les conditions de lumière et de chaleur, mais aussi le régime de précipitations (part interceptée), dans toute la zone des houppiers et sur le sol de la forêt. Certaines associations forestières, généralement dans des stations extrêmes, sont naturellement plus ouvertes et plus claires ; dans les stations où la croissance est bonne, les houppiers créent sur de longues périodes une couverture fermée, qui ne laisse passer que peu de lumière jusqu’au sol. Dans ce genre de cas, les interventions forestières (éclaircissements) ou les événements naturels (tempêtes, invasion de ravageurs, etc. diminuent le degré de fermeture. La réduction du degré de couverture par des interventions dans les houppiers est une mesure essentielle pour promouvoir les « forêts claires » à des fins de protection de la nature.

Les termes ci-dessous, permettant de décrire le degré de fermeture horizontale, sont couramment utilisés par les forestiers et sont également employés dans l’inventaire forestier national IFN : ((voir p. 206 à 208 de Düggelin et al. 2020, Schweizerisches Landesforstinventar. Anleitung für die Feldaufnahmen der fünften Erhebung 2018–2026. WSL Ber. 90)

Régénération (rajeunissement)
Différents procédés sont mis en œuvre pour la régénération des forêts, qui se différencient principalement par la taille, la forme et la fréquence des interventions visant à enlever des arbres dans les vieux peuplements. Pour les coupes rase, d’abri, en lisière et progressive, les interventions se font par surface, tandis que dans les forêts jardinées et permanentes, elles s’appliquent sur des arbres isolés. Le schéma suivant montre les formes principales de régénération de la forêt, souvent appliquées en combinaison.

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Les formes principales de régénération de la forêt (Source (en allemand): Mayer H., 1992: Waldbau auf soziologisch-ökologischer Grundlage); Kahlschlag = Coupe rase ; Schirmschlag = Coupe d’abri ; Saumschlag = Coupe en lisière ; Femelschlag = Coupe progressive ; Plenterung und Dauerwald (v.a. mit Laubbäumen) = jardinage et forêt permanente (surtout avec feuillus)

La coupe rase est a priori interdite en Suisse, mais les cantons peuvent l’autoriser à titre exceptionnel pour des mesures sylvicoles particulières (art. 22 LFo). C’est la coupe progressive qui est la méthode la plus couramment employée dans les forêts suisses. Depuis quelques temps, il semble que la gestion en forêt permanente s’impose dans les forêts de feuillus du Plateau.

Un glossaire très complet de termes forestiers (en particulier sur la sylviculture et la croissance des arbres) peut être consulté ici.

La sylviculture est l’un des domaines d’activité les plus importants pour la forêt et l’économie forestière. Les manuels et traités suivants, pratiques et complets, sont aussi recommandés pour les domaines appliqués comme la protection de la nature en forêt (en allemand):

  • Mayer H., 1992: Waldbau auf soziologisch-ökologischer Grundlage. (4., teilw. neubearb. Aufl.)
  • Bartsch N. & Röhrig E., 2020: Waldbau auf ökologischer Grundlage. (8. vollst. überarb. & erw. Aufl.).

Standards : Sylviculture proche de la nature, NaiS, certification

Sylviculture proche de la nature
L’article définissant le but de la loi fédérale sur les forêts exige que la forêt soit protégée « en tant que milieu naturel » (art. 1, al. 1, let. b, LFo). En outre, l’art. 20, al. 2 demande que les cantons tiennent compte des exigences d’une sylviculture proche de la nature dans leurs prescriptions en matière d’aménagement et de gestion.

Le concept de « sylviculture proche de la nature » est juridiquement imprécis, et la législation forestière n’en contient pas de définition plus pointue. Pour cette raison, il est aussi interprété et mis en œuvre de manières très diverses dans la pratique forestière. L’OFEV a par conséquent publié en 2015 des exigences de bases claires, transparentes et contraignantes en matière de «  sylviculture proche de la nature », au sens d’un standard écologique minimum à respecter dans toutes les forêts du pays. Ce document est l’aboutissement d’un projet auquel ont participé de nombreux praticiens et professionnels ainsi qu’un forum d’accompagnement composé de propriétaires forestiers, de chefs d’entreprise et de représentants des organisations nationales concernées par la forêt. Ces exigences de base ne constituent toutefois pas une définition légale de la sylviculture proche de la nature ; elles servent avant tout de recommandations aux cantons pour la mise en œuvre de l’art. 20 LFo. Elles sont conçues sous la forme d’une cascade de principes, critères, indicateurs et valeurs minimales.


sylviculture proche de la nature
Les « Exigences de bases d’une sylviculture proche de la nature » n’ont pas été adoptées, faute de consensus entre les participants. Les avis divergent particulièrement sur le nombre d’arbres-habitats.

Les 4 principes sont les suivants :

  • La fertilité naturelle du sol n’est pas affectée par la gestion des forêts.
  • La capacité de régénération naturelle de la forêt est conservée ou améliorée. Le rajeunissement naturel est prioritaire.
  • Le mélange des essences est adapté à la station de telle sorte qu’il ne nuise pas aux propriétés écologiques du milieu.
  • Les possibilités de conserver et de favoriser la diversité du milieu sont exploitées lors des interventions sylvicoles.


Ces quatre principes sont clairement formulés à l’aide de 7 critères et 11 indicateurs, et les objectifs, les définitions et les valeurs minimales correspondant aux indicateurs sont présentés plus en détail dans l’annexe. Un aperçu complet de la cascade se trouve à la figure 3 des Exigences de base d’une sylviculture proche de la nature, Rapport de projet (OFEV, 2010).

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Exigences de base pour la sylviculture proche de la nature.

Literaturliste noch einfügen Littérature & liens :
∂- Bafu_UD1031_Grundanforderungen naturnaher Waldbau-Projektbericht_2010.pdf
∂- Bafu_UD1031-Mat_Grundanforderungen naturnaher Waldbau-Materialien_2010.pdf
∂- Bafu_UD1031-Oek_Grundanforderungen naturnaher Waldbau-Oekogramme_2010.pdf
Links auf Artikel «Kahlschlag oder Nutzungsaufgabe? Instrumente der Strukturförderung und ihre Auswirkung auf die Waldbiodiversität» und «Annahmen und Ergebnisse zur Biodiversität im Wirtschaftswald – Neues aus der Biodiversitäts-Forschung» in ««Bollmann_2020_Biodiversität im Schweizer Wald.pdf»»
∂- Buwal_UM081_Naturnaher Waldbau-Textsammlung_1998.pdf

NaiS (Gestion durable des forêts de protection)
« Une "forêt de protection" est une forêt qui protège les personnes, les biens et les infrastructures contre les avalanches, les chutes de pierres, les glissements de terrain et l’érosion. Elle empêche la formation de ces types de dangers ou elle les atténue. (...) Pour qu’une forêt soit reconnue en tant que forêt protectrice, il faut qu’il existe un potentiel de danger (p. ex. une paroi rocheuse instable), un potentiel de dégâts (p. ex. une zone habitée ou une voie de communication) et une forêt, qui puisse offrir un effet protecteur contre le danger naturel en question. » (Source)

Les praticiens forestiers disposent depuis 2005 d’une aide à la décision pratique et obligatoire pour effectuer des soins utiles aux effets protecteurs des forêts : Les instructions pratiques NaiS (gestion durable des forêts de protection).

Les profils d’exigences selon NaiS précisent, d’une part, les indicateurs de qualité des soins sylvicoles dans le cadre de la convention-programme RPT pour les forêts protectrices. Mais, d’autre part, ils représentent aussi le fil rouge à respecter pour la gestion de l’ensemble du périmètre de forêts protectrices délimité, indépendamment de l’octroi de subsides fédéraux. Le but de NaiS est, avec des soins sylvicoles les moins coûteux possible de mener la forêt à un état offrant des effets protecteurs optimaux et de n’intervenir que dans les cas où l’évolution naturelle mènerait dans une autre direction. (Souce: Forêt-de-protection Suisse)

Le principe de NaiS : les soins aux forêts protectrices, aujourd’hui, ne sont plus guidés par les mesures, mais par les objectifs. On se demande en premier lieu à quoi doit ressembler la forêt pour offrir un niveau élevé de protection, et ce n’est qu’ensuite qu’on examine si des mesures sont nécessaires pour atteindre l’état souhaité. Cet état est décidé en fonction des connaissances disponibles sur les dangers naturels et des conditions stationnelles. À cette fin, des profils d’exigence sont formulés pour les différents dangers naturels et les différents types de stations. (Source : W+H_2006.03_SCHWITTER&&_NaiS-Nachhaltigkeit& Erfolgskontrolle im Schutzwald.pdf)

Pour télécharger tous les documents NaiS

« Les soins aux forêts protectrices doivent respecter les sept principes suivants :

  1. Être orientés vers l’objectif de protection: Les soins effectués dans les forêts de protection ont pour seul objectif de réduire les dangers naturels.
  2. Être effectués au bon endroit : Les soins sont effectués là où l’action de la forêt est en mesure d’empêcher ou de diminuer les retombées des dangers naturels sur l’homme ou sur les biens matériels.
  3. Être effectués au bon moment : Les soins doivent être apportés au moment où ils développent un effet optimal à un coût minimal.
  4. Être basés sur les processus naturels : Les soins doivent être adaptés aux conditions de la station. C’est ainsi qu’ils permettent à l’évolution naturelle d’une forêt de développer tout son potentiel.
  5. Être liés à un objet concret et basés sur une démarche transparente, clairement expliquée et reproductible : Les soins à réaliser sont déterminés sur place par des professionnels, ce qui permet de respecter les conditions de stations, variables à petite échelle. Le processus de décision se déroule toujours de la même façon. Comme la démarche est documentée, elle reste transparente, reproductible et contrôlable.
  6. Être efficaces : La probabilité que les soins permettent d’atteindre les objectifs est très élevée.
  7. Correspondre à des objectifs atteignables à des coûts raisonnables : Le rapport coût-avantage des soins est raisonnable. »

Certification forestière
« Les premiers labels forestiers ont été créés dans les années 1990 pour protéger les forêts, principalement les forêts tropicales. Deux marques dominent maintenant le marché mondial, FSC et PEFC. En Suisse, le label Bois Suisse est aussi bien implanté. » Source

Point négatif concernant les labels : sous un même label, des exigences différentes sont appliquées dans chaque pays pour la production de bois, exigences souvent nettement moins sévères qu’en Suisse. Par ailleurs, pour établir un écobilan objectif, il faudrait tenir compte des distances de transport, souvent considérables.

Pour des informations sur les différents labels, consulter directement leurs sites internet :

Ce site donne un bref aperçu des trois labels.

Instruments de planification forestière

La législation forestière stipule que la forêt doit être préservée dans sa superficie et sa répartition, et que les fonctions forestières (en particulier les fonctions protectrices, sociales et économiques) doivent être remplies de manière durable. La Confédération formule des directives pour garantir ces objectifs, et la planification et l’exécution sont déléguées aux cantons.

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Plan des mesures du plan forestier régional de Moutier. Les plans directeurs forestiers (PDF) sont contraignants pour les autorités.

Outre la coordination avec l’aménagement du territoire, la planification forestière se fait sur deux niveaux :

a) Le plan directeur forestier PDF au niveau sectoriel :
« Le plan directeur forestier (PDF) est le véritable instrument de coordination et d'orientation de la politique forestière dont dispose le service forestier. Les intérêts publics à la forêt, qu’ils soient d’ordre écologique, économique ou social, sont fixés dans un cadre dépassant l’entreprise et sont contraignants pour les autorités. Le PDF a de ce fait un caractère de plan directeur. En outre, la coordination avec d’autres plans sectoriels tels que ceux concernant l’agglomération et le paysage est assurée. Les plans directeurs forestiers sont établis en tenant compte de tout le territoire. » (OFEFP 2003). Le public peut être associé à l’élaboration d’un PDF (art. 18 OFo). Les plans directeurs forestiers sont accessibles au public. Dans la plupart des cantons, le PDF est articulé en plans régionaux ; les petits cantons disposent en revanche d’un seul PDF pour tout le canton. Les questions liées à l’écologie et à la protection de la nature sont réglées dans le PDF de manière contraignante pour les autorités. Exemples : la délimitation de surfaces forestières à fonction prioritaire d’habitat forestier, la détermination de zones de protection et d’objets isolés dignes de protection, les réserves génétiques, la forêt et le gibier, etc.

b) Le plan de gestion au niveau de l’entreprise : Les spécifications contraignantes pour les propriétaires sont fixées dans le plan de gestion. Il permet de faire périodiquement le point et a une grande importance à moyen terme pour les réflexions stratégiques et opérationnelles au niveau de l’entreprise. Les propriétaires forestiers présentent dans le plan de gestion la manière dont ils veulent entretenir leur forêt, et par quelles mesures sylvicoles concrètes ils entendent réaliser les objectifs supérieurs de la loi sur les forêts, du plan directeur forestier et des plans d’affectation. (Source (en allemand)) Les cantons déterminent quels propriétaires forestiers doivent élaborer un plan de gestion, et à partir de quelle superficie les exploitations forestières doivent également le faire. Ce principe a été concrétisé de manières très variées : dans 14 cantons, l’obligation de disposer d’un plan de gestion est valable pour toutes les catégories de propriétaires forestiers. 4 cantons ne l’imposent que pour les propriétaires publics, 2 cantons pour les propriétaires publics et les corporations. Dans 12 cantons, un plan de gestion est exigé à partir d’une superficie minimale fixée à 10, 20, 25, 40 ou 50 ha de forêt, suivant le canton. (source: État de la planification forestière dans les cantons en 2017, Rapport final, HAFL, 2017)

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Schéma de la planification forestière au niveau cantonal (Source : Bachmann, Schweiz. Z. Forstwes. 156 (2005) 5: 137– 141)


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Les instruments de planification forestière dans les cantons en 2018 (Source : État de la planification forestière dans les cantons en 2017, Rapport final, HAFL, 2017)

Informations cantonales

Liens vers les sites internet cantonaux

Vous trouvez ici la liste des services cantonaux des forêts.

Cartographies et descriptifs phytosociologiques forestiers cantonaux

Plusieurs cantons ont publié des descriptifs phytosociologiques détaillés de leurs stations et associations forestières, la plupart additionnés de commentaires sur la sylviculture et la protection de la nature pour les types de forêts concernés.

Canton Auteur(s) & année Titre Lieu de parution/source
AG Stocker et al. (2002) Die Waldstandorte des Kantons Aargau Finanzdepartement des Kantons Aargau, Abteilung Wald
BE Burger et al. (1996) Standortskundlicher Kartierungsschlüssel für die Wälder der Kantone Bern und Freiburg Amt für Wald & Natur, Bern
BE (Jura) Burnand et al. (1998) Clé de détermination des stations forestières du Canton du Jura et du Jura bernois. Volume 1&2 Division forestière Tavannes
BL & BS Burnand & Hasspacher (1999) Waldstandorte beider Basel Verlag des Kantons Basel-Landschaft
FL Schmider & Burnand (1988) Waldgesellschaften im Fürstentum Liechtenstein Naturkdl. Forsch. im Fürstentum Liechtenstein
FR Burger et al. (1996) Standortskundlicher Kartierungsschlüssel für die Wälder der Kantone Bern und Freiburg Kantonsforstamt Freiburg
JU Burnand et al. (1998) Clé de détermination des stations forestières du Canton du Jura et du Jura bernois. Volume 1&2 Service des forêts Delémont
LU von Wyl et al. (2014) Pflanzensoziologische Kartierung der Luzerner Wälder-Kommentar Waldbau UTAS AG, Giswil
SG Bütler et al. (2016) Waldstandorte St. Gallen Kantonsforstamt St. Gallen
TG Schmider et al. (2003) Wälder im Kanton Thurgau Mitt. thurgau. Naturforsch. Ges., Bd. 58
UR Frey & Bichsel (2005) Waldstandorte und Waldgesellschaften des Kanton Uri Amt für Forst und Jagd Uri, Altdorf
ZG Ziegler M. (2014) Waldgesellschaften des Kantons Zug Kanton Zug, Direktion des Innern, Amt für Wald und Wild
ZH Schmider et al. (1994) Die Waldstandorte im Kanton Zürich vdf Verlag der Fachvereine, Zürich

Les cartographies des stations forestières ont été menées principalement dans les cantons du Plateau et du Jura. En général, elles sont consultables sur les géoportails cantonaux, et peuvent être téléchargées sous forme d’extraits à différentes échelles. Un aperçu de tous les géoportails cantonaux est disponible.

Coûts, contributions

Instruments financiers
Actuellement, les instruments d’encouragement les plus importants pour la mise en œuvre sont les conventions-programmes conclues entre la Confédération et les cantons depuis 2008 dans le domaine de l’environnement (RPT). Des objectifs de prestations sont ainsi convenus pour une période de quatre ans (exceptionnellement cinq ans pour les années 2020-2024), avec une contribution fédérale correspondante. Les cantons doivent compléter cette contribution par leur propre financement, dans une proportion convenue. La Confédération est compétente pour l’orientation stratégique de ces conventions-programmes d’un point de vue national, tandis que la compétence opérationnelle de mise en œuvre revient aux cantons. Les prestations et et les conditions-cadres financières sont définies dans les explications spécifiques à chaque convention-programme (OFEV 2015a). L’aide à l’exécution « Biodiversité en forêt » de l’OFEV est la base stratégique des explications spécifiques dans le domaine de la biodiversité en forêt.

Un autre instrument existe, quoiqu’encore peu utilisé : l’achat d’aires protégées par les pouvoirs publics, c’est-à-dire par les cantons. Il pourrait gagner en importance pour préserver à long terme les réserves forestières. (Source: « Biodiversité en forêt : objectifs et mesures », p. 35)

En 2018, la Confédération a versé environ 18.5 millions de francs pour la biodiversité en forêt
Contributions fédérales versées depuis 2006 (programmes RPT dès 2008 y compris le crédit d’investissement forestier)


Menaces pour la biodiversité en forêt

Ce chapitre ne prétend pas être exhaustif, et ne traite que quelques-uns des risques :

  • changement climatique (voir chapitre « Changement climatique »
  • pollution de l’air et par les nutriments
  • espèces exotiques envahissantes (néobiontes)
  • maladies des arbres (dépérissement des pousses du frêne, etc.)
  • effectifs d’ongulés trop élevés
  • stockage du bois en forêt avec protection par pesticides
  • construction de routes forestières (p.ex. construction de réseaux de routes forestières trop denses dans le cadre d’améliorations foncières ou permettant l’accès à des régions sensibles sur le plan écologique)
  • activités de loisirs et/ou utilisation comme espace de détente
  • installations éoliennes en région de forêts
  • assouplissement de l’interdiction de défrichement
  • pression sur la forêt (p.ex. zones d’habitation)

Quelques-uns de ces facteurs sont développés ici.


Pollution de l’air
Au début des années 1980, de larges surfaces de forêts ont subi des dégâts considérables en Europe centrale, y compris en Suisse, touchant avant tout les espèces de conifères que sont le Sapin blanc, l’Épicéa et le Pin sylvestre. Ce phénomène de la « mort des forêts » a occupé la scène publique, le monde politique et la recherche pendant des années. Les causes principales qui ont été identifiées sont les diverses formes de pollution de l’air comme la pluie acide, des concentrations excessives d’oxyde d’azote, d’ozone, etc. Grâce à des dispositions plus sévères de la législation sur la protection de l’environnement, les émissions de ces gaz et de ces substances ont pu être nettement réduites, donc la pollution de l’air également. Si le taux de mortalité des arbres s’est stabilisé depuis à bas niveau, la défoliation des houppiers a continué d’augmenter. La raison en est certainement en grande partie une superposition des effets du changement climatique. On présume que certaines répercussions de la forte pollution de l’air d’autrefois sur les sols forestiers, comme l’acidification ou l’enrichissement en azote, ont pu renforcer encore les effets directs du changement climatique.
Depuis 1985, l’état de santé des forêts suisses est surveillé par l’« inventaire Sanasilva » sur un échantillon représentatif systématique, et en 1994 19 sites ont été sélectionnés pour le programme de « Recherches à long terme sur les écosystèmes forestiers (LWF) ». Les résultats des ces études sont publiées dans le « Rapport forestier de l’OFEV » (dernière édition 2015) et chaque année dans l’ « Annuaire La forêt et le bois ». Voir aussi les informations et les publications de l’Institut de biologie végétale appliquée.

Informations :

Utilisation de substances chimiques et effet du sel de déneigement
Les substances chimiques comme les engrais et les pesticides (produits phytosanitaires) sont en principe interdits en forêt ; des exceptions peuvent être autorisées par les cantons. L’art. 18 de la loi sur les forêts (LFo) interdit a priori l’utilisation de « substances dangereuses pour l’environnement » et renvoie pour les exceptions à la loi sur la protection de l’environnement (LPE). La réglementation précise de ces exceptions, conformément à l’art. 25 de l’ordonnance sur les forêts (OFo), se trouve dans l’ordonnance sur la réduction des risques liés aux produits chimiques (ORRChim).
Le chaulage de sols forestiers acides, comme cela se fait encore couramment en Allemagne, par exemple, est implicitement interdit. Ce procédé n’est cependant pas une tradition forestière en Suisse.

L’utilisation massive de sel de déneigement fait souvent de gros dégâts, surtout sur les arbres du bord des routes, des allées et dans les parcs. Ces détériorations sont toutefois inexistantes en forêt. On voit, dans de rares cas, le long de routes très fréquentées traversant la forêt, des arbres gravement endommagés par la bruine de sel. Il s’agit alors surtout de conifères comme l’Épicéa ou les pins.

Compaction des sols
Du fait de la rationalisation et de la mécanisation croissantes, des engins de plus en plus massifs et lourds sont utilisés pour la récolte du bois et le débardage. Les avantages sont incontestables sur le plan économique et pour la sécurité du travail.
Pour beaucoup de sols forestiers, ces machines sont toutefois trop lourdes, et elles causent souvent sur les pistes de débardage et dans les ornières une compaction du sol et/ou des traces d’érosion irréversibles. La compaction du sol peut gravement limiter son aération, surtout dans les sols fins, jusqu’à plusieurs décimètres de profondeur – avec pour conséquences des zones pauvres en oxygène, ce qui entrave la vie du sol ainsi que l’espace racinaire, et donc la fertilité du sol.
Pour toutes ces raisons, l’idéal est de récolter le bois lorsque les sols sont secs ou gelés, et de faire rouler les véhicules sur des supports, mais ce n’est souvent pas possible pour des raisons météorologiques et organisationnelles.
Une bonne préparation des étapes de travail peut largement contribuer à limiter ce genre de dégâts :

  • marquage et utilisation claires des pistes de débardage
  • renforcement des pistes de débardages par des tapis de branchages
  • répartition de la pression sur une plus grande surface grâce à des pneus plus larges, une pression de gonflage des pneus plus basse, ou des chenilles
  • prise en compte de conditions pédologiques et météorologiques favorables (sec, gelé)
  • prudence particulière, et év. débardage avec treuil dans les forêts humides, inondées et marécageuses.

De nombreuses exploitations forestières s’efforcent de protéger le sol lors de la récolte du bois. On voit malheureusement encore souvent des images et des exemples alarmants des sites après récolte.

Organismes ravageurs Outre les causes abiotiques, toutes sortes d’organismes endommagent également la forêt et entraînent des maladies des arbres. Champignons, virus, nématodes, bactéries et insectes peuvent provoquer des dégâts d’ampleur très variable, et porter préjudice à certaines essences ou à des forêts entières, voire, dans les cas extrêmes, entraîner leur disparition. Nombre de ces organismes font partie intégrante de l’écosystème forestier et, dans des conditions normales, leur existence n’a pas d’impact négatif significatif. Les forêts peuvent supporter une certaine masse permanente de nuisibles potentiels.
Des événements exceptionnels comme des tempêtes et des ouragans, des périodes de sécheresse de longue durée ou une grave pollution de l’air, peuvent spécialement affaiblir les arbres et les rendre plus vulnérables aux attaques de ces organismes.

Organismes ravageurs et symptômes de dommages (liste non exhaustive)

  • attaques de scolytes
  • attaques d’autres insectes (p.ex. Nonne, une espèce de papillon nocturne)
  • maladies des aiguilles spécifiques à certaines essences, maladies des feuilles, et dépérissement des pousses dû aux Ascomycètes ou aux Pucciniales (Basidiomycètes)
  • graphiose de l’orme (causée par l’Ascomycète Ophiostoma ulmi)
  • chancre spécifique à certaines essences causé par des bactéries, des Ascomycètes ou des Pucciniales (Basidiomycètes)
  • pourriture du tronc causée par des champignons lignivores, etc.


« Dégâts » : chance ou danger pour la biodiversité ?
Ce qui constitue un « dégât » est une question de point de vue. Sur le plan économique, les organismes ravageurs et les maladies portent atteinte à la valeur du bois, mais l’appréciation peut être très différente sur le plan écologique. Les dégâts peuvent aussi mettre en péril la fonction protectrice de la forêt. La promotion de la biodiversité nécessite de considérer la question sous un autre angle. Par exemple, la mort des arbres peut entraîner la création souhaitable de davantage de bois mort, mais par la même occasion les espèces dépendantes de ces arbres (p.ex. champignons, mousses, lichens) perdent leur habitat.


Nouvelles menaces des espèces exotiques
En raison de l’intensité des échanges commerciaux internationaux, des organismes exotiques parviennent régulièrement en Europe depuis d’autres continents, en « passagers clandestins ». S’ils n’ont souvent que peu ou pas d’impact délétère dans leur milieu d’origine, grâce au contrôle opéré par la présence de prédateurs et parasites naturels, ces mécanismes n’existent pas dans leur nouvelle patrie et ces organismes introduits peuvent alors se reproduire sans contrainte, causant des dégâts massifs ou menaçant les communautés d’espèces locales. Les organismes provenant d’autres continents et qui se propagent rapidement et à large échelle, avec des conséquences délétères, sont ce qu’on appelle des espèces exotiques envahissantes (néobiontes).

Exemples :

  • chancre de l’écorce du châtaigner (causé par le champignon Cryphonectria parasitica)
  • dépérissement des pousses du frêne (causé par le champignon Hymenoscyphus fraxineus ; mort subite du chêne (Phytophthora ramorum))
  • Cynips du châtaigner (Dryocosmus kuriphilus)
  • Capricorne asiatique (Anoplophora glabripennis)
  • Ailante (Ailanthus altissima),
  • Sumac (Rhus typhina)
  • Renouée du Japon (Reynoutria japonica)
  • Chèvrefeuille de Henry (Lonicera henryi)
  • Buddléia de David (Buddleja davidii)
  • Ronce d’Arménie (Rubus armeniacus)
  • Solidages du Canada (Solidago canadensis, Solidago serotina)

Sur la gestion des organismes ravageurs particulièrement dangereux, l’OFEV met à disposition l’« Aide à l’exécution Protection des forêts » et de nombreux documents contenant des informations et des aides pour la pratique.

Ce qu’on ignore encore

Dans un certain nombre de domaines, des lacunes subsistent dans les connaissances. En voici une liste non exhaustive :

  • Nos connaissances sur la répartition et les exigences écologiques des espèces(-cibles), et sur la diversité biologique dans les forêts suisses sont loin d’être complètes.
  • Nous en savons peu sur les drains et les fossés de drainage en forêt. Il s’agirait toutefois d’une base précieuse pour la promotion des forêts humides.
  • L’influence de l’utilisation du bois-énergie sur la biodiversité forestière doit être analysée, et son évolution surveillée.
  • Potentiel invasif du Sapin de Douglas
  • Remarque : le groupe de travail Biodiversité en forêt de la Société forestière suisse a produit une liste des questions de recherche en lien avec le plan d’action « Forêt claire ».


Auteures

Text Markus Bichsel Atragene
Review Kurt Bollmann Biodiversité et écologie de la conservation, WSL
Ueli Bühler
Josephine Cueni
Lesly Helbling Pro Natura
Rolf Stricker Garde-forestier, communes de Bauma et Wila, canton de Zurich